Si vous avez l’âme sensible, passez votre chemin, car moi, j’ai failli vomir parce que je sortais de table. Mais j’ai choisi de ne pas changer de chaîne, il est inadmissible qu’on puisse faire semblant de ne pas savoir. Une fois de plus, il s’agit de l’Afrique où 25.000 personnes meurent de faim chaque jour, du pillage effronté et criminel de notre civilisation « évoluée », et de toutes les catastrophes qui en découlent. Et là je sens que certains vont passer leur chemin. Mais tant pis, je continue, même si je ne suis pas sûre de réussir à traduire en mots toute l'horreur de ce que j'ai vu.
Dans ce documentaire, "C'era una volta", tourné par la troisième chaîne publique italienne, RAI 3, j’ai vu, comme d’habitude, la faim sur les enfants squelettiques ou au ventre gonflé, les yeux couverts de mouches, en pleurs ou hébétés, les femmes aux seins plats et pendants que suce en vain une petite bouche lasse, la file de ceux qui ont dépassé depuis longtemps la sensation de faim et qui attendent, inertes et sans plus aucun sentiment, ou préfèrent se coucher sur le sol. J’ai vu les colonnes des femmes avec des enfants en bas âge qui marchent pendant des jours pour rejoindre un hôpital où on ne les soignera pas, car quand finalement elles y arrivent, on manque de lits, de structures, de personnel, de médicaments, et même souvent de murs et de toits, de tout…. Jusqu’ici, rien que du déjà vu, me dira-t-on. Mais ce n’est pas fini.
Ce que j’ai entendu pour la première fois, même si j’en savais déjà quelque chose, c’est le récit en direct des enfants-guerriers de la Sierra Leone, de ceux que l’on kidnappe en bas âge, que l’on dresse, en les droguant à la cocaïne, à tuer ou mutiler avec une cruauté inimaginable tous ceux qui croisent leur chemin. Les deux gosses qui parlaient racontaient comment ils coupaient les membres des prisonniers en jouant « à la pêche », avec des petits papiers cachés dans un sac où l'un d'eux avait écrit "bras" (manche longue ou manche courte), "pied", "jambe", "nez", "oreilles", etc… Ils pendaient leurs prisonniers par les pieds (hommes, femmes, et même les bébés), ils les égorgeaient et avaient l’ordre de rester en dessous des cadavres pour boire le sang qui coulait. J’ai entendu parler celui que l’on surnomme le « Caporal-Highway », qui à son âge (12 ans ?) décidait de qui pouvait ou non passer sur l’autoroute. Entre deux horreurs, ces enfants retournent aux jeux de leur âge, autour d’un ballon, leur kalachnikov en bandoulière.
J’ai vu l’anéantissement d’un pays comme l’Angola, non pas à cause de dizaines d’années d’une guerre civile terminée depuis peu, mais par les suites. Les hôpitaux créés pas Médecins sans Frontières ou autres, désormais en ruines, faute de médicaments et de place, ne s’occupent plus que de ceux qui vont mourir pour les remplacer dès que possible par d’autres dès que les premiers vont un peu mieux. Il y a un nombre démesuré de familles d’orphelins (dont le plus vieux n’a pas 10 ans) qui errent d’un endroit à l’autre, suivant les rumeurs qui courent, dès que se répand la nouvelle qu’une ONG a reçu des vivres. Dans ces files interminables d'enfants, personne ne se bouscule, personne ne se bat, personne ne chahute, les enfants attendent en silence, spontanément, assis par terre, leur gamelle devant eux. Le soir, parmi les plus chanceux, parmi les petits groupes de frères et soeurs, certains "fêtent" parfois l’excellente journée durant laquelle ils ont reçu une assiette de mil à se partager, avec des rires authentiques et en jouant au « jeu des désirs » autour d’un feu de brindilles, protégés par un pan de mur : « moi, je voudrais manger tous les jours, du riz et du poisson »; et, pour les plus vieux qui se souviennent encore d’avoir eu des parents : « moi, je voudrais que mon père revienne, qu’on ait encore une maison ». Mais pour eux demain sera pareil si ce n’est pire car ceux qui gouvernent ce pays, ce ne sont pas les élus ou le gouvernement, mais une toute petite poignée de gens immensément riches en rapport avec les multinationales du pétrole et autres ressources naturelles. Comment peut-on prétendre que les membres du gouvernement fasse quelque chose et ne soient pas corrompus quand leur salaire est de 500 dollars par mois… salaire qu’ils ne touchent (tout comme les fonctionnaires qui en recoivent bien moins) que si un riche prête de l’argent à l’Etat (et va savoir à quel taux), ses caisses étant vides? A côté de ce néant, des aires de luxe derrière des enceintes bien gardées. Gare aux journalistes qui posent des questions ! Et pourtant leur seul but est de récupérer ce qui est la propriété du peuple angolais.
