Bien que j’aime la musique, je n’ai jamais aimé le bruit, son excès en continu ayant même le don de me faire sortir de mes gonds si je n’ai aucune possibilité de m’en éloigner ou de le faire cesser. L’appartement dans lequel j’habite, je l’ai donc choisi loin du centre ville, pour le calme d’un cul-de-sac donnant sur la mer. Mais les années passent et le calme n’est plus ce qu’il était, car mis à part les bruits inévitables mais/ou occasionnels, c’est la rumeur de fond de la ville qui s’est terriblement accrue. Ici, on vit les trois quarts de l’année les fenêtres ouvertes et, bien que mes voisins soient discrets, j’ai de plus en plus souvent l’impression d’avoir une chape sur la tête. Et pourtant, - et encore plus en été -, le bord de la Méditerranée a toujours eu une saveur de détente, avec ses plages à deux pas, ses eaux cristallines et la douceur des nuits que tout le monde passe partiellement dehors, quel que soit l’âge. Mais depuis deux ans, la municipalité a institué la mode du spectacle permanent. D’une grande variété sympathique dans un sens, surtout pour les jeunes qui aiment les endroits vivants, mais était-il nécessaire de transformer l’été en un vacarme permanent ? Donc quel n’a pas été mon soulagement quand, en septembre, on a commencé à tout démonter, rendant à la mer ses doux clapotis et au vent son bruissement dans les arbres. Et quel n’a pas été mon enthousiasme quand j’ai découvert que quelqu’un, Stuart Sim, professeur de théorie critique à l’Université of Sunderland en Ecosse, avait cru bon d’écrire un manifeste en faveur du silence : « Manifesto for silence ». J’en ai même parlé autour de moi avant même de l’avoir vu. Venons-en donc à ce livre.
Pour présenter ce livre qui comprend deux parties, j’aurais pu adopter le quatrième de couverture de sa version en italien. Mais vu qu'il n’a pas encore été traduit en français et qu'il ne s'agit pas d'un ouvrage qu'on peut liquider en quelques phrases, j’ai pensé qu’il était préférable que j’en fasse un résumé, et je remercie d’avance tous ceux qui auront le courage d’aller jusqu’au bout.
Car la question est grave : la diffusion de ce que personne n’appelle encore la « pollution acoustique » fait déjà des victimes. C’est désormais un problème social et même une question de santé vu que de plus en plus de jeunes souffrent de bourdonnements dans les oreilles, absolument irréversibles, et qu’il est aussi prouvé qu’une exposition chronique au bruit sans protections augmente les risques d’infarctus et le déséquilibre psychologique. Nul ne peut nier les bienfaits du silence quand on a besoin de se concentrer, ou sur le sommeil, par exemple, sur un malade, ou sur la masse des gens de plus en plus stressés en traitement chez les psys.
Après une introduction assez forte en défense du silence qui met en évidence les concepts opposés de confort et de menace qu’il sous-entend et une explicitation sur les choix terminologiques qu'il a fait, Sim entre dans le vif du sujet.
1ère partie : « La politique et la culture du silence »
Sim commence par une considération sur les décibels, système de mesure du bruit qui, dans le cas présent, sert de point de repère par rapport à la notion de silence. Puis il commence son tour d’horizon sur les différentes manifestations de nuisance par le bruit et sur les raisons qui en sont la cause.
Ces dernières années le trafic routier, ferroviaire, sur mer et même dans le ciel n’a-t-il pas augmenté da façon exponentielle ? Bon nombre de chantiers ne travaille-t-il pas de façon ininterrompue ? A-t-on déjà pris des mesures concrètes pour atténuer le vacarme qu’ils produisent ?
Est-il normal que l’amplification démesurée de la musique, et du rock en particulier, en appartement avec les chaînes Hifi qu’on déchaîne, les concerts sur les places et dans les jardins publics qu’on entend à plus d’un kilomètre ne soient pas encore considérés comme « une invasion de l’espace individuel et une violation à tous les effets des droits des particuliers » ?
