Si elle a finalement abandonné la plupart des pays francophones, la canicule est finalement arrivée chez moi. A vrai dire, ce n’est pas vraiment la canicule mais il fait chaud. Aujourd’hui, il fait 32° et un vent sans fraîcheur, épais, vous enveloppe de toute part. Qu’on le supporte ou qu’on ne le supporte pas, il n’en reste pas moins que cette température n’a rien d’inhabituel. Bien sûr, durant l’été elle montera encore un peu et rejoindra probablement son pic au moment du « sol-leone », comme on l'appelle ici, c’est-à-dire dans le signe du lion, jusqu’aux premiers orages à partir de mi-août. Donc, rien de surprenant, et moi, je fais encore partie de ceux, - de plus en plus rares -, qui pensent qu’il est normal qu’il fasse chaud en été et que même si du côté climatique il semble effectivement qu'il y ait un léger réchauffement terrestre, il faisait déjà chaud et parfois même très chaud il y a trente, quarante ans et même bien avant d’après ce que j’ai entendu raconter, vu qu’à l’époque les relevés systématiques étaient plutôt sporadiques. Je n’ai pas toujours habité Entre mer et maquis, mais dans des régions bien plus nordiques, et j’ai des souvenirs bien précis d’étés enflammés. J’entends encore ma grand-mère me raconter combien il faisait chaud et lourd l’année où, un 12 juin, elle accoucha, à Lille, d’un de mes oncles. J'ai donc été très heureuse de lire, sur
« Il fait chaud, c’est vrai. Mais il ne devait certainement pas faire moins chaud durant les années 60, au temps de la télévision en noir et blanc. Même alors, il arrivait qu’on crève de chaud en été, et on y perdait la raison bien plus facilement que durant les autre saisons. Et pourtant personne ne pensait qu’on se trouvait au beau milieu d’un état d’urgence « épocal », peut-être bien parce que la télévision n'en parlait pas avec autant d’emphase. On acceptait l’inexorabilité de la nature sans avoir honte de sa propre sueur. Et on affrontait la souffrance avec une série de mesures banales que la télévision relance aujourd’hui comme s’il s’agissait des révélations d’un Prix Nobel, interpellant des troupes d’ « experts » qui vous conseillent avec un air savant de donner la préférence aux fruits frais de saison plutôt qu’à un repas lourd ou « fast », et de vous vêtir légèrement au lieu de, - on n’y aurait pensé tout seul -, de sauter sur une escorte de fourrures.
A l’époque, personne n’avait l’air conditionné, donc personne ne pensait que ceux qui ne l’avaient pas étaient des ratés ou des malchanceux. La chaleur de l’époque était quelque chose de désagréable mais il fallait faire avec, ce n’était pas un échec social. La chaleur d’aujourd’hui est comme la crise économique, elle oblige ceux qui en souffrent à vivre (consommer) au-dessus de leurs moyens pour conserver le niveau idéal de bien-être auquel chacun a ancré le respect de soi-même ».
Je ne sais pas vous, mais moi je refuse le lavage de cerveau des médias et de la télé en particulier à propos du beau ou du mauvais temps, du froid ou du chaud, où, sans le moindre scrupule, on met tout dans le même sac : chaleur, pollution, sens civique et personnes âgées. C'est parfaitement écoeurant. Et en plus cela a le don, à la longue, de vous faire vivre dans un perpétuel état d’angoisse sous le doigt accusateur d’un jugement universel, comme si, nous simples citoyens, nous pouvions changer quelque chose au temps qu’il fait. Quand on habite une région, il suffit bien souvent de se fier au calendrier, de lever le nez et de regarder la nature (même le peu qu'il en reste en ville), pour savoir ce qui nous attend pour la journée et même au-delà. C’est une question de bon sens et d’esprit d’observation, et comme dans tout, il arrive qu’il y ait quelques excès dans un sens ou dans l’autre. Mais il semble qu’on l’ait oublié, comme quand on se laisse prescrire sans mot dire une liste interminable d’analyses, d’examens ou de médicaments en tous genres par un médecin qui ne prend même pas la peine de vous examiner ou de vous écouter, qui n’a plus la moindre idée de ce qu’est un examen clinique, finissant par vous faire penser au pire alors qu’il ne s’agit peut-être que d’un petit accroc à la normale.
