Pour en revenir à l’attentat d’hier à Madrid, au funérarium qui a été improvisé, où les cercueils sont en attente d’une sépulture et les corps non identifiés d’une identification, on a prévu une assistance psychologique pour les familles endeuillées. Un peu plus de deux mois après le terrible tremblement de terre qui a détruit Bam, en Iran, causant 43.000 morts, le ministère de la santé iranien en collaboration avec l’Unicef a promu un programme de récupération psychique qui aide les habitants qui ont survécu au désastre à surmonter le terrible choc qui les a frappé. A l’arrivée à Rome des corps des soldats italiens tués en Iraq, en novembre dernier, des psychologues sont venus se joindre aux parents des victimes. Et il me semble bien, mais je n’en suis pas sûre, qu’une assistance psychologique a été prévue pour les familles des personnes qui ont perdu la vie dans l’attentat du 11 septembre à New York. Apparemment, on ne peut plus affronter une mort inattendue sans l’assistance d’un psychologue. L’homme d’aujourd’hui est-il plus fragile que celui d’hier ? Face à une mort accidentelle, est-ce vraiment d’une assistance psychologique dont ont besoin les parents des victimes?
La mort fait pas partie de la condition humaine, et personne, au cours de sa vie, n’échappe à la douleur de la perte d’un être cher. Face à la grande douleur d’une séparation brutale chacun réagit à sa façon : il y a ceux qui se renferment sur eux-mêmes, ceux qui pleurent silencieusement, ceux qui s’extériorisent bruyamment, ceux qui encaissent relativement bien, mais dont la douleur explose bien plus tard, etc… Toutes ces façons de manifester la souffrance ressentie sont normales, elles n’ont rien de pathologique. Elles sont liées au caractère de chacun, mais aussi aux coutumes du pays dans lequel on a grandi.
Personnellement, je n’aime pas beaucoup les psychologues que je considère un peu comme des parasites. Au nom de Freud et de ses semblables, petit à petit ils se sont insinués dans toutes les couches de notre société occidentale, assurant tout savoir de la condition humaine, prétendant avoir la réponse à toutes les questions. Comme les devins du Moyen-Âge, ils aiment faire la pluie et le beau temps dans les sentiments, finissant même par influencer les décisions. Désormais, on les retrouve partout, dans les écoles où ils disent leur mot dans l’orientation des élèves, dans certaines sélections vers les études supérieures, dans les entretiens pour un emploi où ils émettent un jugement sur les candidats. Ils se mêlent également de tous les conflits, ceux entre un adolescent et ses parents et ceux des couples, faisant glisser vers la pathologie des conflits physiologiques, faisant croire à leurs clients que s’ils acceptent de fouiller devant eux dans la partie la plus secrète de leur individu, ils vont se libérer de leur état d’être humain fait de souffrance, d’indécisions et de conflits, allant jusqu’à les convaincre qu’ils ne peuvent pas se passer de leur assistance. Et voilà qu’ils viennent de s’emparer des parents des victimes des catastrophes. J’ai l’impression d’assister à un pillage !
Dans la mesure de mon expérience personnelle, j’ai essayé de me mettre un instant à la place de ceux qui viennent de subir ces différents drames. Certains, cela va sans dire, éprouvent le besoin immédiat de décharger leur douleur sur quelqu’un, mais une oreille disponible n’est-elle pas suffisante? Il me semble que ce dont ont surtout besoin tous ces gens qui, en l’espace d’un instant, se sont retrouvés dans le désarroi le plus profond, c’est d’une bonne assistance physique, concrète, pour les tirer du chaos dans lequel ils viennent d’être précipités. Ils ont besoin de quelqu’un qui leur indique avec douceur et beaucoup de patience ce qu’ils doivent faire, où ils doivent aller, quelles sont les formalités à accomplir, comment obtenir une aide immédiate. Et d’ici quelques jours, ils auront besoin de quelqu’un qui connaisse tous les problèmes inhérents à ce genre de circonstance. Ils auront besoin de quelqu’un qui leur dise quels sont leurs droits, quelles sont les démarches à faire par rapport à la position du défunt, par rapport aux responsables du désastre, par rapport à l’Etat qui gère la situation et où s’adresser, quelles sont les papiers à fournir ou à remplir, les remplissant éventuellement avec eux s’ils sont en difficulté. Face à la douleur, l’homme redevient un enfant, et ce dont il a besoin c’est qu’on le prenne par la main. Alors est-ce ce genre d’aide concrète que fournissent les psychologues des catastrophes ?