Que dire du grand nombre de téléviseurs allumés toute la journée, des milliers de sonneries des portables (suivis de monologues à haute voix!), un peu partout, dans la rue, dans les transports en commun, dans les jardins et sur les promenades, etc… Faut-il se réjouir de leur irruption arrogante dans les lieux à l’accueil traditionnellement silencieux, comme les bibliothèques, les salles de spectacles et de concerts, parfois même les lieux de culte, parce qu’enivrés par le plus grand pouvoir qu’ils confèrent et la promesse technologique de nous tenir constamment en rapport avec le monde extérieur, on ne les éteint plus jamais ?
Les gens sont-ils tous conscients que la musique à haut volume dans les supermarchés et centres commerciaux a pour but primordial de désorienter le client, le poussant ainsi à l’euphorie de la dépense ; dans les pubs, les restaurants, les boîtes de nuit celui de le pousser à la consommation (d’alcool et autres), et qu’elle tue la communication ?
Saviez-vous que les gratte-ciels avec le concours du vent sur leurs parties métalliques, dans les cages d’ascenseur ou en tourbillons dans les espaces qui les séparent sont la source d’un bruit assourdissant ?
La souffrance et les dommages que causent à l’ouïe un excès de décibels (chiffres à l’appui) sont déjà tellement connus que les Américains ont mis au point une bombe sonore, selon le principe shock and awe (choc et stupeur), qu’ils ont utilisés en Iraq et qu’Israël utilise sur la bande de Gaza ou sur le Liban, dans le but de casser la résistance psychologique et réduire à la soumission. Ne sait-on pas que l'excès de bruit est régulièrement utilisé comme moyen de torture ?
Comment se fait-il que les gens ne se rendent pas compte que dans le conflit permanent qui existe désormais entre le silence et bruit, avec une progression galopante de ce dernier, les espaces silencieux sont de plus en plus réduits ?
Ce ne sont là que quelques-uns des exemples cités par Stuart Sim (pour ma part, je pourrais en ajouter beaucoup d’autres) qui y voit un déploiement d’agressivité qu’il n’hésite pas à appeler inhumanité, une inhumanité non plus occidentale mais globale vu que l’Asie toute entière a maintenant emboîté avec une frénésie sans mesure le pas du capitalisme de marché. Où qu’on se trouve, le bruit finit par vous rejoindre.
Aldous Huxley, dans son essai Le silence (1946), dénonçait déjà un lien étroit entre le bruit et le capitalisme,… et la publicité comme un véritable bruit. Car, comme l’explique Stuart Sim, il est évident qu’on se trouve face à la confrontation de deux concepts, « valeur » et « bonheur », auxquels répondent deux philosophies opposées. D’un côté la théorie de l’utilitarisme de Jeremy Bentham qui qualifie les activités de bonnes ou de mauvaises selon le degré de bonheur qu’elles procurent par rapport au nombre de personnes qu’elles touchent. De l’autre, celle John Start Mill qui affirme qu’il y des activités humaines qui ont plus de valeur que d’autres, mais qu’elles courent le risque de se perdre si on laisse, sans contraste, que ce soit la culture populaire qui prenne le dessus. Le silence ayant incontestablement plus de valeur que le bruit, « nous ne pouvons pas permettre que le bruit expulse le silence de nos vies, et encore moins que le bruit soit au service du marketing », déclare Sim.
« Ce n’est pas par hasard que les régimes totalitaires montrent tant d’enthousiasme pour les manifestations bruyantes de leur pouvoir militaire, ou pour les militaires. Se prononcer en faveur du silence équivaut à se prononcer contre l’arrogance d’un pouvoir idéologique », ajoute-il pour finir.
Mais, apparemment, il n’y a pas que les régimes totalitaires qui utilisent le lavage de cerveau par le bruit. Car le bruit empêche de penser. Chacun de nous, un jour ou l’autre a vécu, à ses frais, une expérience qui le prouve. « Penser est une activité essentiellement silencieuse, difficile à mener dans une société bruyante ; et la pensée a de grandes chances de devenir superficielle quand elle entre en concurrence avec d’autres stimuli. »
De quoi lancer un Manifeste, effectivement ! Mais continuons.
