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Jour de la mémoire : « Nuremberg », Yves Simoneau (2003)

Je suis bien loin d’avoir les connaissances historiques nécessaires pour parler de ce fameux procès. Tout ce que je saurais en dire c’est que, malgré ses nombreux défauts sur le plan juridique, malgré les doutes qui ont été émis sur son équité, c’est, dans l’absolu, le premier procès qui a établi le concept de crimes contre l’humanité, où une partie des coupables d'un horrible génocide a été jugée et condamnée par un Tribunal international. J’avais le très vague souvenir d’un film en noir et blanc vu il y a de nombreuses années, et, avant que celui-ci ne commence, j’étais persuadée que c’était ce film-là que j’allais revoir. En ces jours de la mémoire, un dépoussiérage de la mienne était plus que nécessaire. Quelle n’a donc pas été ma surprise quand j’ai vu apparaître Alec Balwin ! Je me suis demandée quel besoin on pouvait bien avoir de faire un nouveau film alors que des documents filmés en direct existent déjà.

 

Bien que, d'après ce que j'ai pu lire ici et là, la partie historique de ce film reflète la réalité, faut-il que je dise tout de suite que, en le regardant, je n’ai pas arrêté de bougonner (heureusement j’étais seule !) et que je l’ai trouvé vraiment mauvais ? Pourquoi ? Je vais essayer de dresser une liste :
1) Tout d’abord parce que dans son déroulement rien ne donne la notion de sa durée, du 20 novembre 1945 à la sentence, le 1er octobre 1946. Même si on place deux versions parallèles d'un « Douce Nuit » à l'eau de rose au sein la nuit de Noël 1945, le cadre extérieur reste le même. A la fin, on est toujours au  milieu des mêmes ruines, où on fait courir un groupe de garçonnets bien nourris autour d’un mère qui a l’air de faire un barbecue.
2)
Où sont passés les 350 témoignages, les 200.000 déclarations jurées, les 100.000 documents et les autres documents filmés ? Suffit-il d’un ou de deux témoignages expédiés à la va-vite et de quelques maigres chemises avec deux ou trois feuilles de papier pour rendre l'idée de l'ampleur et de l'horreur de l'ensemble criminel qu'on est en train de juger ? Les lenteurs ont parfois leur utilité.
3) Et que dire des états d’âme de notre pauvre juge Jackson/Baldwin que sa douce secrétaire, la femme réceptacle de toutes les défaillances, remet sur le droit chemin ? C’est d’un pathétique tellement mauvais qu’on changerait de chaîne ! Ou encore de la figure caricaturale du capitaine, psychologue et juif, au physique rendu si ingrat, à la stature si inférieure à celle de ses concitoyens américains et à l’insécurité si manifeste qu'on se demande s'il ne s'agit pas, purement et simplement, d'une provocation de mauvais goût ? Ou encore de l’angélique soldat américain aux joues bien roses qui, petit à petit, tombe béatement sous le charme de Goering ?
4) Que dire également de la discordance
des dialogues, où on retrouve le ton, les tournures, les mots, les raisonnements, les préoccupations du monde d’aujourd’hui ! Je ne sais pas exactement quelle était la façon de parler en 1945, - n'y a-t-il pas assez de films pour nous le dire ? -, mais ce que je sais, c’est que même quand j’étais encore adolescente, la façon de s’exprimer n’était certainement pas celle d’aujourd’hui.
5) Et ne parlons pas des connaissances, particularités, concepts et notions impossibles à l’époque mais qu’on a enfilés sans scrupules dans le film : comme le psychologue avec ses méthodes années 90,  l'unique journal du film qu'on fait tout à coup tomber du ciel pour que sa première page (!?) nous prédise la création de l’Etat d’Israël ; ou encore, le fait que, le procès à peine terminé, nos Américains émettent déjà des doutes sur son utilité, etc...

 

Il n'est pourtant pas difficile d'imaginer la lourdeur de l'atmosphère qui devait régner sur ce procès, et pourtant le seul moment d'angoisse, le seul sentiment d'horreur, on l'éprouve en regardant la projection d'un documentaire en noir et blanc sur les abominations des camps de concentration.

 

 

Ici, l'histoire est trop récente, ici il ne s'agit pas encore d'un « vieux » fait historique qu'on peut enjoliver comme bon vous semble. Ici, tous les personnages ont déjà le visage et la voix réels que nous ont transmis les films de cette période de guerre, qui remplisssent les cinémathèques et qu'on nous ressort bien souvent. Si les déclarations de nobles principes et d'intégrité peuvent ne pas choquer dans la bouche des personnages de l'époque, leur «actualisation» devient terriblement indigeste, voire choquante, et sonne complètement faux dans la bouche d’acteurs contemporains, de ceux de l’Amérique démasquée, au Vietnam, dans ses nombreux coups d'état en sous-main, en Afghanistan, en Iraq et à Guantanamo. Comment est-t-il possible qu'Yves Simoneau ne l'ait pas compris ?

 

Bref, si vous voulez en savoir plus sur le Procès de Nuremberg, courez à la bibliothèque la plus proche, consultez, empruntez ou louez des documents de l’époque, lisez des livres sur la question à condition qu'ils fassent preuve de rigueur, allez en discuter avec un éminent professeur, consultez sur Internet tous les sites qui parlent de la Shoah, partez à la recherche des témoins encore en vie...  Mais surtout, n’allez pas voir ce film !!!!

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Vendredi 27 Janvier 2006, 09:36 dans la rubrique "J'ai vu".

