Avant-hier, afin d’essayer de comprendre quelque chose au scandale Clearstream, je me suis donné la peine de lire, du début à la fin et avec attention, l’encart du Monde qui en décrit les phases successives. Manquait-il de clarté, l’affaire est-elle si complexe et si longue qu’un bref résumé ne suffit pas à l'expliquer ? Toujours est-il que la seule chose que j’ai vraiment comprise, c’est qu’on nage dans la boue d’une lutte intestine, et l’idée que ces gens-là aient le droit de nous gouverner m'est franchement insupportable.
Les scandales ne m’ont jamais ni impressionnée ni captivée. Sans doute parce que je n’aime pas les eaux troubles. Suite au récent décès de John Profumo, on vient de déterrer le scandale qui secoua
Bref, il fut un temps où les scandales étaient si peu nombreux qu’ils n’avaient aucun mal à se fixer dans les mémoires. On en parlait même pendant des années, comme pour signifier que, quand cela est nécessaire, notre type de société est capable de poser des jalons à ne pas franchir.
Aujourd’hui, on se retrouve face à un état de fait bien différent, on saute carrément d'un scandale dans l’autre : Enron, Andersen, Bayer, Parmalat, Clearstream, etc…. (Je m'en tiens aux plus gros car s’il me fallait en dresser la liste...) En plus, ce qui a totalement changé, c’est la façon de réagir de ceux qui y sont impliqués. A de rares exceptions près, on ne démissionne plus, l’amour propre, la honte, le sens de la dignité ne sont plus à la mode. « Malheur à ceux par qui le scandale arrive », dit l’Evangile. Et pourtant, même de ce côté-là, il semble que la règle ne soit plus valable, car les frais des scandales, ce sont plutôt les simples citoyens qui les font : on les vole, on les ruine, on les rend malade, on les trompe. Pendant ce temps-là, les arrestations des VIP coupables ou suspects sont rares, et quand elles se produisent, ceux-ci sont vite remis en liberté, ou, au pire, aux arrêts domiciliaires. Les instructions et les procès traînent en longueur, se transforment en intrigues qu’on complique à plaisir pour mieux les ensabler, et bien avant d’arriver à un épilogue (à condition qu’on y arrive), les médias, qui ne marchent plus qu'au scoop, proposent une autre « affaire » à la dent de l’opinion publique, laissant que les plus démunies qui ont été entraînés dans la tempête s’arrangent comme ils peuvent ou se fassent une raison de leurs déboires. Dans ces conditions, existe-t-il donc encore de réelles chances que justice soit faite ?
Vu la succession ininterrompue des scandales, au lieu de rester sur des sentiments d'écoeurement ou des prises de position bêtement partisanes comme on nous y encourage, ne ferait-on pas mieux de se demander si, au contraire, à l’ère de l’informatique où les dépistages sont relativement faciles et où on a donc les moyens et le choix de les étouffer ou de les faire éclater, sur mesure, on n’a pas plutôt érigé le « scandale » en système ? Et, forts de la nouvelle évidence que l’éclatement d’un scandale n’est d’aucun bénéfice pour la morale ou la justice, n'est-il pas temps de commencer à prendre l'habitude d'examiner ce genre de problème sous un autre angle, en se posant les questions suivantes : pourquoi a-t-on attendu autant pour le faire éclater (surtout, comme dans le cas présent, quand le pot aux roses existe depuis des années) ? Arrive-t-il à point pour évincer quelqu'un ou de gros problèmes irrésolus qu'on voudrait rejeter dans l'ombre ? Qui l’a fait éclater ? A qui profitera-t-il ? Qui sont ceux qui tirent les ficelles et dans quel but ? Désire-t-on réellement « faire le ménage » ?
Il est clair que, pour le citoyen lambda, il est pratiquement impossible d'obtenir ou de trouver, à chaque fois, toutes les réponses à ces questions. Dans la conjoncture actuelle, cependant, celle de la tendance au « néolibéralisme » qui prône, sans scrupules, le piétinement de toutes les valeurs morales au nom de l'économie, moi je pense que le système-scandales cache le désir de déstabiliser la démocratie. Et c’est là, justement, que nous avons le pouvoir d'agir, en votant de façon responsable, au-delà des partis d'appartenance, toujours et avant tout pour des personnes INTEGRES, sans taches, ombres, procès en suspens ou squelettes dans le placard. Et non pas de temps en temps, pour sanctionner comme en France en 2002 (avec les résultats qu’on voit aujourd’hui), ou pour répondre à l'appel de ceux qui prêchent la peur en vous jetant de la poudre aux yeux.
En l’espace d’un mois, l’Italie vient juste de renouveler l’ensemble de ses institutions gouvernantes,
Commentaires et Mises à jour :
Pollution médiatique!
Comme je l'ai déjà raconté, l'Italie, qui se trouve à un tournant politique d'une grande importance, est, elle aussi, en train d’étaler au grand jour son dernier scandale, celui des écoutes téléphoniques dans le monde du football. Hier, le nouveau président dela République italienne, Giorgio Napolitano, a prêté serment de fidélité à la Constitution devant le Parlement et les grands électeurs régionaux et est allé s’installer au Quirinale (l’Elysée italien). La cérémonie a eu lieu dans l’après-midi. A mes yeux, cela concernant tous les habitants de ce pays, c’était, en valeur absolue, l’évènement le plus important de la journée. Par hasard, cependant, je suis tombée sur le début d’un JT de 12.30 où la journaliste annonçait :
1er titre : scandale du foot, blablabla, blablabla
2ème titre : Le nouveau président élu, Giorgio Napolitano, prête serment….
3ème titre :…………
Etc.
« Bonjour,
« L’élargissement du scandale des écoutes repousse l’installation du président en deuxième position… »
Et non, ma fille ! Le titre et le service, c’est toi qui as choisi de les présenter dans cet ordre, c'est toi qui a décidé de les repousser en deuxième position, c'est toi qui a minimisé leur importance aux yeux des Italiens. Et ça, …. C’est du mauvais journalisme.