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La voie de la célébrité
--> Lu sur La Stampa

"Quel est le comble de la malchance pour les adolescents d’aujourd’hui ? C’est d’être plus ou moins comme Christopher Paolini, un jeune gars qui a grandi dans l’environnement écologique du Montana, où les gens se réveillent à l’aube et commencent déjà à bailler à midi. Il s’habille avec les vêtements qui se présentent, il se promène dans les bois au lieu d’aller au centre commercial, il ne mange pas de chips et ne boit pas de coca-cola. Il n’a jamais été à l’école mais c’est l’école qui est arrivée à lui, surtout sous l’aspect de sa mère, une personne fixée sur les méthodes Montessori. Le jeune handicapé lit de nombreux livres, regarde seulement des films d’auteurs, écoute de la musique classique et serait incapable de faire la différence entre Britney Spears et la fille du laitier, dont, probablement, il est secrètement amoureux.

 

Aujourd’hui, pour un grand nombre d’adolescents, quel est le but  le plus gratifiant à atteindre? C’est d’être vu, d’être connu et reconnu. S’ils changent de portables et s’ils parlent avec les présentateurs de MTV, c’est pour sortir de l’anonymat. Ils demandent à la société de consommation des instruments « exclusifs » pour échapper à la masse, mais comme ils veulent tous la même chose, de l’autre côté ils se retrouvent de nouveau dans la masse.

 

Christopher le malchanceux n’a jamais songé à devenir célèbre. Aussi, il a satisfait le choix le moins à la mode possible. Il a écrit un roman d’aventure pleins de dragons, de bois et de malchanceux de son genre. Le résultat, c’est qu’il a étendu Harry Potter dans le classement des ventes et qu’aujourd’hui le « New York Time » vient l’interviewer."

Signé Massimo Gramellini, traduction de l'italien ImpasseSud)

 

Des Christopher, vous en connaissez beaucoup, vous ?

Si cet article m’a plu, c’est parce que ce n’est pas souvent qu’on parle de jeunes à qui la vie réussit de façon aussi spectaculaire sans scandales, promiscuité ou piston. Ensuite tout le monde n’est pas capable d’écrire un livre.

Cette histoire m’a fait penser à deux films : « L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux » ou encore « La Maison du Lac » où deux adolescents découvrent une autre façon de vivre.
Si les adolescents sont comme cela aujourd’hui, n’est-ce pas plutôt parce qu’ils n’ont plus jamais autour d’eux aucune sorte de « Montana », ne serait-ce que pour pouvoir faire la différence? 

 

Mot-clef : , USA,

Ecrit par ImpasseSud, le Mercredi 8 Octobre 2003, 16:11 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires et Mises à jour :

Lucanus
09-10-03 à 23:08

C'est l'école (en tant que lieu de rassemblement régulier et obligatoire) qui est responsable de ce nivellement par la déliquescence de la personnalité liée au phénomène de groupe. Les médias achèvent le travail par la bêtise qu'ils distillent. Pour échapper à cet abrutissement en règle, il faudrait faire grandir les enfants sur une île déserte ou à la marge de la société (précepteur ou méthode différenciée). Seul un enfant intelligemment encadré et dont la personnalité s'affirme tôt peut espérer y parvenir, pour les autres, c'est fortement retardé voire totalement compromis !


 
ImpasseSud
10-10-03 à 08:24

Re:

Je suis bien contente qu’un professeur reconnaisse que l’école actuelle propose malheureusement un nivellement par le bas. Et quand le bas n’est pas assez bas on crée des ZEP, de façon à ce que les jeunes issus de milieux défavorisés se retrouvent ensemble et n’ait que très peu de chances de s’échapper vers le haut. Mon commentaire est un peu cynique, mais je me demande combien d’intelligences a étouffé un tel système et combien sont les frustrés qu’il a forgé. Sans parler des enseignants qui, coincés entre la démagogie de l’éducation nationale et l’intrusion inappropriée des familles, bien souvent, ne savent plus ce qu’ils doivent ou peuvent faire.


Récemment, j’ai lu une déclaration du philosophe Guy Coq qui accusait « l’égalitarisme » à l’école : «  On s’est trop préoccupé de sauvegarder les conditions d’égalité…. Et le résultat a été que d’une part l’école ne s’est pas démocratisée et que, de l’autre, elle y a perdu sa culture ». Je pense que c’est malheureusement vrai, et après cela il ne faut pas être surpris de la prolifération des écoles privées, qui plus ou moins conscientes de cet appauvrissement, essayent de protéger leurs élèves de la masse. Mais la plupart du temps elles protègent plutôt une classe sociale et son pouvoir.

