Hier à la télé, j’ai vu une émission où un professeur émérite expliquait que les gens qui visitent les musées en ressortent tout aussi ignorants que lorsqu’ils y sont entrés, parce que pour « lire » une œuvre d’art il faut connaître ce que son auteur a voulu exprimer. Personnellement, je ne suis absolument pas d’accord. En ce qui me concerne, même s’il est vrai qu’une œuvre d’art est le résultat d’une inspiration née dans le cadre de son époque, je préfère que ma découverte se fasse à l’état brut et j’aime me laisser prendre de plein fouet par les sentiments qu’elle m’inspire. Qu’il s’agisse de peinture, de sculpture, de cinéma, de photo etc… non seulement « les histoires de coulisse » ne m’intéressent pas, mais je ne veux même pas en entendre parler. Libre à moi, ensuite, d’aller m’informer si j’en éprouve le besoin ou si c’est nécessaire. Mais venons-en à notre question de poids.
L’émission tournait autour de la représentation des femmes nues ou semi vêtues, qui malgré les pudeurs religieuses plus ou moins prononcées selon les époques, a toujours existé, des Grecs (1 et 2) puis des Romains à nos jours. Ceci nous donne une idée de l’évolution de l'aspect de la femme à travers les âges. Des lignes « classiques » de l’antiquité on est passé à la femme-fleur, presque adolescente, de la Renaissance, puis aux femmes franchement grasses et même pleines de cellulite de Rembrandt, aux femmes enrobées de Manet quand à la même époque on prétendait d’elles une taille de guêpe si mince qu’elle allait jusqu’à déformer l’ossature, puis à la femme longiligne de Modigliani, à celles de Picasso aux formes grasses, incertaines ou anguleuses, à la silhouette bien connue de Marilyn Monroe, et plus récemment à la ligne filiforme de Naomi Campbell.
On ne peut donc que prendre note de la flexibilité des critères de la beauté féminine qui changent d’une époque à l’autre. Quelqu’un en a donné une explication : durant les périodes de difficultés économiques, les disettes, les après-guerres, en général on aime les femmes aux formes pleines ; durant les périodes d’abondance on les préfère minces, voir maigres, comme c’est le cas aujourd’hui. Les mannequins n’ont pas le droit à un gramme de trop et nombreuses sont les jeunes filles et les jeunes femmes qui suivent leur exemple.
Et pourtant, s’il est normal de suivre la mode si on en a envie et de chercher à plaire au sexe opposé selon les critères du moment, je pense cependant qu’il est très important de se sentir bien dans sa peau. Une minceur discrète ou un léger embonpoint peuvent être très bien assumés, car un corps sain, sans problèmes de santé majeurs, sait parfaitement quel est son poids idéal, et pour ceux qui savent et veulent l’écouter, il envoie sans arrêt des signaux indicateurs. Trop au-dessus ou trop en dessous de ce poids, on ne se sent plus à l’aise, on peine, la vie semble plus difficile car le corps devient un poids au lieu de ce qu’il doit être, c’est-à-dire un soutien. Trop gros, on se sent lourd, gêné dans ses propres mouvements, et on se sent laid, tous les vêtements deviennent des sacs de pomme de terre. Trop maigre, le moral s’en ressent, on devient dur, et on s’acharne de façon obsessive sur ce corps qui ne donne pas les satisfactions et le bien-être qu’on en attend. Dans un cas comme dans l’autre, pour le « dompter », on joue bien souvent sans mesures et sans raisons valables avec les médicaments, l’exercice physique, les cures amaigrissantes ou la chirurgie esthétique.
Quant aux hommes, je crois que c’est un peu la même chose. Faut-il vraiment que le critère de beauté d’aujourd’hui soit une musculature à la Schwarzenegger ? Ne peux-on donc pas, tout simplement et sans renoncer à la mode, écouter la voix de son propre corps, cherchant à le conserver en bon état le plus longtemps possible, avec douceur, dans un sentiment d’harmonie avec soi-même et selon ses propres goûts? Etre bien dans sa peau, n’est-ce pas essentiel dans les rapports avec soi-même et avec les autres ?
Mot-clef : Société
Commentaires et Mises à jour :
Re: si
Phérine, je ne peux qu’être d’accord sur ce que tu viens d’écrire, et je suis sûre que beaucoup de femmes en pensent autant. Il existe déjà des marques qui produisent des vêtements pour les femmes rondelettes, mais souvent ils ne sont pas très élégant, ils n'ont aucune grâce. Ils doivent être dessinés par des gens minces.
Ici, je me référais aussi à toutes les jeunes filles d’aujourd’hui qui, pour imiter les mannequins acceptent de friser l’anorexie. En plus des médias, il y a aussi l'influence des groupes fréquentés. Ce n’est pas toujours facile de réussir à penser par soi-même.
Re:
Pour moi, la beauté n'est pas dans le physique, elle est intérieure avant tout. Et pour ce qui est des rondeurs, je n'ai jamais entendu un homme à ma connaissance craqué pour un mainnequin filiforme, livide, mais au contraire, fantasmer sur Claudia Shiffer, Laetitia Casta, Brigitte Bardot(dans ses premiers rôles) etc...
Le charme féminin ou masculin n'est pas dans le physique, mais dans le comportement et tout ce qui fait notre entourage. Et puis, les goûts et les couleurs sont très personnels et ne répondent à aucun critère de mode ou de société. Quelque soit la personne, il y a forcément son complément quelque part, faut-il encore vouloir le rencontrer. Quand au remodelage tout azimut du haut jusqu'en bas, je trouve cela dommage car l'authenticité disparait au profit d'artifices pas toujours réussis et beaucoup d'hommes n'aiment pas ces ballons silliconés. Une beauté canon peut très bien être de marbre et n'intéresser personne, alors que telle ou telle autre femme compensera son manque de plastique par un charme fou et en faire craqué plus d'un! Il n'y a pas de mode en la matière.
