Ce matin, j’ai reçu mon petit bouquet, modeste comme je les aime, du mimosa à peine cueilli. Il venait du cœur, pas de la société de consommation. Ensuite, en fouillant dans mes liens, j’ai découvert ce billet*, écrit en italien, et j’ai eu envie de le traduire pour ceux qui croient encore à ces grands mots : rêve, idéal, liberté, amour, gratuité. Un bel ensemble dont le prix est inestimable. Mais est-il encore à la mode aujourd’hui ?
Serais-tu capable de tout lâcher pour un rêve ?
Non, moi je n’y crois plus.
Dans le temps, j’y croyais, si,
dans le temps on jetait deux trucs dans un sac et via
on the road
un rêve de liberté
ou bien on faisait une fugue
nus comme des vers
pour vivre un rêve d’amour
pauvres mais heureux
peu importe.
Dans le temps on rêvait de l’Idéal
et pour lui on allait combattre
et mourir.
Il y avait toujours un rêve à réaliser
dans le temps
et nous nous le réalisions
quel qu’il soit
coûte que coûte
même si ce rêve
devenu réalité
s’écroulait misérablement
sur nos épaules alourdies
par d’autres rêves écroulés
d’autres idéaux brisés.
Cette année, la Saint-Valentin
moi je ne la souhaiterai à personne
je n’y crois plus, c’est tout.
Il ne me semble pas qu’il y ait autour de moi
des gens capables de tout laisser
pour un rêve
quel qu’il soit
l’amour a toujours son rôle
dans la recherche de la liberté
comme dans la poursuite
d’un idéal.
Je ne vois plus personne prêt à combattre
pour un rêve
à réaliser
mais seulement des comptables
de l’âme
qui additionnent multiplient
soustraient
avec une rationalité impitoyable
tous les pour et les contre
et à la fin
tirent la conclusion
que ça n’en vaut pas la peine.
Pour nous, ça en valait la peine
même si nous avons fini à terre
brisés
les ailes dans la boue.
Nous gens incapables
de faire les comptes des gens de peu
nous affrontons encore la vie
avec la rage
de nos vingt ans
Et si la vie nous viole
nous, moqueurs, nous en rions
et si la mort nous suit
à l’improviste nous nous retournons
pour lui cracher dessus
viens me prendre si tu en es capable.
Nous gens de toutes les races
mais d’une seule race
celle qui ne fait pas les comptes
de la vie
mais celle des passionnés
par la vie
nous les kamikaze
du peu importe
de toute façon pire que ça
au diable tout le reste
moi demain je vous laisse
et je disparais
pour aller vivre
mon dernier rêve
dont je ne parlerai pas.
Nous gens inutiles
irrationnels
laissons la rébellion
hurler dans nos veines
et nous la suivons partout
jusqu’en enfer.
Serais-tu capable de tout lâcher pour un rêve ?
Toi non, jeune seigneur
élève des Grâces.
Moi si.
Et alors, ne dis pas
que la vieille c’est moi.
* "Lasceresti tutto per un sogno?" signé Mariemarion
Mot-clef : Société