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La joie de l’eau courante

Ce ne sont ni les médias télévisés ni la presse écrite qui nous donneront des détails sur la vie quotidienne à Bagdad aujourd’hui. Pour en savoir quelque chose, j’ai pris l’habitude d’aller régulièrement jeter un coup d’œil sur le blog d’une jeune fille de 24 ans qui y habite, Baghdad Burning. Là-bas, les gens se mesurent journellement avec l’absence d’eau, d’électricité, et de la moindre sécurité, même dans les mosquées. Voici un extrait de ce journal qui décrit on ne peut mieux la bataille journalière de l’eau.

 

Samedi 6 septembre 2003-09-16

Mauvaise journée, trois fois mauvaise.

…………………………

« Pas d’eau courante aujourd’hui, toute la journée. C’est horrible. D’habitude il y a au moins quelques heures d’eau courante, mais aujourd’hui pas une goutte. E. est sorti et a demandé si par hasard un tuyau était cassé. Les voisins n’en ont pas la moindre idée. Chacun s’énerve au-delà du raisonnable.

 

Laissez-moi vous donner un conseil : il ne faut jamais croire que l’eau est garantie. Chaque fois que vous vous lavez les mains avec une eau froide, propre et limpide, dites une prière de remerciement à la déité que vous révérez, quelle qu’elle soit. Chaque fois que vous buvez une eau fraîche et sans odeur, faites la même prière. Ne jeter jamais l’eau propre qu’il reste dans votre verre, arrosez une plante, donnez-la à votre chat, jetez-la dans votre jardin… n’importe où. Ne jamais croire que l’eau est garantie.

 

Heureusement, hier j’ai rempli toutes les bouteilles d’eau. Nous avons des douzaines de bouteilles pour l’eau, en verre et en plastique. Chaque fois qu’il y a le moindre signe d’eau courante, nous mettons quelque chose sous le robinet pour attraper les précieuses gouttes. Nous remplissons des bouteilles, des pots, les thermos, les seaux, tout ce qui peut contenir de l’eau. Il y a des jours meilleurs que d’autres.

 

Le problème est le suivant : quand il n’y a pas d’électricité, le système municipal du pompage de l’eau ne fonctionne pas, la pression de l’eau est si basse que l’eau n’arrive pas au robinet. Quand il y a de l’électricité, chacun met en marche ses propres pompes personnelles pour remplir les réservoirs d’eau qui se trouvent sur le toit, et la pression de l’eau diminue à nouveau.

 

Le lavage des vêtements est une épreuve. Les lave-linge sont vieux, inutilisables. Les meilleurs machines à laver sont ces petites machines « National ». Elles ressemblent à une petite poubelle à ordures. Vous la remplissez avec de l’eau et de la lessive et vous jetez les vêtements dedans. Les vêtements tournent et s’agitent pendant 10 minutes environ (il faut qu’il y ait du courant). Nous les retirons, les rinçons dans de l’eau propre et nous essorons l’excédant d’eau. L’excédant d’eau retourne dans la machine. Le lavage terminé, on utilise l’eau savonneuse pour laver les passages carrelés.

 

Laver la vaisselle est un autre problème. Nous essayons de limiter l’usage des plats au strict nécessaire. La majeure partie de l’eau que nous stockons dans des seaux et des cuvettes sert pour se laver. Nous nous lavons à la vieille manière, dans un cuvette pleine d’eau, avec une louche, un gant, du savon et du shampoing. Le problème naît à cause de la chaleur, chacun veut se laver au moins deux fois par jour. Le meilleur moment pour se laver est juste avant d’aller au lit parce durant les quelques minutes divines qui suivent, vous vous sentez assez frais pour essayer de dormir. J’ai oublié les délices de la douche…

 

Avant la guerre, beaucoup de monde creusait un puits dans son jardin. Ces puits ne ressemblent pas aux vôtres, circulaires avec un mur de pierre avec un seau qui pend au milieu. Ce  sont simplement de petits  trous dans le sol, sans prétentions, où on installe des pompes mécaniques. Ils fournissent une quantité d’eau plus ou moins décente. Si on veut l’utiliser comme eau de boisson il faut la faire bouillir ou la javelliser. »

……………………….

(Traduction de l'anglais ImpasseSud)

 

 

Imaginez, après avoir vécu une vie confortable à l’occidental, de devoir supporter (en plus de tous les  problèmes évoqués plus haut) le manque d’eau depuis des mois, et ne pas savoir quand ça finira, par une température de 50 ° degrés pendant une bonne partie de l’année.

Je crois qu’il faut l’avoir vécu pou comprendre. Personnellement, je possède une petite expérience de ce genre. C’est insupportable, obsédant, ça déclanche même des crises de larmes. L’eau qui n’arrive plus quand vous êtes plein de savon, pas une goutte d’eau quand vous rentrez chez vous, quand vous vous sentez sale ou que vous l’êtes vraiment, les lave-linge ou lave-vaisselle que vous ne pouvez mettre en marche que sous surveillance sous peine de brûler le moteur, et surtout pas la nuit, parce les coupures y sont régulières, les chauffe-eau à risque, l’absence de pression ou même d’eau si votre installation d’eau n’est pas alimentée par de grands réservoirs avec des pompes. Il faut, comme ci-dessus, vivre avec des bidons d’eau et penser à les remplir quand on les vide, et, pour boire ou pour cuisiner, il faut acheter de l’eau minérale, car l’eau qui arrive au robinet a parfois une couleur douteuse ou même celle de la couleur de la boue, sans compter les tuyaux qui finissent par se boucher, etc…

Et moi, je n’ai pas vécu ça dans un pays en guerre où tout le reste ne marche pas, mais en Italie, sans préavis et ni même une explication, sans savoir quand l'eau reviendra. Et dans mon cas il y avait des soupiraux de normalité.

 

Alors, essayez donc d’imaginer votre vie sans eau courante….. L'eau courante, c'est une joie!

 

(photo)

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Mardi 16 Septembre 2003, 15:17 dans la rubrique "Actualité".