Personne ne peut diminuer la douleur qu’on éprouve quand, à l’improviste, on perd un être cher. D’une façon ou d’une autre, il faut commencer par en prendre conscience et c’est parfois assez long, puis il faut la regarder en face, et pour finir il faut l’affronter afin qu’elle puisse commencer à décliner. Là aussi tout le monde n’est pas pareil. Certains ont besoin de plus de temps que d’autres, et les chemins sont parfois tortueux. Mais si, quand vous êtes tout au fond d’une peine infinie, quelqu’un vous aide « concrètement » à accomplir ce qu’il faut accomplir, vous sentez dans votre for intérieur que vous n’êtes pas complètement seul, que vous n’êtes pas perdu, qu'il y a une petite lumière au bout du tunnel. Alors, j’ose espérer que c’est ce qu’on apportera tout d’abord aux familles des victimes, laissant que le temps, et non pas les psychologues, s’occupe de leur douleur, comme il l’a toujours fait.
Commentaires et Mises à jour :
Re:
Je partage tout à fait ton avis. Je crois en effet que c'est le système d'enseignement de la psychologie qui n'est pas bon, car on rencontre la même morgue chez les assistants sociaux et chez les éducateurs.
Mais pourquoi as-tu effacé ton article? Figure-toi que j'avais cliqué dessus pour le lire car ton point de vue m'intéressait fort, mais je suis tombée sur "Impossible...." . Face à un même évènement, tout le monde n'a pas les mêmes perceptions. Est-ce que tu peux le republier?
Re: Re:
J'en republie un qui convienne davantage à ma vision des choses, plus posé, plus argumenté, moins émotionné ...
Au-delà de la psychologie, il me semble que cela concerne l'enseignement en général : la place faite à la sensibilité est bien moindre par rapport à l'importance qu'elle prend dans l'auto-détermination ...
Re: Re: Re:
Je viens de le lire et de le commenter. Mais ici j'ajouterai que j'ai un défaut, j'ai tendance à toujours me mettre dans la peau des autres, pour comprendre leur optique. Et même si, comme je l'ai écrit, je suis indignée par la bêtise de cette "boucherie" inutile, je me demande toujours ce que moi je ferais si j'étais un homme et qu'on opprimait mon pays et ma famille, si on violait ma femme et mes filles, si on les tuait au travail sans les payer, si on exploitait mes enfants, si je ne pouvais pas les nourrir, etc...
Et ça, nous l'avons fait et nous continuons à le faire, de multiples façons, par la vente des armes, par guerre interposée ou de peacekeeping, à travers les multinationales qui s'approprient des ressources. Alors, il ne me semble pas que nous puissions hurler au carnage la tête haute. Il faudrait que tout le monde commence par se poser des questions. Et j'essaie de le faire.
Re: Re: Re: Re:
C'est aussi une équation que je fais souvent et j'en viens à la constatation que si j'étais agressé j'aurais plutôt tendance à me saisir d'une arme pour me défendre que de tendre la joue gauche en appelant à l'amour et la fraternité ... c'est peut-être un tort, ça l'est même sûrement mais connaissant mes passions je pense que l'émotion première me ferait saisir le canon et tirer, la seconde y placer l'obus pour le saboter et tenter de rassembler les regrets éparpillés pour reconstruire une existence brisée.
Tout est dans l'équilibre entre passion et raison ... je crois qu'avant de connaître ces situations où la passion abolit toute raison, nous avons tout intérêt à former notre raison à canaliser nos passions dans une attitude constructive, de celle qui fait les grands oeuvres et non celle qui fait les grands drames ...
J'essaie aussi de le faire ... après reste à voir le résultat ...
Mon grain de sel
L'intro va¨être un peu lourde, mais cela dans le but de ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain :-))
La psychanalyse et la psychologie sont nées à la fin du 19 ème siècle et ont été une coupure épistémologique, une révolution mentale, se séparant de plus en plus de la psychiatrie classique.
Freud médecin et physiologiste découvre que l'on peut être aussi malade d'une histoire, Il va émettre l'hypothèse d'un inconscient et va essayer d'en comprendre les mécanismes..
La psychanalyse est une méthode et technique qui se propose d'analyser les mécanismes inconscients d'un sujet.
Cette méthode a fait long feu jusqu'à nos jours avec ses chapelles et ses querelles .
la psychologie et la psychotérapie s'est occupée des comportements conscients ( angoisses, phobies, dépressions etc...............)
Toutes les disciplines ont eu tendance à se mélanger et aujourd'hui, on peut rencontrer des psychiatres analystes, des analystes psychiatres, des psychologues pratiquant l'analyse, des psychanalistes Freudiens, des Lacaniens des Younguiens.............des psychologues comportementaux se réclamant de l'école de Palo Alto, des, des ,des ..........
