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L'influence d'une prof.

Botticelli, La naissance de VénusEn faisant le tour habituel des carnets que j'ai plaisir à lire, j'ai découvert la "miniature" du 12 mai. Va savoir pourquoi on appelle cela "miniature". Bien que la forme de la requête ne me plaise pas, (trop scolaire et son auteur n'a pas jugé nécessaire d'y participer), cela a cependant fait remonter un souvenir dans mon esprit, celui d'une de mes professeurs de 4ème. Oh! Elle ne m'a donné aucun conseil, mais je me demande parfois si elle n'a pas eu, de par ses simples compétences, un fort impact sur ma vie. Il se peut également qu'il ne s'agisse que d'une affinité de goûts dont je n'étais pas encore consciente. A 14 ans, même si les défauts et les qualités sont déjà bien dessinés, on ne sait pas encore qui on est. Et pourtant, instinctivement, on écoute plus volontiers certaines personnes que d'autres. Je crois très fort au déterminisme de l'ADN. Le problème, c'est qu'on ne se trouve pas toujours où on devrait et qu'on ne rencontre pas toujours les personnes qu'il faudrait.

 

En 4ème et dans le pensionnat de bonnes soeurs où je me trouvais, la deuxième langue vivante c'était l'italien. J'avais donc fait connaissance avec Soeur J.M., professeur d'italien et d'histoire de l'art. Cette jeune religieuse, mince, le visage très pâle, presque diaphane, se cachait derrière de sévères lunettes d'écaille sombre qui devaient l'empêcher de sourire. En plus elle dirigeait la chorale de la chapelle où la solennité des choeurs des jours de fête n'avait pas encore déteint vers la mièvrerie des chants religieux actuels, y glissant à l'occasion et bien volontiers quelques oeuvres baroques italiennes.

 

Si les cours d'italien en étaient seulement à leurs premiers pas et que la beauté de cette langue ne m'était pas encore évidente, offusquée par les règles de grammaire et la difficulté de l'accent tonique, ceux d'histoire de l'art sont encore inscrits dans ma mémoire. Grâce à la passion de cette prof, ils m'étaient entrés dans la peau, sans que j'en sois consciente, par l'intermédiaire d'un petit cahier où j'avais collé des reproductions des oeuvres de Giotto et de Fra Angelico, mais aussi des vierges de Filippo Lippi, des perspectives de Raphaël, des visages sévères de Piero della Francesca, des corps élancés de Botticelli, des tableaux moins connus de Léonard de Vinci (la Cène n'avait pas encore été restaurée), mais aussi des tribunes des chanteurs (Cantorie) de Donatello et des terres cuites bleutées de Luca della Robbia. Sans oublier Le Titien, Michel-Ange et tant d'autres. A la fin de la 3ème j'avais quitté ce pensionnat et cette enseignante pour entrer au lycée. Mon petit cahier, sans doute délaissé dans un coin, avait disparu, mais j'avais continué à apprendre l'italien.

 

Quelques années plus tard, - je devais avoir 20 ans - , j'eus l'occasion de faire un voyage en Italie, à Florence plus exactement. Ce fut le coup de foudre. Le peu d'histoire de l'art que j'avais appris en 4ème refit surface. Dans le Dôme, au Couvent Saint-Marc, au Musée des Offices, j'étais capable de reconnaître une oeuvre, un style. Je n'en croyais pas mes yeux, j'étais comme chez moi. Ce voyage fut le premier d'une longue série d'autres voyages à travers la Péninsule, jusqu'à ce que je finisse par aller y habiter. Mais cela, c'est une autre histoire.

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Samedi 22 Mai 2004, 16:21 dans la rubrique "Bribes perso".

Commentaires et Mises à jour :

Feerange
22-05-04 à 17:11

Bonjourno Impassesud,

Je suis ravie! Je tombe enfin ici, et je lis un magnifique texte.

J'étudie l'italien, et c'est mes origines, j'y suis allée pas mal de fois, autant en coup de vent qu'en visite pendant des semaines, et j'aime, j'aime j'aime.

Mais dans nos cours on ne se soucit plus de nous apprendre la culture italien, on nous gave de vocabulaire sur les Marsiens et autres et de grammaire, bien sûr!!

Alors c'est bien dommâge, parce qu'a l'heure actuelle, je serais enchantée d'avoir autant de connaissances que toi sur ce beau pays...


 
ImpasseSud
22-05-04 à 18:11

Re:

Buongiorno Feerange, benvenuta! :-) Sois tranquille, tu as tout ton temps, l'histoire que j'ai raconté s'étale sur plusieurs années. La première fois que je suis allée à Florence, j'avais du mal à comprendre l'italien (tu te seras rendu compte que les gens parlent vite et qu'ils utilisent encore des dialectes différents dans chaque région). Et ne parlons pas des pauvres phrases que j'avais du mal à sortir.:-)) Ce n'est qu'ensuite que j'ai appris à le parler et à l'écrire correctement, en vivant en Italie.

Du côté civilisation, je suis d'accord avec toi. Je ne comprends pas pourquoi on n'entre pas immédiatement dans le vif du sujet. C'est justement ce qu'a fait ma prof avec l'histoire de l'art, nous transmettant tout d'abord sa passion pour ce pays et ses oeuvres d'art. Mais il faut que la passion existe, et, hélas, je ne crois pas que tous les enseignants en soient pourvus.

 
Incognito
24-05-08 à 10:43

Lien croisé

L'art en mai : "Si on veut diffuser le goût de la culture, il faut commencer par l’éduquer. Par rapport à l’art, j’ai eu deux chances extraordinaires, celle d’avoir un père qui s’y intéressait, et ensuite, celle de tomber, en 4ème, sur une prof de l’histoire de l’art hors pair. Du côté des parents, on ne choisit pas, mais du côté des profs, tout le monde devrait avoir les mêmes chances. "