L’ONU, qui, apparemment, n’a pas de tâche plus urgente, a décidé de normaliser les noms des lieux de la planète : pays, villes, rivières et montagnes. « Bombay » sera définitivement condamné et remplacé par « Mumbai » et « Pékin » redeviendra « Beijing », comme avant l’ère coloniale. Pourquoi pas après tout! Il paraît même que David Munro, directeur de
En faveur de cette décision, il y a quelques arguments valables : abolition des confusions postales, surtout dans le cas d’expéditions d’aides humanitaires. Mais aussi majeure précision dans les bombardements : il paraît que durant la première guerre du Golfe, des bombes auraient été lâchées au mauvais endroit. Et durant la seconde ? Sans oublier la lutte contre le terrorisme....
Ces arguments sont bien étranges, et pour ma part, je trouve ce projet, non seulement ridicule, mais absolument impossible. Comment empêcher un pays de convertir son propre nom ou le nom de ses villes pour des raisons politiques. L’URSS n’a-t-elle pas changé les noms d’un très grand nombre de lieux? Sa chute n’a-t-elle pas donné lieu d’une part à une reprise des noms anciens, mais aussi à la création d'une nouvelle toponymie suite à l'indépendance des nouveaux états? Et
Nous vivons une époque de retour aux droits des minorités, des ethnies, des régions, où chacune essaie de se réapproprier de ses propres origines, de sa propre langue. Combien de villages désormais avec un double nom et une double pancarte à l'entrée ? Chaque guerre modifie le tracé des frontières, chaque changement politique est suivi d’un changement linguistique.
Je possède un vieil atlas, édité après la seconde guerre mondiale. Aujourd’hui, seules l’Europe occidentale et l’Amérique sont plus ou moins identiques. Mais ailleurs, que de bouleversements politiques, que de noms qui n’existent plus ! Alors, où se trouve « la norme » ?
Au lieu de chercher à "normaliser", on ferait bien mieux de remettre à l’honneur la géographie physique dans les écoles. Désormais notre planète est un village et personne n’a plus le droit de jouer les ignorants. Alors si les employés de l’ONU ont des problèmes, que cette noble institution mette sur pied des cours de géographie avec recyclage annuel obligatoire. Pour le reste, qu’elle s’occupe finalement de ce pourquoi elle a été créée, c’est-à-dire de sauvegarder la paix et la sécurité internationale.
(Sources The Guardian)
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Re: Et la prononciation !
Effectivement, il y a eu la francisation des noms, mais de nombreux pays, au nom de la récupération d’un orgueil national ou d’une hégémonie passagère ou antique ont fait ou font la même chose. L’Italie de Mussolini, par exemple, a imposé une italianisation féroce et obligatoire (sous peine de devenir suspect), de Parigi à Londra, d’Aquisgrana à Nuova York, à Monaco (= München), à Ragusa (= Dubrovnik), etc… N’en sont ressortis indemnes que les noms à consonance latine ou se terminant par une voyelle autre que le e muet. L’imposition,, en son temps a été tellement forte que les personnes âgées (et parfois même des plus jeunes), aujourd’hui encore, soixante ans après la chute du fascisme, éprouve encore des difficultés à prononcer les mots (quels qu’ils soient) dont la dernière syllabe termine par une consonne ou un e muet : elles les transforment systématiquement, soit en y ajoutant une voyelle sonore, soit en éliminant la dernière consonne. Mais les jeunes d'aujourd'hui qui pour la plupart sont anglophiles prononcent "stédge" le mot français "stage" et "Tcharls" le "Charles" de Beaudelaire.
Cette norme, si elle voit le jour, ne touchera de toute façon que la sphère écrite occidentale ou philo-occidentale de la planète, ....jusqu'à ce que certains pays, pour des raisons politiques, la refusent. Mais dans le langage parlé ?
L’ONU, de toute façon, est incapable d’imposer quoi que ce soit, et cette idée, à la limite du stupide, est une énième preuve de sa dispersion rhétorique et inefficiente, mais aussi de la mentalité de fonctionnaire-gratte-papier de son personnel.
Et la prononciation !