Les questions doivent être affrontées pour ce qu'elles renferment et selon leur importance. Et il est bien malhonnête de décharger toutes les négligences de notre société sur le dos de quelques jours de chaleur. Si on veut nous parler de la pollution, du sens civique, de la solitude des personnes âgées ou même de l’arrogance dont l’homme pêche face à la nature, qu’on le fasse lors d’un autre chapitre, mais sérieusement. Qu'on s'en souvienne donc la prochaine fois qu'on nous dira que le temps, chaud ou pluvieux, est "anormal" pour la saison. Ne serait-il pas grand temps que chacun d'entre nous, dans la mesure du possible, reprenne sa vie en main ?
Mots-clefs : Médias, Société, Planète Terre
Commentaires et Mises à jour :
Re: Reprise
Moi, j'irai nager dans l'eau tiède de la Méditerranée, si le mistral nous débarrasse de certains petits nuages qui nous cachent le ciel bleu. Très bon week-end à toi aussi :-).
Re: Re: Reprise
Donc il reste une question, bête et crue, que tu ne poses pas : la température monte, qu'est-ce qu'on fait ? On attend, en se disant que tout ça c'est juste de la culpabilité mal placée ? ? ?
Re: Re: Re: Reprise
Non, je ne la pose pas car mon billet n'a pas pour but de traiter du réchauffement climatique.
Tout ce que je peux te dire, c'est qu'ici, au sud de l'Italie, je ne vois aucune différence notoire depuis que j'y habite. Il y a des journées ou parfois des semaines de grosse chaleur entre mi-juillet et fin août, des journées de chaleur infernale mais à cause d'un incendie tout proche, et puis un bon nombre de journées à 30/33 ° mais bien ventilées. Et je suppose qu'il en était de même il y a cinquante ou cent ans.
On savait vivre avec la chaleur. Les habitations étaient construites en conséquence (plafond à 4,86m dans mon premier appartement et murs épais), les corridors des hopitaux, par exemple, étaient construits de façon à faire circuler l'air, etc... Maintenant les plafonds sont déjà déscendus à 3 m., les murs sont minces et automatiquement il fait déjà moins frais dans les pièces. N'en est-il pas de même au Portugal ?
Ce que je dénonce avec véhémence, c'est le lavage de cerveau des médias télévisés qui ne cessent de nous bassiner (c'est le cas de le dire) avec la canicule (tout cela parce qu'ils ont manqué le coche en 2003 et puis ça remplit bien). Cela commence fin mai et pas un JT n'y échappe. Moi, j'ai des souvenirs très nets de mois d'été torrides quand j'étais jeune, et même à 2000 m dans les Alpes. Et l'année dernière, au cours du mois de juillet que j'ai passé en grande partie à Paris, le thermomètre n'a pas dépassé 23 °.... Alors, d'après les médias, l'été était pourri...!
Ce martelage n'a que deux seuls effets :
- le premier, c'est que les gens finissent par se sentir mal avant l'heure par auto-suggestion, à cause du stress qu'il finit par causer et qui monte en eux, malgré eux, face à un avenir ou, EN PLUS, il va falloir crever de chaud!
- le second, comme le disait La Stampa, c'est que ça pousse les gens à faire des dépenses dont ils n'ont pas forcément les moyens, mais surtout dont ils n'ont pas besoin (appareils à air conditionné, par ex.) oubliant qu'ils ont toujours su vivre avec la chaleur, - et là on arrive au domaine qui t'intéresse (nous intéresse tous) -, à consommer plus d'électricitè que nécessaire, augmentant la pollution.
Mais l'important n'est-il pas que les gens CONSOMMENT?
Si je suis d'accord avec toi sur le fait qu'il ne faut pas attendre que tout soit calciné pour se préoccuper de l'état de notre planète, je crois qu'un retour au bons sens ne fait de mal à personne. En été, la chaleur est normale. La canicule ne fait pas partie du contenu du vase de Pandore et c'est ce que j'ai voulu dire dans mon billet.
Reprise