Re:
Pierre, il est dommage que le bon sens de ton raisonnement et de celui de Snodgass qui sont une représentation de l’opinion masculine, ne passe cependant pas au niveau des médias qui pourtant emploient un bon nombre d’hommes. Et j’ai du mal à en comprendre la raison. Si bien qu’aujourd’hui encore on continue à tourner autour de la figure de la « femme sur mesure », en lui imposant un modèle de beauté suivi par une petite foule, avec pour conséquence un encouragement à la maigreur même extrême et à une mode faite seulement pour les femmes maigres, comme le disait Phérine, qui finit par insinuer un sens de culpabilité chez les femmes plus rondes qui n’arrivent pas s’habiller comme elles l’aimeraient.
Du côté masculin l’influence « musclée » est considéré comme moins importante, et passée la prime jeunesse, on retrouve un classicisme qui permet au corps d’être bien dans sa peau.
Re: Re:
Pire, le regard désobligeant de certains, les petites remarques déplaçées... De quoi se mêle t-on? Est-ce qu'on leur repproche leur pantalon trop court, leurs mains aux ongles abîmées... Tolérance... Un monde où tout le monde se ressemblerait serait la fin de la diversité. Arggg je m'égare une fois de plus.
Bisous
Re: Re: Re:
> je m'égare une fois de plus
Pherine, ton "égarement" est très sympathique et met en lumière des choses auxquelles je n'avais pas pensé. Nous ne sommes pas aussi sages que les Allemands qui à un certain moment, dans les années 80 je crois, ont pensé qu’il était nécessaire de revoir la largeur des sièges du Bundestag quand il était encore à Bonn, parce qu’avec le bien-être, ils avaient tous pris de l’embonpoint. Si ce n'est un exemple en soi, c'est en tout cas un exemple de bon sens.
De toute façon il est vrai que si tout le monde se mêlait de ses affaires ça irait mieux… Quand je dis cela, je ne me réfère pas aux litiges qui peuvent naître de l’intolérance, mais à l’attention et le regard que chacun devrait commencer à porter sur soi-même, prenant ainsi le temps de réfléchir avant d’adopter bêtement tel ou tel comportement, sans plus se laisser influencer pour suivre un mouvement incompréhensible, allant même à contre-courant si c’est nécessaire en espérant faire boule de neige. Peut-être que les choses commenceraient à changer, mais ce n’est pas facile.
Re: Re: Re: Re:
Re: Re: Re: Re: Re: Re:
Bisous
Question de goût.
""...ne passe cependant pas au niveau des médias qui pourtant emploient un bon nombre d’hommes. Et j’ai du mal à en comprendre la raison...""
La raison, ImpasseSud, est simple car elle est génère la vente de toutes sortes de produits "miracles" dans la diététique, cosmétique ou autre salon "minceur". Tout est bon pour ressembler à ses femmes de Pub, qui n'utilisent, peut-être, aucun des produits qu'elles vantent, mais qui sont choisies sur un casting avec primes sur les ventes. Je dis tout le temps, pour plaisanter, j'ai acheter tel ou tel produit et je n'ai pas trouver la fille de la pub dedans, je peux échanger le produit?
La société est basée avant tout sur le profit dans tous les domaines, le bénévolat est une utopie ou reste une exception qu'on récompense devant les médias pour accrédité la sincérité des organisateurs et aussi augmenter l'audimat. Un diététicien vous dira que toutes ces vitamines vendues dans toutes ses parapharmacies, sencées vous donner la "pêche" ou ses comprimés pour faire une cure de jeunesse ou maigrir, dope surtout le compte en banque de ceux qui les produisent. Rien ne vaut une alimentation équilibrée et de l'exercice physique de façon régulière.
anecdote:Quand aux "rondeurs", j'ai eut l'exemple hier soir lors d'une soirée dansante où les yeux des hommes (et moi parmi) étaient tournés sur une jeune femme bien rondelette qui dansait un "maloya" traditionnel de la Réunion avec une sensualité à mettre le feu! A côté d'elle dansait une autre femme style mannequin avec un dos nu qui n'interressait personne, sauf son mec, car elle manquait de formes.
Re: Question de goût.
Donc deux vies parallèles : la vie réelle et celle que l'on veut nous faire passer pour telle.... En attendant, il faut s'arranger avec ce qu'on nous impose....
si
Je m'en rendais peu compte... Jusqu'à un soir veille du jour de l'an,quand une amie qui m'est très précieuse cherchait à se vêtir pour la soirée qui s'annoncait. Bien mal lui en prit, elle ne trouva rien à sa taille, rien de "joli". Elle était condamnée à ne porter que ces choses informes et ternes. Pourquoi? N'avait elle pas le droit de se vêtir comme tout le monde, d'avoir le choix. Ce ne sont que des vêtements mais cela reflète assez justement la vision de notre société. "Ces gens" ne sont pas prévus... Ca m'exaspère.
Si j'arrive à ce que je veux... dans des années... J'aimerais ouvrir un magasin de fringues pour femmes rondes avec cette amie, tenter de renverser l'image de ces femmes. Faire que les gens les envient plutôt que de leur jetter un regard réprobateur. Y a tellement à faire!!!
Bisous
Phérine