Par contre je ne suis pas d’accord avec toi pour l’île déserte. Si Christopher y a plus ou moins été élevé, c’est parce qu’il était handicapé. Les enfants ont besoin de grandir avec d’autres enfants. Mais comme tu le dis, l’intelligence a beaucoup plus de chances de porter à l’épanouissement si elle se trouve dans un milieu où il existe une certaine discipline et un encadrement pédagogique éclairé.


 
iza
10-10-03 à 14:08

Re: Re:

C'est pas toujours si simple, tout n'est pas tout noir ou tout blanc, en tout cas pas toujours ... "[...] l’école actuelle propose malheureusement un nivellement par le bas. Et quand le bas n’est pas assez bas on crée des ZEP, de façon à ce que les jeunes issus de milieux défavorisés se retrouvent ensemble et n’ait que très peu de chances de s’échapper vers le haut. [...] "
j'entends/je lis ca a longueur de journee, mais c'est pas forcement vrai !! j'ai eu la chance (si !) d'aller dans un college classe en ZEP et j'ai vu/vecu le nivellement PAR LE HAUT - c'est vrai que c'etait une equipe de profs tres tres motives (ils acceptaient de prendre sur leur temps personnel pour pouvoir amenager l'emploi du temps autrement - les classes etaient explosees pour pouvoir regrouper les eleves par niveaux et par rapidite, pour les maths, le francais et l'anglais), et que la region avait debloque pas mal de fonds pour "sauver" le college (on etait les seuls de toute la region a avoir des ordinateurs - pour le public !), mais je l'ai vu en 4 ans passer du college ou on se battait a coups de marteau a un college tres ouvert sur l'exterieur (comme quoi, ceux qui viennent de "l'exterieur" ne viennent pas forcement pour des reglements de comptes ... nous, ils venaient pour partager, pour assister a des films, a des minis concerts, ou a des lectures ...), ou on etait heureux d'aller, et j'ai vu des copains qui savaient meme pas lire devenir des passionnes et des cracks en math et en francais. J'ai vu l'assistante sociale et les profs se battre pour que certains puissent avoir de quoi s'acheter les livres pour entrer en seconde, pour leur montrer qu'il FAUT continuer les etudes .
Et pendant ce temps, mes cousins allaient a notre dame de l'esperance ... Sur 3, il n'y en a qu'un qu'a du travail. Mes freres et moi, qui avons frequente "un college CES-SES en ZEP" avons termine architecte, prof, et ingenieur.
Alors ? !
En fait, c'est evident que les parents et l'education qu'on recoit comptent beaucoup, mais c'est pas parce qu'on va dans un college ou un lycee en ZEP qu'on a sa vie gachee, qu'on devient forcement un ignare inculte, et qu'on venere mtv ou le mc do ... Je ne crois pas que les ecoles privees soient une solution !

 
ImpasseSud
10-10-03 à 14:55

Re: Re: Re:

Iza, je trouve ton commentaire extrêmement intéressant, et en plus il réchauffe le cœur. Personnellement, moi non plus je ne suis pas pour les écoles privées, ou plutôt je n’aime pas leur tendance actuelle. Et, quant à l’enseignement publique, il laisse plutôt à désirer.

 

Ton témoignage me fait penser à un film que j’ai vu par hasard à la télé il y a quelques années « Envers et contre tous » (Stand and deliver) de Ramon Menéndez, USA 1987, où les mathématiques deviennent une voie de rachat. Ce film relate une histoire vraie, qui s’est passée chez les « chicanos » mexicains émigrés aux Etats-Unis. Un professeur de math enseigne tellement bien sa matière aux élèves d’une école d’un quartier pauvre que tous ses élèves passent brillamment leurs examens. Le résultat est tellement inattendu que les autorités pensent à une fraude. Mais les contrôles confirment le résultat.

.... Comme dans ton cas.

Il me revient également à l'esprit une fameuse école italienne (Barbiana de Don Milani) qui avait fait une grande rumeur, parce que par ses méthodes (les plus grands enseignaient aux plus jeunes) et son acharnement, elle réussissait à récuperer avec brio les élèves rejetés par l'école publique.

 

> « c'est vrai que c'était une équipe de profs très très motivés (ils acceptaient de prendre sur leur temps personnel pour pouvoir aménager l'emploi du temps autrement...

 

Je pense que tout le secret est là. Plus qu’un précepteur, comme le voudrait Lucanus, il faut avoir affaire à une EQUIPE de profs très motivés, qui, effectivement peuvent retourner une situation désastreuse. Mais dans combien de ZEP, ou même plus simplement de collèges enseigne-t-on de cette façon-là ?
On ne devrait devenir professeur que par vocation…

 

 


 
Lucanus
11-10-03 à 08:42

Re: Re: Re: Re:

Mon propos était, comme souvent, un tantinet provocateur car l'école est encore le seul lieu d'éclosion intellectuelle mais il y faut y mettre des moyens. Ce n'est pas par hasard que le collège dont parle IZA ait des élèves qui réussissent et sortent de leur situation d'échec car il y a des moyens matériels et humains bien supérieurs. Tous les collèges ZEP ne sont pas logés à la même enseigne et je ne parle pas des autres très nombreux établissements dont le personnel est confronté aux mêmes difficultés sans moyens accrus. Lorsque de bonnes conditions sont remplies, l'équipe enseignante peut se motiver, c'est quasiment impossible autrement tant l'énergie des profs est "bouffée" par la gestion des comportements des élèves qui les usent, les détruisent avant même de pouvoir tenter d'enseigner. La démotivation devient galopante et généralisée tant chez les adultes que chez les élèves. C'est la spirale de l'échec total.