Je n’ai pas pu voir, parce que bien cachés, les multiples grands brûlés du Nigeria où les pipe-lines en mauvais état explosent continuellement, car les multinationales du pétrole, Shell et Agip, les tiennent loin des journalistes. A vrai dire, j’en ai quand même vu deux, un sous un toit de palmes que des parents ventilaient avec des morceaux de carton pour essayer de diminuer ses souffrances, et un autre dans une petite clinique. Les corps de l’un et de l’autre, « grâce » aux brûlures, avaient la peau rose des « blancs » sur un corps presque informe ! J’ai vu aussi les mares de pétrole qui polluent la nature et qui, à la moindre étincelle, s’enflamment en causant la mort de tous ceux qui sont là en train d’essayer d’en recueillir quelques bidons pour gagner quelque chose. Ces incendies ne tuent pas seulement les gens mais détruisent une grande partie des forêts. L’Agip soigne « ses » brûlés, mais sous la bonne garde de médecins/infirmiers locaux tonton macoutes, et verse un petit pécule à la famille. A part ça, que ce soit Shell au Nigéria ou Elf au Congo, etc., ce sont ces grosses sociétés qui « font et défont » les élections qu’en Europe on nous présente comme des élections libres et démocratiques.
Filmé ici et là, j’ai presque senti la puanteur des camions d’ordures poursuivis pas des hordes de gosses (ceux qui peuvent encore courir) et ensuite se délectaient, oui… se délectaient avec les denrées avariées, à moitié putréfiées et nauséabondes qu’ils venaient de trouver. J’ai eu un haut le cœur face au "plat du jour" de quelques jeunes, dont le rêve est de s'installer un petit négoce dans une baraque, qui cuisinaient dans ce qu’il restait d’une casserole en aluminium quelques oeufs dont le jaune avait déjà quelques plumes et un cou qui pendait, mais conservaient pour plus tard une volaille décharnée récupérée je ne sais où, avec des signes manifestes de décomposition. Eux, cette horrible odeur dont parlait le journaliste, ils affirmaient ne pas la sentir, penchés sur leur feu au milieu d’un terrain vague entre ruines et mauvaises herbes.
Au Mozambique, une économie était en train de renaître. Mais il faut croire que la Banque mondiale s’en est aperçu car elle est venue prétendre le remboursement de la dette du pays, obligeant le gouvernement à « tout » privatiser, l’eau, l’électricité, la santé, l’enseignement. Le pays est bien approvisionné mais que faire avec un salaire moyen équivalent à 25 dollars par mois quand tout à coup la note d’électricité (pour un frigo, deux ou trois lampes et une télé) arrive à 10 dollars, celle de l’eau, du loyer, des impôts tout autant, que l’uniforme obligatoire à l'école coûte 5 dollars, et les médicaments pour une simple bronchite 15 dollars à la pharmacie ou qu'ils sont payants même à l’hôpital public ?
Sur des marchés défoncés, entre flaques boueuses et saleté, des femmes, abritées sous une toile, essayaient de vendre quelques fruits et légumes. Avant la requête de la Banque mondiale, cela leur permettait de faire vivre leurs familles, mais l’Etat, toujours afin de rembourser la dette, a instauré une taxe que chaque vendeur doit payer, même s'il ne vend rien, à des officiers qui les harcèlent, réduisant ainsi à néant leur moyen de subsistance.