La psychanalyse et la psychologie sont entrées dans la sphère publique et se sont vulgarisées notamment avec Françoise Dolto expliquant sur les ondes de la radio, la psychologie des touts-petits.
Tout le monde s'est emparé des mots de la "Psy" les médecins, les publicitaires,les enseignants,les politiques, les mères de familles.
Il n'est pas rare d'entendre dans la rue à propos d'un enfant qui fait le guignol que le pauvre n'a pas encore fait son oedipe :-)))!
Sommes-nous une sociéte tout "Psy" Oui! sans doute!
Sommes nous plus heureux pour cela? je ne le pense pas!
Mais revenons à notre sujet (c'était long, le préambule :-)))
Nous avons néammoins fait beaucoup de progrès dans la compréhension de certains mécanismes psychiques.
Tosquelles (psychiatre Catalan) sur le front Espagnol a été un des pionniers dans la compréhension de ce que l'on a appelé "les psychoses de guerre" l'effroi, la peur, les bombardements faisaient que certains soldats entraient dans une "psychose profonde"
Peu à peu, l'on a compris comment devant des évènements dramatiques, guerres, attentats, accidents,tremblementss de terre, l'on pouvait soulager les personnes en atténuant les cauchemars, les images récurrentes, les angoisses, les hallucinations visuelles et auditives.............
C'est pourquoi les équipes de psychologues de "Médecins du Monde" travaillent avec les enfants des pays en guerre pour éviter ce que l'on appelle "les psychoses de guerre" ,les enfants dessinent ce qu'ils voient , les psychologues les engagent à parler de leurs peurs, angoisses,cauchemars, cela ne leur épargne pas les peurs malheureusement mais cela leur évite des troubles psychiques graves.
Dans le cas des attentats, des accidents, idem, les "psy" espèrent éviter des années de cauchemars aux victimes et des dépressions profondes et chroniques.
Le travail est là, il me semble..........la douleur et le deuil ne pouvant être pris en charge.
Ah oui!
Pourquoi as-tu pensé que c'était une dame, hein :-))))))
Re: Ah oui!
Pssst Sarah, il est aussi Journaliste...et il a demantelé un reseau d'islamistes avec d'autres....
briget "Fan" de Chryde!Lol!
Re: Ah oui!
Sarah, Chryde est un monsieur? A vrai dire, je ne le connaissais pas. Je l'avais découvert grâce à toi suite à notre discussion à propos de la LEN. Ce doit être le "e" final qui m'a induite en erreur, et je ne me suis même pas posée la moindre question :-))))))). Ce que c'est quand même que de ne pas habiter Paris! :-))))) Je vais corriger :-)) Pour quel journal travaille-t-il?
Pour répondre à ton grand post :
Je connaissais le préambule, mais tu as bien fait de le rappeler. Quand j’ai nommé Freud dans mon billet, je faisais justement allusion à sa mise en évidence du rapport entre la physique et le psychique. Différentes écoles ont suivi avec différentes méthodes d’approche, mais à l’époque et durant la plus grande partie du XX siècle, si je ne m’abuse, on ne soignait que les cas pathologiques. (Surtout ne me demande pas de te dire où commence la pathologie :-))). )
(Petit parenthèse : plutôt que Françoise Dolto, mes enfants ont eu une mère qui lisait « Tout se joue avant six ans » de Fitzhugh Dodson, tu connais ?)
Mai venons-en aux faits. En ce qui me concerne, je pars du principe que la plus grande partie de l'humanité est faite de gens sains d’esprit (tant pis si je me trompe! :-))). ) Et dans le cadre de mon billet, c'est à cette catégorie d'êtres humains que je m’intéresse. Si quelqu’un a peur des araignées ou une répulsion prononcée pour quelque chose (j’ai connu une personne qui ne supportait pas qu’on parle de pieds), je ne vois pas pourquoi il devrait être obligé de surmonter cette répulsion si ce n’est pas nécessaire. Beaucoup de monde n’aime pas la foule, les ascenseurs, les lieux clos, a peur de prendre l’avion, etc., et perçoit effectivement une petite indisposition quand il est nécessaire de les affronter. Dans ce genre de cas, je ne vois absolument pas ce qu’il y a de pathologique. Où bien devrions-nous tous être des surhommes ?
Dans les exemples que j’ai cités au début, (j’ai oublié l’accident de Sharm el Sheik où on a également fourni une assistance psychologique), je pense qu’on peut faire une distinction entre les parents des victimes qui n’ont pas vécu le drame et ceux qui l’ont vécu. Les premiers se retrouvent à peu près dans la même situation que ceux qui perdent quelqu’un dans un accident de la route, d’avion, du travail , etc.. : il s’agit d’une perte inattendue dans des conditions violentes, et ils doivent affronter leur douleur. Les seconds, qui ont vécu le drame, un tremblement de terre, les rescapés de toutes sortes, ceux qui ont vécu les horreurs de la guerre ou des attentats, doivent effectivement affronter peur et douleur.
