Tout se passe à Vienne. A près de 40 ans, Erika Kohut vit encore avec et sous l’emprise étroite de sa mère. Dès sa plus tendre enfance, celle-ci l’a élevée dans un seul but, celui de faire d’elle une grande pianiste. Dans sa vie il n’y a que la musique, le seul espace qu’elle lui a concédé, c’est l’étude du piano. Dans un rapport carrément phagocytaire, elle ne lui a jamais permis la moindre vie d’adolescente, le moindre rapport avec l’autre sexe, le moindre goût vestimentaire, et elle continue même, bien qu’il y ait une pièce de libre dans l’appartement, à obliger Erika à partager sa chambre et son lit, le lit où elle a été conçue au cours d’un seul et unique rapport, le lit où elle est née. Afin que personne ne vienne troubler cette intimité jalouse, elle s’est même débarrassée de son mari en l’enfermant dans un asile psychiatrique jusqu’à sa mort. Un jour cependant, ….
…. au cours d’une exhibition importante pour la suite de sa carrière, Erika fait fiasco. Cet échec la contraint à renoncer à tous ses rêves et à se contenter d’un poste de professeur au conservatoire. Donc, entre la musique et sa mère, rien ne change dans sa vie. Incapable de se libérer du joug maternel, tyrannique et même méchante, entre amour exacerbé et litiges violents Erika cherche, en cachette, à satisfaire ses instincts sexuels frustrés dans le voyeurisme et la fréquentation des peep-show, et décharge son agressivité à travers l’automutilation qui seuls réussissent à lui procurer un certain plaisir. Jusqu’au jour où Walter Klemmer, l’un de ses « jeunes » élèves (l’âge a une très grande importance dans ce livre), tombe amoureux d’elle, mais où, aux désirs normaux que celui-ci manifeste, elle ne sait répondre que par une lettre dans laquelle elle déclare que leur relation ne pourra avoir lieu qu’à travers des règles sadomasochistes dévastantes qu’elle décrit avec précision, règles indispensables à son plaisir. Blessé dans son orgueil mais surtout dans l’idée qu'Erika a osé se faire de lui, Klemmer ne comprend pas que cette requête répugnante cache un besoin d’amour désespéré et il……
Je m’arrête là.
Personne ne m’a conseillé ce livre, personne ne m’en a parlé. La critique étant positive mais sombre, si j’ai tenu à le lire, c’est avant tout parce qu’il s’agissait du roman le plus important d'Elfriede Jelinek, prix Nobel de littérature 2004. J'aime toujours me faire une idée sur ce qui a pu décider le jury d'Oslo dans l’attribution de ce prix.
Je l’ai donc abordé avec suspicion. Puis, malgré ses lenteurs et un manque d'intérêt réel pour la trame, j’ai continué à le lire à cause de son style car il est vraiment très bien écrit. Bien qu’il soit dense, sans dialogues et avec peu de retours à la ligne, j’ai vraiment été prise par cette lente, très lente, description du cheminement psychologique de deux esprits malades par opposition au cheminement, détaillé lui aussi, d’un esprit sain. J’y ai retrouvé avec plaisir les redondances de raisonnements communes à tous les êtres humains, qui m’ont rappelé La Jalousie d’Alain Robbe-Grillet. Sans oublier qu'on est continuellement plongé dans la musique classique.
Pour le reste…. que puis-je en dire ? Certains ont écrit qu’il s’agit d’un très beau roman. Plus que « beau », pour moi il s'agit plutôt d'un « grand » roman, techniquement parlant. D’autres disent qu’il s’agit d’une dénonciation des hypocrisies et des fausses certitudes de la bourgeoisie viennoise. Là, je me demande bien sur quoi on base cette affirmation. Je sais qu’on en a fait un film. Est-il fidèle au livre, l’a-t-il trahi ? Les critiques sont partagées. En ce qui me concerne, cependant, le livre ne me donne aucune envie d’aller le voir. Et je tiens même à ajouter que s’il ne s’agissait pas de l’oeuvre d’un Prix Nobel, il est fort probable que je ne l’aurais jamais acheté. Le 4ème de couverture aurait suffi à détourner mon choix ailleurs.
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