Les Indiens d’Amérique, ces hommes que les Espagnols ont trouvé en y débarquant après la découverte de Christophe Colomb, sont-ils nos semblables, libres et égaux, ou des êtres inférieurs qu'il faut soumettre et convertir ? Voilà la question que la chrétienté se pose en 1550 et autour de laquelle vont débattre, dans le couvent de Valladolid en Espagne, un légat envoyé par le pape afin d'en décider une fois pour toute, le fameux philosophe Ginès de Sepulveda qui défend la seconde hypothèse et désire ardemment que son livre « Democrates alter, sive de justis belli causis » (Des justes causes de la guerre) déjà publié en Italie, puisse l'être en Espagne, et Bartholomé de Las Casas, dominicain et évêque avec une longue expérience du Nouveau Monde qui affirme que les Indiens sont nos semblables à tous les effets et qu’on n'a pas le droit de les traiter en esclaves. Controverse d'autant plus importante qu'on était en plein schisme luthérien, et que l’Espagne venait juste de chasser les musulmans de son territoire. Ayant beaucoup aimé le film Mission, ce que j'imaginais comme un approfondissement de la question promettait d’être passionnant, et encore plus par les temps qui courent. Mais ...
…. pour moi, ce soi-disant roman a été une réelle déception malgré les bases historiques sur lesquelles il dit s’appuyer et la préface où Jean-Claude Carrière en personne précise que la véritable controverse ne s’est pas déroulée comme il la raconte, mais probablement sans rencontre au sommet et sur plusieurs années.
Le présent narrateur qui dérange dès la première page et les explications continuelles à propos des états d'âme des protagonistes en font, non pas un roman, mais un simple scénario par trop scolaire, voire puéril (faut-il que j'avoue qu'il m'est revenu à l'esprit le style de "La bible racontée aux enfants" de la Comtesse de Ségur qu'on m'avait offert quand j'étais petite ?), parfois franchement exaspérant, même si, il faut le reconnaître, on ne met jamais trop en évidence la mauvaise foi et les syllogismes les plus fallacieux auxquels n'hésitent pas à avoir recours certaines autorités à priori honnêtes et sincères pour défendre un principe abject et en convaincre un large public.
Car en matière de dialectique douteuse rien ne change : le Prix Nobel de Médecine James Watson ne vient-il pas d'affirmer que les noirs sont moins intelligents que les blancs ? Le pape ne vient-il pas de béatifier 498 religieux catholiques assassinés durant la Guerre civile espagnole ? Notre James Watson avec son bel ADN aurait-il eu les mêmes chances s'il était né dans une famille analphabète et dans un pays sous le joug du colonialisme ? Est-il vraiment honnête d'ériger en martyrs de la foi des religieux assassinés, tout comme ceux de la Révolution française, en tant que personnification de l'oppression par un peuple en révolte ?
Autre chose : je ne sais pas pourquoi, mais je ne peux pas m'empêcher de me demander si le fait que ce récit ait été écrit, mis en scène et même en téléfilm en 1992 est l'objet du hasard, ou si, dans l'esprit de l'auteur, il n'a pas été suscité par la chute du Mur de Berlin, dernier sursaut d'espoir et d'humanité de notre époque ?
Que ceux qui désirent en savoir plus sur cette question historique aillent chercher des informations ailleurs !
Mots-clefs : Livres, Europe, Amérique latine, Guerres, Religions, Société
Commentaires et Mises à jour :
La controverse
On a craqué avec Robin et en fait, on a rien étudié du tout :-)))
Je vais te raconter une petite mésaventure pas grave du tout mais qui va te conforter dans ton idée.
Je vais commander le bouquin chez mon libraire préféré, mon libraire est cultivé, de bon conseil, érudit, beau garçon (je m'égare.....)
Je lui demande donc le roman de Carrière et voilà qu'il commence à se mettre en colère en me disant qu'il commence à en avoir assez que l'on appelle ce scénario de téléfilm, un roman ou un essai.
Pour ne pas faire figure d'idiote, je lui ai donc demandé de me commander ce scénario de téléfilm.
En fait, je viens de re-feuilleter le bouquin, c'est bien un scénario.
Eh bien, grâce à James Watson, on vient de découvrir le gène de la connerie!