Douleurs et peurs appartiennent cependant à la nature humaine. Il est vrai qu’il y en a qui sont plus grandes que d’autres, mais dans tous les cas, ce genre de « violence » a toujours existé, et heureusement pour nous que 99% (chiffre arbitraire) de ceux qui les ont vécus ne sont pas devenus psychopathes. Quant à l'ensemble des enfants, ils n'ont pas attendu la venue des psy pour extérioriser leur vécu par des dessins.... à condition qu'ils aient encore un toit, du papier et des crayons. Suite à cela, certaines personnes ont peut-être des troubles ou font peut-être des cauchemars la nuit, et alors bienvenue au psy quelconque qui peut les soulager.
Perso, j’ai vécu un petit tremblement de terre avec de nombreuses répliques dans un zone particulièrement sismique. Et bien, durant les jours qui ont suivi, je suis allée me coucher toute habillée et avec une valise à côté de moi avec du pain, de l’eau, des vêtements chauds et un torche. Et puis, un soir j’en ai eu assez de dormir toute habillée, et plus tard j’ai oublié ma valise dans un coin. A un de mes parents, on a mis quatre pontages suite à un infarctus au début d'un mois de novembre. Et bien, je l’ai vu hésiter pendant plusieurs jours avant d’entrer dans la mer au mois de juin suivant, bien qu’il soit très bon nageur. Bon, mes exemples sont un peu maigres, mais je pense que c’est exactement la même chose pour les grands chocs. Je crois qu’il faut laisser le temps faire son œuvre. Le temps est un de nos biens les plus précieux, et quand nous manquons d'équilibre, c’est bien souvent parce que nous n’avons pas assez de temps à notre disposition. Notre modèle de société nous vole notre temps, et à la place, afin que nous puissions redevenir rentables le plus vite possible, elle a mis les psy. Mais tout comme les gens trop couvés ont peu d’anticorps, tout comme un usage excessif de médicaments fabrique des gens continuellement malades, l’usage inapproprié des psy crée des psychopathes qui ne sont plus capables de rien affronter seuls. Ensuite, peu entraînés à affronter leurs douleurs, leurs peurs, leurs indécisions, leurs sentiments, leurs déceptions, ils ont de plus en plus de mal à affronter la vie et, en plus d’avoir recours aux psys, ils font un usage immodéré de tranquillisants.
Qu’on laisse donc les psy à ceux qui en ont réellement besoin, car je ne pense pas qu'une vague discussion avec un inconnu au moment où la véritable douleur n'a pas encore eu vraiment le temps d'affleurer, te remette immédiatement sur pied et évite les retombées qui en général arrivent plus tard.
Suite.....................
Il me semble que j'ai commencé à lire son blog grâce à un lien venant de chez Mouche, à part cela, je ne sais rien de plus.
je lis son blog de temps en temps et je t'ai mis un lien sur l'article de la LEN parce qu'il me semblait qu'il y avait là, un résumé pertinent. Je ne suis pas juriste et je me sentais un peu lassée des envois de Titi de la Place des Fêtes qui travaille au Sénat et qui m'envoie, tous les débats dans le texte (Bouh),je cherchais seulement un résumé :-))))
Je me souviens du bouquin de Fitzhugh Dodson :-)))!
Revenons donc à notre sujet.
On peut se livrer à une critique de la psychiatrie, de la psychanalyse et de la psychologie et je serai tout à fait prête à le faire :-))!
On peut réfléchir au fait que dans nos sociétes occidentales où le travail, le rendement, la compétition sont les maitres mots, le psychiatre, le psychologue,le psychanalyste assument en qq sorte le maintien de l'ordre psychique (ils ont remplacé les curés, mais n'ouvrons pas d'autres chapitres :-)))
Plus de tristesse, plus de dépressions, pas de délires, allez hop au boulot! Et en prime du désir, du désir pour le boulot, pour la consommation, la maison individuelle et si possible pour sa famille.
Le critère d'adaptation est toujours lié au comportement standard des classes dominantes, et les psy en général (ils y en a quand même certains qui réflechissent bien)issus des classes moyennes et "supérieures" auront toujours même s'ils s'en défendent tendance à définir le "normal" par rapport aux valeurs qu'ils considèrent comme valables pour toute la société.
Pour l'idéologie "Psy", l'individu "normal" doit effectivement être adapté aux codes sociaux et doté d'un "Moi" fort.