Les écoles privées ne peuvent pas être comparées avec l'école publique car les élèves sont différents et suivis (pas de ZEP entre autre), les moyens donnés sont divers (les parents payent, l'état paye, les régions payent, des entreprises participent, des privés donnent), le chantage auprès des enseignants est fréquent (recrutement souvent indéterminé).


 
Incognito
21-10-03 à 14:26

Re: Re: Re: Re:

je reponds a ton commentaire et au suivant (celui de lucanus) dans un seul post !
j'avoue d'abord que moi aussi j'ai fait un peu de provocation : certes j'ai passe 4 ans dans ce college (et avant ca, dans une primaire en zep elle aussi) mais je ne suis pas "issu[e] d'un [milieu] qui a beaucoup souffert" - il n'empeche que mes camarades, eux, n'avaient pas cet entourage, et grace au college ils s'en sont plutot bien sortis - pas tous non plus, mais par rapport a ce qui aurait pu etre, pas mal - on a continue ensemble jusqu'a la fac avec certains ... (n'empeche, ma copine Ayse, tant qu'on n'etait pas au lycee bourgeois, les profs se mouillaient pour aller voir ses parents et les persuader que l'ecole c'est important, pour lui acheter ses livres, pour lui payer ses sorties ... elle etait tres tres tres tres tres forte en maths ... arrivee au lycee, ses parents ont pu la retirer de l'ecole sans qu'aucun prof ne bouge le petit doigt ... )
bref
sinon tu soulignes le point important a mon avis, c'est que tout depend de l'equipe en place et de sa motivation - je connais encore des profs qui se decarcassent pour leurs eleves , un turc de fou, et qui n'en sont pas recompenses autrement que par le plaisir de les voir se mettre a aimer les maths ou la lecture (on est d'accord, ca vaut toutes les primes, mais quand meme !) ... et puis je vois mon petit frere qui est devenu prof par vocation, et qui se retrouve tout seul quand il s'agit de monter des activites en dehors du cadre normal des cours ("une sortie au musee ? mais qui va accompagner ? aaah non, pas sans etre paye ... aaah non, pas sans instruction du rectorat ... aaaah non, pas avec cette classe la, c'est des terribles ..."), je ne sais pas combien de temps il restera motive tout seul ....
en fait je crois pas qu'il existe de solution simple, mais qu'il existe des gens extraordinaires et parfois on a la chance de tomber dessus ... que ca a marche au moins dans un college ... et que c'est dommage qu'on essaie pas au moins de trouver des solutions locales - ne serait ce que de former les profs a un public "difficile", moi on me l'a bien appris pour le BAFA (et mono, c'est quand meme drolement moins important pour l'avenir d'un petit, que prof !) !!

 
ImpasseSud
21-10-03 à 15:46

Re: Re: Re: Re: Re:

> en fait je crois pas qu'il existe de solution simple, mais qu'il existe des gens extraordinaires et parfois on a la chance de tomber dessus

Je crois tu as bien résumé la question. Un prof motivé. comme tu le soulignes, doit avoir la chance de tomber dans un collège ou un lycée motivé. Je connais personnellement un exemple de prof d'histoire-géo (matières souvent considérés de seconde zone) mais qui s'est ensuite spécialisé en informatique et en italien, et il emmène ses élèves dans toute l'Europe, recevant à son tour des élèves de toute l'Europe. Il est prof dans un lycée où, comme il dit, "on en redemande" et il est très content. Mais il n'a eu ce poste qu'après bien des années de problèmes de "sauvageons" dans un cadre d'enseignants pas motivés. Alors il ne me reste plus qu'à souhaiter la meme chose à ton frère, surtout qu'il ne se décourage pas.

A part ça, il me semble qu'actuellement il y a un tel malaise au sein de l'éducation nationale, on y perd tellement de temps à se disputer pour des histoires de foulard et de string qu'on n'a plus le temps d'aller à l'essentiel. Le drame, c'est que ce sont les élèves qui en suibissent les conséquences car le temps ne s'arrete pas.


 
Incognito
18-07-05 à 07:38

Lien croisé

Réflexions momentanées - Docteur, mon fils est-il normal s'il ne lit pas Harry P : "it d'accord avec toi. Et puis, je ne comprends pas cette mentalité qui veut que les adolescents soient systématiquement attirés par le fantastique. Désire-t-on les confiner dans l'enfance le plus longtemps possible, pour passer ensuite aux éternels adolescents qui refusent la réalité adulte ? Il y a tellement d'autres choses plus intéressantes. Cela me rappelle un de mes billets de 2003 où j'avais plus ou moins abordé le même problème en partant de l'histoire du livre d'un adolescent du Montana qui avait battu les ventes d'Harry Potter I ou II. "