La liste est sans fin, mais je m'arrêterai là. La Sierra-Leone aux rivières de diamants, le Congo aux ressources innombrables, le Soudan dont le sous-sol est riche en pétrole, etc…. Partout où on a "instauré" la guerre civile afin de faire place rase pour se servir, plus de 80 % de la population vit dans la plus grande pauvreté ! Quand il ne s’agissait pas des femmes en perpétuel exode avec leurs maigres baluchons, dans les villes, je n’ai vu que des bidonvilles, un océan de bidonvilles, de saleté, d’ordures, d'hommes et de femmes JEUNES, mais blessés, mutilés, malades, couchés, sans espoir, j’ai vu LA DOULEUR (celle des femmes surtout à cause de leurs enfants) qui lutte pour survivre.
Mot-clef : Afrique
Commentaires et Mises à jour :
Re:
tro de blabla
mai les pays riches se moken de ce ki peu arriver a lafrik tan k ils peuven en profiter
la seule maniere de changer les choses c l action
mai personne n'a envie de bouger, de risker sa vie pour rien
y a ke l interet ki compte
il fodrai un moyen de contrainte , avoir assez de pouvoir pour forcer les pays riches a venir en aides aux pays d afrique ou au moins a cesser de les exploiter
mai il n existe aucun moyen alor profitez bien de vos situations dan les pays riches parce ke rien n es eternel , un jour la chance tournera ...
Re: tro de blabla
Dikal, si tu considères que mon article c'est du blabla, alors pourquoi l'as-tu lu ? N'ai-je pas annonçé la couleur dès le début? Fais-tu partie de ceux qui préfèrent que les gens se taisent? Ou penses-tu qu'on parle par snobisme? Si je m'en moquais, crois-tu que j'aurais regardé ce documentaire? Crois-tu que j'aurais éprouvé le besoin d'en faire un article? Si tu vas dans mes archives, tu te rendras compte que ce n'est pas le premier.
> .... alors profitez bien de vos situations....
Pourquoi écris-tu "Profitez", vu que toi aussi tu es sur Internet? N'en profites-tu pas toi aussi? Et ne prends-tu pas le temps, toi aussi, de lire et d'y écrire "ton blabla"? Et toi-même, que fais-tu pour changer les choses? Crois-tu vraiment qu'une contrainte (c'est-à-dire une nouvelle guerre) améliorerait les choses? Et qui, toujours selon toi, a des chances de gagner un conflit contre les USA ou l'ensemble de la sphère occidentale et de ses multinationales ?
Je ne sais pas où tu habites ni quel âge tu as, mais ton discours est un peu léger, tu ne crois pas?
La seule manière de changer les choses, ce n'est pas l'action, c'est tout simplement que l'on laisse l'Afrique aux Africains. Mais le drame, c'est que ça ne se produira pas de si tôt, et que la chance est bien loin d'être sur le point de tourner. Et crois-moi, je suis vraiment désolée par cet état de fait, et dans mon petit coin, j'essaie de faire ce que je peux. Ce n'est certainement pas grand chose, mais c'est toujours mieux qu'une critique stérile.
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Personnellement, j'ai du mal à me regarder dans une glasse.
Re: ........
"Les fautifs, c'est nous"
Oui et non. Il est plus juste de dire que nous appartenons à la sphère des fautifs. Désormais, nous sommes si nombreux à dénoncer ces infamies, à vouloir que ça cesse, à désirer que notre monde change. Chacun de nous peut aider ou donner sa petite contribution à une amélioration minime ici où là, mais si la mentalité des "grands"(?) et des "gros" ne change pas.....
Je suis extrêmement touché par ton article
c'est horrible de savoir qu'on se plaint quand on a une mauvaise note et de se rendre compte que des gens vont si mal, je le savais bien sur, pas complètement naïve, mais ton texte est percutant et je suppose que le documentaire aussi
et la seul chose qui me répugne vraiment c'est de savoir qu'il y a des hommes assez déshumanisés pour garder cette argent pour eux alors qu'ils voient tombé chaque jour des cadavres...
ryne