Il y a mille ans, quelques nomades Touaregs creusèrent un puits dans le sable, non loin d’un fleuve paresseux et fangeux, le Niger. Ils cherchaient de l’eau, pour leurs chameaux et pour eux-mêmes et il la trouvèrent. Autour du puits ils montèrent un petit campement qui devait servir d’avant-poste de restauration pour ceux qui s’apprêtaient à traverser un océan de sable et de dunes appelé Sahara. Le Tarikh es-Soudan (1630) raconte que la garde du puits et du campement fut confiée à une vielle femme, Bouctou, qui donna son nom au lieu : Tin-Bouctou. Tombouctou était née.
Les années passèrent, les campements aux marges du désert le plus grand du monde devirent un important carrefour. Les marchands Touaregs, Songhaïs, Peuls, Berbères, Hausas et Arabes commerçaient en or, sel, esclaves et en biens provenant des marchés de la Méditerranée avec toute l’Afrique occidentale, transformant Tombouctou en un centre d’échange de grande notoriété. Au XIV siècle la ville avait trois universités et 180 écoles coraniques. Les histoires légendaires qui parlaient d’elle attirèrent l’attention des souverains et des conquérants de tout le Sahel africain, et ils y construisirent des mosquées et des palais. Les pèlerinages à La Mecque des seigneurs du désert qui y habitaient et les fables racontées par les nomades, trouvères et poètes itinérants, ne firent qu’augmenter la renommée de ce lieu, synonyme depuis toujours d’un monde onirique difficile à atteindre.
Aujourd’hui Tombouctou n’est plus que l’ombre de cette cité enchantée qui connut différentes dominations. Mais elle reste l’orgueil des ces gens et de leur culture, et elle sera la protagoniste d’un important évènement musical de trois jours : Le Festival au Désert d’Essakane, une oasis à 65 kilomètres de l’endroit où un jour d’il y a mille ans, quelques nomades Touaregs creusèrent un puits.
Organisé par les associations Efés et Aitma et patronné par le Ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme du Mali, le festival se repropose de promouvoir les musiques et les cultures Tamachek et Touareg. Chants, fables, courses de chameaux et jeux feront revivre une tradition aussi antique que le désert.
Je suis en extase face à la puissance de Dieu
Capable de consacrer un simple violon
Dont le musique fait taire les hommes
Qui se couvrent les yeux avec un turban.
(Poésie Touareg)
(Sources : Il Festival nel Deserto di Pablo Trincia, voir aussi les très belles photos en cliquant sur « continua »)
Commentaires et Mises à jour :
Re: ...
Merci!:-) Mes meilleurs voeux à toi aussi!
Toi qui es musicien, connaissais-tu ce festival dont c'est la 4ème édition? Connais-tu quelques-uns des participants?
Re: Re: ...
J'ai eu la chance de voir Ali Faika Touré et Babah Salah au festival "Couleur Café" à Bruxelles. Un mot me vient à l'esprit: fabuleux! Musique africaine, bien sûr, teintée d'influences funky-soul du plus bel effet. Des génies à n'en pas douter!
Je connais également Amadou et Mariam Bagayogo. C'est un couple (à la scène comme à la ville) de non-voyant et leur musique est un suave blues africain. Excellent également!
Le Groupe Akkaf, c'est le délire à l'état pur! Très traditionnel, mais jouissif, comme le dirait Terry Gilliam dans "Fisher King", c'est de la musique orgasmique qui frise le mysticisme! Y a de la vie là-dedans!
Si le groupe américain Blackfire est confirmé, c'est carrément fabuleux! Ces gens pratiquent une musique hybride, entre le rock sans concession et les musiques du monde. Difficile à qualifier...
C'est ce qui s'appelle un beau festival!
PS: Ceci dit, merci beaucoup, mais il serait prétentieux de ma part d'être qualifié de musicien... Disons que je chante, certes, et que je bidouille un peu sur des machines...
Re: Re: Re: ...
je vais passer quelques temps au Burkina Faso et venir au Mali pour la tradition.
n'hésitez pas à écrire merci d'avance
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