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Mahfouz Naguib, « Dérives sur le Nil » (1966)
--> Titre original « Tharthara Fawq al-Nil »

Une mauvaise traduction française du titre original ? Je n’en sais rien vu que je ne connais pas l’arabe. Mais, ayant lu ce livre je peux affirmer que le titre italien « Chiacchiere sul Nilo » (bavardages sur le Nil) correspond bien plus à la vérité, vu que la ’awwamah, la grosse barque qui sert de cadre au récit est ancrée de façon stable sur un bord du Nil, au Caire, entre « un espace vide qui a longtemps été occupé par une autre ‘awwamah avant que le courant, un jour, ne l’emporte, et une petite mosquée sur une ample langue de rive entourée d’un muret de boue sèche et meublée d’un tapis consumé. » Ici, il n’y a aucune « dérive », même symbolique, mais une torpeur permanente qui enveloppe de longs bavardages.

 

Nous sommes en avril 1964. La barque aménagée sur laquelle vit Anis Zaki, personnage aux perceptions perpétuellement enfumées et employé au ministère de la santé, est le lieu de rendez-vous habituel de sept hôtes fixes, cinq hommes et deux femmes (parfois trois), tous issus de milieux cultivés. Chaque soir, ils s'y retrouvent, laissant courir nonchalamment de longues conversations, mi-existentielles mi-vaseuses, qui naissent des fumées du kif qu’ils aspirent tour à tour de la gozah. C’est leur façon de s’évader de la monotonie d’une vie aisée mais ennuyeuse. L’arrivée au sein du groupe d’une jeune journaliste, Samara, qui se veut sérieuse, et un accident de voiture, de nuit, sur la route des pyramides un soir de fête où le groupe s’est par hasard décidé à sortir, finit par bouleverser violemment ce microcosme paresseux et velléitaire, remettant chacun face à la réalité. En toile de fond, les multiples nuances du ciel et des nuits du Caire, le lent courant du fleuve, les vibrations de la passerelle qui annoncent chaque arrivant, et le rappel périodique à la prière du seul personnage pondéré, le gigantesque Amm Abdou, fidèle gardien de la ’awwamah et des traditions.

Ici, il est clair qu’il s’agit d’une condamnation sans équivoque d’une certaine classe sociale désabusée, pessimiste et inepte, mais, à mon avis, d’une condamnation qui vient trop tard. Après m’avoir intriguée, ce livre m’a franchement désamparée. La trame m'a semblé déséquilibrée, peu crédible. Les projets littéraires de Samara suffisent-ils à expliquer sa fidélité au groupe ? Peut-on taxer de « retour à la réalité » l’explosion finale ? Sa violence hors de proportion ne tend-elle pas, au contraire, à éloigner cette possibilité ?   

 

Que ceux qui l’on lu me disent ce qu’ils en pensent. Quant à ceux qui ne l’ont pas lu, qu’ils le lisent. Après tout, c’est quand même du Naguib Mahfouz.

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Ecrit par ImpasseSud, le Jeudi 22 Mars 2007, 16:57 dans la rubrique "J'ai lu".

Commentaires et Mises à jour :

misscadavra
09-09-11 à 23:03

c un live tres riche. je l'ai admiré