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L’argent

Il est fort probable que l’époque dans laquelle nous vivons restera dans les livres d’histoire de la civilisation comme celle d’un tournant décisif, tout comme celle qui vit la révolution industrielle à la fin du XVIII siècle. A cette époque les machines commencèrent en quelque sorte à « aider » l’homme, mais certains comprirent très vite qu’elles finiraient par le remplacer. Mais il fallait encore des cerveaux pour les concevoir et une main d’oeuvre abondante pour les faire fonctionner. Aujourd’hui, c'est le tour de la révolution informatique. Elle a déjà réduit de façon drastique le besoin de main d’oeuvre, ne privilégiant plus que les meilleurs exécutants et les cerveaux. Tout le monde se demande donc qu’elle sera l’étape suivante et combien de temps il faudra pour qu’on en arrive à l’élimination des exécutants et à la substitution de la majeure partie des cerveaux par des robots pour les premiers et par des ordinateurs pour les seconds. A vrai dire, la bataille est déjà en cours et même bien engagée. Elle fait déjà rage au niveau des meilleurs cerveaux, non pas ceux des intellectuels qui sont déjà irrémédiablement classés comme non rentables, ni même ceux qui ont des tendances humanitaires ou qui sont portés à la recherche parce qu’ils sont coûteux et pas immédiatement rentables, mais au niveau de ceux que l’on définit comme « performants », qui « produisent » de la richesse et redressent les finances, qui endossent avec enthousiasme l’uniforme du sourire consentant et de l’efficience dirigée,  et qui jouent des coudes à tous les niveaux, avec acharnement, afin de faire partie de ceux qui resteront. Certains diront qu’il ne faut pas se leurrer, qu’il en a toujours été ainsi, que la richesse, donc l’argent, a toujours été un moteur efficace. Et pourtant aujourd’hui, il y a une énorme différence avec le passé, et, à mon avis, elle est dramatique parce qu’elle touche la classe montante.

 

Récemment, sur un carnet que je ne citerai pas afin de n’indisposer personne et d’être plus libre de m’exprimer, j’ai participé à une conversation très intéressante et très bien menée à propos du bien-fondé des sélections à l’entrée dans les l'université. La gamme des intervenants : de 20 à 30 ans, étudiants, ex étudiants, et un jeune ingénieur chômeur à la recherche d’une place depuis plus d’un an bien qu’il ait déjà une expérience professionnelle. Et bien le thème récurant, qui ne manquait dans aucune des interventions, était l’argent : l’argent qu’un étudiant coûte à l’Etat, l’erreur de la gratuité de l’enseignement alors que l’Etat ne devrait dépenser de l’argent que pour les meilleurs, qu’une sélection faite après le bac éviterait à l’Etat de commencer à dépenser de l’argent de façon inutile, qu’un étudiant non motivé fait perdre de l’argent, etc… On y parlait de salaires, de calculs des risques, d’assurances. On n’avait plus affaire à des jeunes gens, enthousiastes, désireux de se construire une vie telle qu’ils la désirent et suivant leurs goûts (je dois vraiment être trop idéaliste), mais à de véritables réviseurs des comptes qui soutenaient que l’Etat n’a pas à « financer » les études de quelqu’un qui n’est pas immédiatement rentable, comme s'ils étaient déjà conscients qu’il est nécessaire d’entrer dans le moule pour être sûrs de faire partie de l’élite qui survivra à la débâcle des cerveaux. Le chômeur lui-même insistait dans ce sens, n’ayant pas encore compris que si on ne le prend pas, que si on ne répond pas à ses lettres, ce n’est pas parce qu’il n’est pas compétent, mais simplement parce qu’il fait sans doute déjà parti de ceux que ce fameux système de sélections des meilleurs cerveaux, toujours plus « sélectif », a commencé à rejeter.

 

Des étudiants qui se préoccupent du budget de l’Etat ! Ça, c'est une nouveauté, et ça m'a terriblement choquée. Un tel formatage des cerveaux me semble tout à fait l'équivalent des lavages de cerveaux des pays totalitaires où les gens finissent par comprendre et même par défendre leurs bourreaux. Un petit syndrome de Stockholm en quelque sorte. Depuis la nuit des temps, les étudiants se sont toujours contentés de compter le peu d’argent dont ils disposaient, qu’ils avaient dans leurs poches, et sérieux ou pas sérieux, ils se construisaient une vie réelle ou imaginaire basée exclusivement sur leurs goûts et leurs désirs. Ils ne leur serait jamais venu à l'idée de mettre en place ou de défendre un système pour évincer les autres, afin de réserver à un petit nombre d’ « élites » les meilleurs professeurs, la technologie la meilleure, plus de place dans les amphis. En l’occurrence, si le système ne leur permettait plus de refaire le monde, ils faisaient même la révolution.  