Psychologues à l'école, orientateurs en tout genre,psy police des familles,psychologues au travail,travailleurs sociaux qui se prennet pour des psy,psy à la télé, dans la pub................
Ils ne résoudront rien dans notre société occidentale et les personnes seront toujours plus fortes pour trouver de toute façon, de nouveaux troubles psychiques et psycho-somatiques pour se sortir de ces bourbiers.
Maintenant, j'aimerais parler de la psy d'urgence et de soins.
Les enfants ont toujours su dessiner et exprimer leurs émotions mais si des spécialistes ne s'étaient pas intéressés à cette forme d'expression, on ne saurait toujours pas ce qu'ils veulent dire.
Si des "Psy" ne s'étaient pas penchés sur le problème de la douleur physique chez l'enfant qui ne parle pas et qui quand il souffre plonge dans le plus profond mutisme, on continuerait à opérer les nouveaux-nés sans anesthésie.
Dans les services cancéro-pédiatrique, les psy ont fait un très grand boulot par rapport à la douleur de l'enfant dans l'impossibilité d'exprimer l'intensité de leur douleur,et à base d'échelles et de jeux, l'enfant peut aujourd'hui désigner un grade de douleur)
Si nous avons peur d'une arraignée et bien tant pis, nous avons peu de chance d'en rencontrer tous les jours et nous allons mettre en place des statégies d'évitement.
Mais si l'individu a peur du dehors, de la foule, de l'école, de la gestapo qui peut intervenir à tout moment (25 ans après les faits) à tel point qu'il ne peut plus sortir de la maison , il y a là un interêt à demander de l'aide.
C'est le seul moyen de sortir de cet exil intérieur.
Tout cela pour dire, qu'il y a des cas où le temps et la raison ne peuvent plus rien faire.
les individus ne sont pas égaux devant les angoisses et les aléas de la vie.
Dans le cas des guerres,des attentats, des accidents naturels ou pas, les personnes ne sont pas égales, les uns vont élaborer des stratégies de reconstruction et trouver un sens à ce qu'ils viennent de vivre, d'autres vont sombrer dans des dépressions profondes et dans les cas les plus graves devenir "psychotiques"..............
C'est pourquoi maintenant des équipes de psy travaillent sur les lieux de catastrophe en tout genre.
Reste le ton badin de la télé qui annonce pour la n-ième que des équipes de psy sont sur les lieux et bla bla bla........je le concède, c'est très énervant
je dirais pour conclure: les psy c'est comme l'alcool, faut pas en abuser!
Bouh! c'est parce que je suis une grande "hystérique" paranoïde à tendance pararanoïaque que j'aurais tendance à dire que dans les temps antérieurs, Dieu était d'un grand secours pour les malheurs humains :-))))))!
j'ai oublié de répondre.............
A traits grossiers....(c'est un sujet qui me passionne et j'ai fini mes études d'histoire sur le sujet : Psy et normes sociales )
En gros, Freud passionné de l'hystérie a surtout soigné les bourgeoises de Vienne, il s'est attaqué aux névroses en tout genre et a eu des gros échecs avec les psychoses ("la grosse folie")
La psychanalyse s'occupe plus des névroses et du désir de l'individu.
La psychiatrie s'est toujours colleté avec la psychose (enfermement et médicaments) il y a eu un mouvement anti-psychiatrique dans les années 60, l'hypothèse étant que c'est la société qui rendait les individus fou, malheureusement aussi généreuses que soient leurs idées, il se sont cassés les dents devant le noyau dur de la folie.
les psychologues travaillant surtout dans les institutions et hopitaux et s'occupant des troubles du comportement.
mais il y a des passerelles partout aujourd'hui.......et tu peux rencontrer de tout partout :-)))
* un sujet passionnant: la fermeture des hopitaux psychiatriques en Italie
Re: Suite.....................
Je suis tout à fait d'accord avec toi sur l'ensemble de ce que tu écris. Mais cela démontre également qu'il y a des domaines bien spécifiques dans lesquels les psy sont utiles, si ce n'est dans un domaine pathologique qui leur est propre, tout du moins en tant qu'assitance dans d'autres pathologies. Les cas spécifiques que tu cites en exemple en font tous partie, et n'ont rien à voir avec les catastrophes. A mon point de vue, si un traumatisme profond s'est produit, il se manifestera que plus tard, non pas dans les 48 heures qui suivent, où en plus, les parents des victimes ne sont pas seuls, mais plutôt bien entourés. Et à ce moment-là, il n'y a plus personne.
