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La foire d'empoigne sur l'Evesrest

Ici, je réédite un article que j’ai moi-même écrit et publié le 24 mai 2003 sur The Sun of the Web.

 

A cinquante ans de la conquête du plus haut sommet du monde par l’équipe Hilary-Tensing (le 29 mai 1953), l’Himalaya est littéralement envahi par tous ceux qui sont à la recherche d’un record…  Le camp de base de la montagne la plus haute du monde est passé du symbole épique humain au tourisme de masse, avec l’inévitable corollaire de dévastations médiatiques et environnementales. En l’espace d’un matin y est arrivé le grimpeur le plus vieux (un Japonais de 70 ans), le plus rapide (le sherpa Pemba Dorje a réussi à faire la montée fait en 12 h 45 mn), la première femme italienne (la championne olympique Manuela di Centa), la plus jeune (une jeune fille de 15 ans), etc… Dans l’intervalle, est passé un cordée chinoise, encadrée durant six heures de file par la télévision d’état, peut-être pour distraire son publique de la SRAS ; Patrick Berhault y est arrivé vendredi matin, etc…  A la fin du mois, on prévoit l’arrivée des finalistes d’un Loft Story américain : ils monteront en directe télévisée, en essayant de ne pas tomber dans les crevasses durant les spots. Et des dizaines de cordées attendent leur tour au camp de base. 


«La compétition se déplace, les gageures se multiplient, constate Paul Yonnet: être le premier par telle voie, au printemps, en hiver, sans oxygène, seul, l'aller et le retour en un temps record, la première femme, le premier Français, le premier Polonais, le premier Japonais, la première femme de telle nationalité sans oxygène, l'ascension de tous les 8 000 de l'Himalaya, les combinaisons sont infinies, les prétextes pour se jeter sur les pentes du risque s'inventent au fur et à mesure que se découvre une demande en mal de justification.» ( «
le Jeu avec la mort », l'Express)


L’Everest n’est-il pas le lieu idéal pour observer ce que nous sommes devenus ? Quel que soit le rêve poursuivi par chacun des escaladeurs, l’embouteillage sur l’Everest révèle une capacité formidable de reproduire même dans les situations les plus extrêmes la commercialisation des émotions qui a déjà enlevé les bulles à tant d’autres gestes de notre vie. 

 

Personnellement, et bien que j’aime beaucoup la montagne, je suis dégoûtée par cette débauche du « plus » pour la gloire, par cette orgie de la première… bien loin, je pense, de l’esprit qui habitait les premiers conquérants, partagés entre un défit envers eux-mêmes et la beauté gratuite de l’exploit.

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Ecrit par ImpasseSud, le Samedi 24 Mai 2003, 17:00 dans la rubrique "Actualité".