 

Si je suis d’accord sur le fait qu’il est normal que l’université rejette les étudiants qui n’y obtiennent aucun résultat (mais ne l’a-t-elle pas toujours fait ?), je trouve absolument malhonnête qu’un Etat (qui n’est pas une entreprise) prône l’élitisme de certaines facultés et impose une sélection préalable, afin d'adhérer à un système qui, au lieu de fournir du travail à tout le monde, crée du chômage. C'est une fausse réponse à un véritable problème. Problème qu’il n’essaie même pas de définir ou de résoudre vu qu’il encourage quand même, - et ceci afin de retarder de quelques années leur arrivée sur le marché du travail, et par conséquent de tricher avec les chiffres du chômage -, que les moins motivés, ceux qui auraient préféré aller travailler immédiatement après leur bac, aillent s’entasser dans des amphis trop petits pour acquérir une formation supérieure (un Bac + x), qui devrait leur apporter monts et merveilles. La société pourra ensuite prétendre des chercheurs d’emploi, à travers une nouvelle sélection parmi ceux qui en affichent le plus sur leur CV, une meilleure insertion dans le moule. A ce niveau-là, c'est uniquement de cela qu'il s'agit, la requête des connaissances n’ayant plus rien à voir ni aucune commune mesure avec la compétence nécessaire à l’emploi pour lequel on postule. Seule une mentalité perverse a pu imaginer un système aussi sadique et tortueux. Il ne peut en sortir que des laissés-pour-compte et des frustrés.

 

Dans la société d’aujourd’hui qui couve ses rejetons plus longtemps qu’avant, à 18 ans on est encore un adolescent, même si les connaissances que l'on possède sont supérieures à celle de la génération précédente, même si les libertés dont on dispose sont plus étendeues. A 18 ans, on ne sait pas forcément ce qu’on veut faire dans la vie ; à 18 ans, tous les jeunes n’ont pas le même degré de maturité ; à 18 ans, comment peut-on déceler les capacités qui feront un bon médecin? A 18 ans, les véritables qualités couvent encore sous la cendre. Il est donc bien présomptueux de vouloir orienter ou sélectionner quelqu'un sans possibilité de retour. Le devoir de l’Etat n’est-il pas, au contraire et avant tout, de fournir les meilleures opportunités à la classe montante ? Le Ministère de l’éducation nationale doit-il être au service de la société de consommation ?

 

Moi-même, je suis l’exemple typique de ceux qui ont eu du mal à avoir leur bac, mais ça ne m’a pas empêché, un peu plus tard que les autres, de faire des études supérieures dans un délai normal et de sortir première de ma promotion. Une sélection sur dossier ou un concours d’entrée m’aurait sans aucun doute écartée. C’est ainsi que j’ai eu la chance de pouvoir faire mon parcours à mon rythme, selon mes capacités, jouant ensuite sans rancœur mon rôle dans la société. J’ai pensé pendant longtemps que je devais être un peu plus lente que les autres, mais tout à coup, en lisant les raisonnements de ces jeunes, persuadés de la justesse de l’élimination de leurs semblables, je pense tout à coup le contraire. Sans en être conscients, ce sont eux qui manquent de maturité, ils sont incapables d’avoir une pensée autonome, de voir la société dans laquelle ils vivent telle qu’elle est. Un système qui écarte aujourd'hui, écartera demain. Et on commence déjà à en voir les effets dans les soi-disant "restructurations" d'entreprises.

 

La rentabilité d’un bon système d’enseignement ne se mesure par en argent, mais sur les résultats qu’il donne à long terme, à l'épanouissement de la société qui en sort. Personnellement, je pense que le système actuel qui ne tient plus compte des multiples facettes de l’homme est en train de faire fausse route. Il finira par se détruire lui-même. Et c’est alors que les intellectuels, les penseurs, les humanistes reprendront le dessus, laissant libre cours au cerveau et remettant l’ordinateur et les robots à leur place, c’est-à-dire au service de l’homme.  

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Jeudi 4 Mars 2004, 16:31 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires et Mises à jour :

Incognito
15-11-04 à 03:40

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Incognito
03-12-04 à 06:20

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