La vie n'est pas facile, et il est vrai que certains retrouvent un certain calme en priant. Mais ils sont de plus en plus rares. Il faudrait que Dieu, s'il existe, se débarrasse de toutes les religions, et rende une certaine verginité à nos cerveaux. Peut-être qu'alors nous aurions finalement quelqu'un à qui nous adresser en toute sincérité. :-)))
En tout cas, on sent que la psychologie est un domaine qui te passionne vraiment. Personnellement je suis émerveillée par les élaborations dont est capable notre cerveau. Pour ma part, une discussion ne finit jamais, même si tout le monde se tait, car c'est à ce moment-là que mon cerveau se met en mouvement et commence à faire des rapprochements, des déductions, que de nouvelles portes s'ouvrent... mais comme je n'ai pas fait le même genre d'études que toi, je procède plutôt en me basant sur l'observation, et c'est tout aussi intéressant.:-))
A propos de la fermeture des hôpitaux psychiatriques en Italie.
Cette décision (confirmée par vote populaire) a été vraiment prise à la légère. C'est-à-dire que si, effectivement, il y avait une grande urgence à fermer les "manicomi" dont la plupart n'était que des lagers au-delà de l'imaginable, et où on pouvait faire enfermer n'importe quel parent gêneur (les femmes adultères ou les filles indisciplinées par exemple), les y laissant à vie comme si on avait perdu la clef, il aurait également fallu concevoir un systême sérieux pour accueillir et soigner tous ceux qui avaient de véritables maladies. Au lieu de cela, on a pensé qu'il suffisait de quelques passages dans les hôpitaux classiques. Les trois-quarts des hôpitaux n'ayant pas de service de Psychiatrie, ce sont les parents des malades qui se sont retrouvés dans l'abandon le plus total, avec les problèmes qu'on peut imaginer. La fermeture a été décidée par une loi de 1978, et le problème n'est toujours pas résolu.
Je ne sais pas si les livres de Mario Tobino, qui est psychiatre, ont été traduits en français : "Le libere donne di Magliano," (que j'ai lu), "Per le Antiche scale", "Il manicomio di Pechino" sont des romans presque poétiques sur la solitude et la souffrance.
le cerveau est capable de tout!
En général,les psys s'occupent des victimes valides qui sont dans des états de sidération ou au contraire de décompensation, il y a une surveillance avec les médecins pour décider d'une hospitalisation ou pas.
Pour les autres personnes qui semblent moins touchées ou les familles des victimes,il y a un numéro de téléphone dans le cas où ces personnes déveloperaient des pathologies allant des terreurs nocturnes, hallucinations jusqu'aux délires ou enfermement psychique complet.
Bien sûr tout le monde ne réagit pas de la même manière, certaines personnes vont entrer très vite dans le deuil, le temps et l'entourage feront leur action. D'autres vont au contraire connaitre des épisodes très douloureux et complètement déstabilisant pour le psychisme, ils pourront trouver une aide, s'ils le désirent.
Il n'est pas rare dans les accidents et attentats que des parents nient complètement la perte de l'être cher et entrent dans des délires d'attente du retour de cette personne. Pour faire son deuil, il faut au moins reconnaitre la perte, la thérapie aide a mettre les mots justes sur la notion de perte.
Souvent les parents se posent des questions légitimes sur la fin de leur proche, leur douleur physique et si les questions restent en suspens, certaines personnes vont connaitre des angoisses et des cauchemars toute leurs vies.Les psychologues les engagent à poser ces questions (c'est un raccourci que je prends, cela est fait dans un protocole thérapeutique et non pas comme une injonction à poser des questions)
Tout est malheureusement possible et si les personnes le souhaitent, elles peuvent trouver un soutien. c'est dans ce sens que je défends la psychologie.
je me dis que c'est dommage qu'après guerre (39-45) dans certaines familles qui ont connu l'épreuve des camps de concentration, les personnes n'aient pas eu de soutien pour élaborer "le discours de l'impossible" cela aurait évité que le traumatisme soit transmis à l'autre génération........ça c'est une réflexion personnelle sur le non dit.
Pour l'italie, je continuerai demain........ou après demain :-)))))!
Re: le cerveau est capable de tout!