Commentaires et Mises à jour :

malmedy
07-04-07 à 18:11

qu'est-ce que ce truc?

Dates du procès ; 20 novembre 1945 au 10 octobre 1946

Le procès de Nuremberg devait servir ( complète utopie ) à ce que les guerres injustes , les génocides , la torture , enfin , la folie humaine , ne se reproduisent jamais ! .....

Précisions en faisant court

Rappel :Pour les Nazis , c'est OK , tout est prouvé .COUPABLES pour tout ce que l'on sait à ce jour .

pour les alliées , les anges bleus , c'est loin d'être clair ,

Le bombardement de Hambourg , celui de Dresde , les bombardements "dit" de représailles , les deux bombes atomiques .La connaissance parfaite de certains camps de concentration ( laissés pour plus tard ) , mais ces mêmes alliées qu'ont-ils fait quand ils ont vu l'horreur , terrifiés , à ce que l'on nous a montré depuis 2000 , j'en doute , excepté pour les soldats alliées qui eux n'avaient , pour la plupart , entendus que des bribes .

Oui , il fallait juger ces hommes , étant donné que je suis contre la peine de mort ( faire le jeu des nazis , pas pour moi ) ils devaient rester en prison jusqu'à la fin de leur jour .Je pense , qu'avec le temps , certains auraient écrit des mémoires .Quoique , mémoires...A ce que j'ai lu de Speer , ça sonne faux .Enfin si cela vous interesse , le livre de Speer s'intitule , " au coeur du troisième Reich " .Avec des recherches personnelles et des témoignages d'anciens déportés de DORA , ( cherchez dans la toile ) , j'affirme que cette ordure de Speer a torpillé Sauckel pour sauver sa tête à Nuremberg . L'intellectuel opportuniste Speer et le fusible Sauckel ...( ceux qui connaissent le sujet auront de suite compris) .

Au sujet du film/TV , je suis sur la même longueur d'ondes avec vous .Le film est moue et manque cruellement de ( je vous cite  : les 350 témoignages, les 200.000 déclarations jurées, les 100.000 documents )Certes , tout n'est pas possible à dire dans ce film sans qu'il devienne un soap, mais le plus important devait y être énoncé : Les six organisations criminelles : le NSDAP (parti nazi), les SS, SD, la Gestapo, les SA et le haut commandement de l'armée allemande. Pire , un fil rouge , cette secrétaire trop belle pour être vrai , vous avez raison , pathétique .

Pour la mission du procès , c'est un échec total ( logique) , je prend un exemple parmi des milliers , le Rwanda , un génocide d'une moyenne de 1 000 000 de morts à coups de machettes et crosses de fusils , couteaux , fil de fer ... Les démocraties n'ont rien fait , laissé pour plus tard .Encore des larmes de crocodile et ils ont osé (encore , et oui !) engager des poursuites contre les criminels avec l'aide de l'ONU, c'est vraiment se moquer du monde !! DEJA TESTE AU RWANDA L'INDIFERENCE CA MARCHE AUSSI AU DARFOUR ...

Je termine sur une anecdote pourris . Mon Grand-Oncle , décédé , m'a raconté ( et raconté etc. ) qu'il se trouvait au procès , lui qui avait été commando de France , débarqué le 6/6/44 à ouistréham rivabella (Normandie) compagnon de la libération .Chauffeur à Nuremberg pour nos " dignitaires " .Il se trouvait dans le tribunal le jour de la diffusion d'un film sur l'horreur nazi , deux heures environ de projection .Le plus important , comme il disait , ce n'est pas ce que j'ai ressenti , c'est lorsque trois MPs ( police militaire américaine ) se sont dit " si seulement on avait de tel camps au pays pour nos nègres " . No comment

J'ai commencé par "qu'est-ce que ce truc?" , Oui , le procès de Nuremberg est une machine pour nous donner bonne conscience , voilà le truc .

 

: ce procès est engagé PAR les américains AVEC la collaboration des russes et des britanniques .La France y joue un rôle " pot de fleur ".( trop d'autres nations n'y sont même pas représentés ).Pour juger , surtout au nom des droits de l'homme , il est nécessaire d'avoir "un peu " les mains propres .1 ) La Russie , avec ce dégénéré de Staline aux commandes , qui au moment du procès fait exécuter les anciens prisonniers russes ( pris par les allemands ) , fait faire des meurtres de masse en Ukraine , poursuit les juifs à l'est car " dangereux pour le prolétaire " et cerise sur le tas de fumier , les goulags qui se remplissent comme jamais .2) Les USA qui parquent les afro américains dans des ghettos , les bus «  coupés » en deux , blancs et noirs . Magasins , coiffeurs , salons , pubs etc.… Interdit aux Noirs .Université , Fac , et j’en passe , toujours interdit aux noirs .En 1946 , oui , c’était comme cela !Alors comment des gens , pour certains d’accord avec leur système fasciste , ont-il osé juger des personnes comme eux ?Ou qu'ils n'avaient rien à leur envier .

 
ImpasseSud
08-04-07 à 10:00

Re: qu'est-ce que ce truc?

Merci pour ce commentaire/cri du coeur... Heureusement que votre explication dément un titre qu'il aurait mieux fallu élucider toute de sute.

En ce qui concerne votre allusion aux génocides du Rwanda et du Darfour, je partage votre profonde indignation. Je crois hélas que l'homme ne progresse pas, seul le progrès de la technologie nous en donne l'illusion. Mais tout comme vous, s'il y a une chose qui me fait sortir de mes gonds, c'est le moralisme de façade.