Tout le monde se souvient du scandale qui, il y a quelques années, souleva l'indignation de l'opinion publique mondiale à propos de la fabrication des ballons de foot des championnats du monde par des centaines d'enfants des pays pauvres, contraints à coudre pendant des heures et des heures pour quelques dollars. Quand l'affaire éclata, les multinationales des vêtements de sport jurèrent qu'elles n'étaient pas au courant, mais que de toute façon la chose ne se reproduirait jamais plus. D'après le rapport que vient de fournir Oxfam International avec Clean Clothes Campaign (CCC) et Global Unions, il semble, au contraire, que ce "jamais plus" n'était qu'une figure de style : Nike, Adidas, Fila, Puma, Lotto, Asics, etc... sont de nouveau en train d'exploiter les plus faibles.
Cette exploitation se fait par le biais des sous-traitances. Les multinationales imposent à leurs fournisseurs qui se trouvent dans les pays en voie de développement des échéances toujours plus contraignantes, au-delà de toute logique de production. Pour relever les défis, essentiels pour leur survivance, les petites entreprises sont à leur tour obligées d'imposer des horaires de travail démentiels à leurs ouvriers : journées de travail de 12 à 18 heures sans pause, semaines de 7 jours et nuits passés au travail, pour coudre plus vite. Dans les pays comme la Chine, la Thaïlande, le Cambodge, la Turquie et la Bulgarie, les entrepreneurs sont contraints à fausser leurs registres pour passer indemnes à travers les contrôles de l'inspection du travail, licenciant même parfois le personnel syndiqué. Quant aux femmes - les plus exploitées -, elles touchent un salaire inférieur à celui des hommes, elles font des horaires plus lourds et bien souvent elles n'ont aucun droit en cas de maternité.
Bref, une exploitation digne du XVIII siècele au nom d'une manifestation qui ne devrait être faite que de "fair play"!
L'Oxfam a donc lancé une campagne Jouez le jeu pour les JO/Play fair at the Olympics afin de faire pression sur les multinationales, de façon à ce qu'elles rendent leurs prix plus transparents, qu'elles imposent des cadences de consigne plus appropriées, avec, comme conséquence l'introduction des standards du travail occidentaux actuels. Pour que les fournisseurs locaux fassent également leur part, payant des salaires corrects et respectant les droits de leurs employés, l'Oxfam s'est adressé au Comité olympique international, dans l'espoir qu'il réussisse à impliquer les gouvernements des pays concernés.
Mot-clef : Société, Multinationales.
Commentaires et Mises à jour :
Re: Je suis pessimiste pour l'avenir...
A vrai dire, par les temps qui courent, je ne suis pas plus optimiste que toi. Ton idée de syndicats des fournisseurs sous-traitants est excellente, et je crois moi aussi qu'elle serait "la solution". Mais nous sommes certainement en pleine utopie : pour que les multinationales n'aient plus le moyen d'aller s'adresser ailleurs, il faudrait que ces syndicats de PME soient mondiaux.
Pour "survie", à vrai dire tu n'as pas tort, mais moi non plus, les entreprises ont besoin de travailler pour leurs propres survies, mais les pays, du point de vue de leur économie, ont besoin de la survivance des petites entreprises. Est-ce que je me trompe? En fait, les pays que je cite "couvrent" plus ou moins le système pour des raisons économiques, par commodité, alors qu'ils possèdent les moyens de l'arrêter.
Re: Re: Je suis pessimiste pour l'avenir...
Re: Re: Re: Je suis pessimiste pour l'avenir...
> consonnance raffarinesque
Et, hélas, on n'en a pas fini! :-)))))
Je suis pessimiste pour l'avenir...
C'est un syndicat des sous-traitants qu'il faudrait. Ou pouvoir toucher les multinationales via leurs fournisseurs dans une action en justice.
Car vu comment le CIO gère le dopage et la corruption des juges, je n'ai qu'une confiance limitée en leur action.
Sinon, pourrais-tu parler de survie et non de survivance, s'il te plaît?