Il me semble que les traumatismes créés par les camps de concentrations appartiennent à un autre chapitre, ils n’ont rien d’accidentel. Ils relèvent, hélas, d’un système mis volontairement en place, celui de la torture. Pour ma part, j’ai du mal à en supporter la seule idée et, bien loin du contexte politique, c’est ce qui a fait naître mon article à propos des systèmes utilisés par les USA en Afghanistan. Personnellement, je ne pense pas qu’un psy puisse vous débarrasser d’un traumatisme d’une telle ampleur, et qu’il est inévitable que les gens qui l’on vécu, même à travers un proche, le reporte sur les générations qui suivent. Certains ont été capables de surmonter (sublimer ?) cette horrible expérience (Simone Veil ), mais d’autres, (Primo Levi qui s’est jeté dans la cage d’escalier de son immeuble en 1987) n’ont pas tenu le coup, même en l’extériorisant. Quand on est passé par là, j’imagine que tout ce qu’on fait ensuite dans la vie part de là. Et à mon point de vue, au lieu de penser à soigner les gens qui sortent d’une telle expérience, on ferait mieux de commencer par soigner ceux qui en sont la cause ou qui acceptent de devenir des exécutants féroces, car ces gens-là sont vraiment des malades dangereux.
Ce que je conteste dans mon billet, ce n’est pas l’existence des psy, mais l’usage inapproprié qu’on en fait. Tous les contextes auxquels je me suis rapportée n’ont rien de pathologique. Je peux encore comprendre qu’on distribue aux parents des victimes un billet avec le numéro de téléphone d’un service de psy où ils pourront éventuellement trouver de l’aide, mais je ne trouve pas normal qu’on les inclut systématiquement dans un contexte de malades en puissance. Quand tu dis que tout le monde n’affronte pas la mort de la même façon, tu ne fais que reprendre ce que j’ai écrit explicitement dans mon billet, et j’insiste encore sur le fait que les psy n’ont pas à s’insérer de force dans un contexte « physiologique ». Notre société passe son temps à nous créer de faux besoins (la publicité) et de faux problèmes (les circonstances douloureuses d’une vie normale), et ensuite elle invente ce qu’elle appelle « des solutions », mais qui ne sont qu’un emplâtre sur une jambe de bois. Aujourd’hui, les gens stressés, qui rendent la vie impossible à leur entourage y compris leurs fils uniques qui, à leur tour, deviennent stressés, n’ont pas besoin d’un psy, mais d’un retour à un rythme normal. (Je repense tout à coup aux terribles tribulations vécues par ma grand-mère maternelle de 1914 à 1919, donc pendant 5 ans, parce que je pense que si elle s'en est sortie, c'est parce que le temps est venu aider son courage. En plus, personne ne lui avait mis dans la tête qu'elle pourrait avoir des problèmes psychiques, et ça, ça compte !)
Pour assimiler tout ce qui lui arrive, l'être humain a besoin de temps. Il a besoin de temps pour être capable de prendre les décisions les plus justes, les plus appropriées, au lieu de se lancer dans n'importe quoi tête baissée, allant ensuite se jeter dans les bras d'un psy qui, avec la meilleure volonté ou le plus grand talent du monde, ne pourra pas leur rendre ce fameux temps dont ils manquent, mais au contraire les fait courir encore un peu plus pour ne pas être en retard au rendez-vous. Et, dans le cas présent, celui des cas accidentels de mon billet, les familles ont besoin, avant tout, d’une véritable aide physique, concrète, qui leur donne ce temps.
Tiens, je vais te citer une phrase prononcée par le Docteur Abbas Zamiyad, psychiatre et co-directeur du projet de santé mentale mis en place à Bam après le tremblement de terre : « Une personne sans espoir et qui ne voit autour de soi que désolation se sent sur le bord d’un précipice. Nous, nous essayons de les reporter en arrière dans le temps, nous parlons avec eux, nous essayons de leur redonner de l’espoir, mais si, regardant autour d’eux, ils ne voient toujours rien – ni travail, ni maison, ni futur – alors, nous ne faisons rien d’autre que de retarder leur mort ».
Cette fois-ci, nos points de vue sont un peu différents :-)))), mais j'attends avec impatience de savoir ce que tu penses à propos de la décision italienne. :-)
Je parles, tu parles, ils parlent.....................
"Tiens, je vais te citer une phrase prononcée par le Docteur Abbas Zamiyad, psychiatre et co-directeur du projet de santé mentale mis en place à Bam après le tremblement de terre : « Une personne sans espoir et qui ne voit autour de soi que désolation se sent sur le bord d’un précipice. Nous, nous essayons de les reporter en arrière dans le temps, nous parlons avec eux, nous essayons de leur redonner de l’espoir, mais si, regardant autour d’eux, ils ne voient toujours rien – ni travail, ni maison, ni futur – alors, nous ne faisons rien d’autre que de retarder leur mort ». "
Bien sûr que j'agrée !
Je me suis toujours insurgée contre les psy dans la sphère du social où tous "les pets de travers "seraient interprétés comme un dysfonctionnement psychique et notamment à l'école, où l'on entend beaucoup de bêtises depuis longtemps (Stella baruk: échec et maths, un bouquin formidable pour dénoncer la psychologisation de l'echec en maths)
Et comme le disait Montaigne, il y a bien longtemps :"les médecins ne se contentent point d'avoir la médecine en gouvernement, ils rendent la santé malade pour garder qu'on ne puisse en aucune saison échapper(à) leur autorité"
Néanmoins (attention, j'arrive avec mes gros sabots) Il y a des psy des psycha des psychia qui font un boulot formidable dans les situations les plus graves.
Cette psychologie n'est pas de soin mais d'aide, et les personnes ne sont pas des malades, nous sommes bien d'accord sur ce point.
Si l'on peut éviter à certaines personnes de graves misères, c'est tant mieux.
Je ne pense vraiment pas que le temps dans certains cas puisse être un remède, au contraire ,Cronos est très capable de manger ses enfants
Mais encore une fois, je suis d'accord pour penser qu'il n'y a pas égalité des personnes devant les aléas tragiques de la vie.
Pour conclure sur une note gaie , je citerai la déclaration de G.C Lichenstein parlant de la psychanalyse "cette théorie équivaut selon moi, à celle bien connue en physique qui explique, l'aurore boréale par le reflet des harengs" Arf :-)))!
* Pour les camps, je notais dans une réflexion personnelle que le traumatisme léguée se trouvait surtout dans le non-dit.
En ce qui concerne la fermeture des asiles psychiatriques en Italie, je pensais surtout au débat en Europe qui amena à reconsidérer le statut des "aliénés" .
les asiles avant-guerre n'étaient que des mourroirs où s'exerçait la violence sur les personnes au mépris de leurs droits .
En France sour le régime de Vichy 40.000 malades mentaux vont périr de faim, c'est ce que l'on a appelé '"l'extermination douce"
Lucien Bonnafé (psychiatre, communiste et résistant) Tosquelles (psychiatre sur le front espagnol et communiste) vont mener l'expérience de Saint-Alban-Limagnolles en s'occupant de cet établissement psychiatrique.On va abattre les murs et ouvrir les portes et les "aliénés" vont se débrouiller pour cultiver ici et là, trouver leur nourriture, l'hopital servira aussi de cache aux résistants.
Fort de cette expérience assez inédite, d'autres voix en europe vont s'élever pour dénoncer la misère dans laquelle se trouvent plongés les "malades"
F. BASAGLIA ,psychiatre Italien a donné l'impulsion pour la mise en pratique du désaliénisme en Italie.
Son objectif était de supprimer l'hôpital psychiatrique et de dépasser les conceptions réductrices que la société a sur la folie. la loi (180) dit que la maladie mentale est une maladie comme les autres, qui ne dépend donc plus du code pénal et n'est plus inscrite dans le casier judiciaire.la communauté devait donner au malade un statut social.
Je ne sais pas en revanche si l'Italie s'est donnée les moyens de sa politique.
Impassud,
J'apprécie toujours autant de lire tes articles qui marient concision, précision et attention ...
Une vision subjective mais qui offre la place à une lecture objective.
Ton article d'hier m'a amené à effacer le mien que, du coup, j'ai jugé bien péremptoire, peu constructif et réducteur par rapport à l'analyse personnelle que tu avais pu en faire. Je me suis dit qu'avant de réagir il était judicieux de s'informer suffisament ... c'est une démarche que j'apprécie grandement sur ton blog, celle d'offrir une vision argumentée et informée des sujets évoqués.
Concernant l'aspect psychologique de ces attentats, ton article a aiguisé ma curiosité et j'avoue que je serais très intéressé de connaître la gestion psychologique de ces évènements, partageant avec toi cette prudence pour ne pas dire méfiance vis à vis d'un domaine qui m'a toujours mis mal à l'aise ... qu'un homme puisse s'affirmer autorité en matière de compétence manuelle ou de savoir naturel, je le conçois très bien, mais qu'il fasse autorité dans un domaine qui est essentiellement soumis à des incertitudes d'analyse, me laisse penser qu'on a plutôt formaté le sujet d'analyse qu'adapté l'analyse à celui-ci ... après je pense que ce qui fait la qualité de la réponse à cet état de crise n'est pas principalement lla procédure mais avant tout la sensibilité humaine de celle-ci, son empathie à la victime.
Aucune divination ne saura jamais s'inventer une intuition ... ce domaine de compétence est et sera toujours inné (malheureusement, je crains qu'il n'ait été négligé dans la qualification des aptitudes d'un psychologue; on peut toujours rêver d'un enseignement qui tienne compte non pas seulement des aptitudes intellectuelles mais des qualités sensibles d'un individu).
Au plaisir
Songe