2ème partie : « Les vertus du silence »
Stuart Sim va à la recherche de l’importance qu’on lui donne ou lui a donné dans le monde de la culture, face, en quelque sorte, aux excès d’activités, mais aussi en tant que terrain fertile à la spiritualité, bien plus présent qu’on ne le croit dans toutes les formes de l’art.
L’importance du silence dans les principales religions, la place et le rôle que chacune d’elles lui réservent : chez les chrétiens, en partant des ordres contemplatifs mais aussi de l’importante liturgie des catholiques pour arriver au silence des quakers ; dans les religions non occidentales comme le bouddhisme, l’indouisme, le tao qui toutes les trois font une grande place au silence ; dans la métaphysique du silence de Max Picard qui jette un pont entre théologie et philosophie.
L’importance du silence dans la philosophie : « Sur ce dont on ne peut pas parler, il faut se taire ». Ici, il approche Wittgenstein, Derrida, Lyotard, Kant et le noumène, la phénoménologie, le scepticisme, le silence et l’Etre, le silence dans la philosophie non occidentale, Il conclut que comme pour les religions, c’est sur les questions philosophiques que le silence assume une valence conceptuelle qui lui est propre.
L’esthétique du silence. Sim navigue entre John Cage, dont la pratique du silence est liée au bouddhisme zen, et Susan Sontag et son fameux essai Contre l’interprétation dans lequel l’écrivaine affirme que l’interprétation des critiques est un obstacle à la jouissance des œuvres d’art, qu’il faut donc se taire et laisser les œuvres d’art en paix.
L’importance du silence dans l’art moderne : il équivaut à une volonté de retour à la pureté. Entre autres, il cite en exemple, pour la musique le fameux 4’33” de John Cage, pour la peinture, le suprématisme de Malevitch et les toiles monochromes d’Ad Reinhardt, sans oublier le ready-made de Marcel Duchamp, avec son absence de composition. Du côté du cinéma, Sim s’arrête assez longuement sur Le septième sceau d’Ingmar Bergman.
L’importance du silence dans la littérature : Sim s’intéresse à tous les aspects des non-dits qui peuvent avoir des significations différentes : les flux de conscience chez James Joyce et Virginia Woolf, les rapports entre le silence et le divin chez Hopkins et Rilke, les drames du silence chez Samuel Becket et Henry Miller, la faillite du langage et l’existence d’un règne de l’ineffable chez Laurence Sterne, etc… En fait, ici, Sim dresse un panorama sur une large tradition du silence qui constitue une réaction à « une crise radicale de l’art, du langage et de la culture » arrivée à maturité au cours du XXe siècle.
L’’importance du silence dans la linguistique, car on traite désormais le silence comme partie intégrante du discours verbal. Mais certains affirment que le silence est différent de toutes les formes de langages, d’autres qu’il représente la limite du langage, d’autres encore que parole et silence ne sont pas diamétralement opposés, mais donnent vie à une série ininterrompue de formes qui vont des formes les plus typiques de l’une aux formes les plus typiques de l’autre. Le silence est important dans la gestion d’un conflit, par exemple, pour sa valence positive vu qu’il laisse une porte ouverte, etc., etc., etc….
Et il conclut : « On ne peut pas ne pas restés frappés par la mesure dans laquelle le silence est intégré dans nos procès culturels. C’est justement cela, évidemment, que la thèse de mon essai veut démonter : le silence n’est pas un luxe, mais une nécessité dans notre vie quotidienne, et sans lui il ne nous sera plus possible de penser ou de communiquer de façon adéquate ».
Il ne manque donc plus que la conclusion dans laquelle Stuart Sim essaie de prodiguer quelques conseils pour faire front à l’attaque contre le silence dont est victime notre société contemporaine :
- développer une politique positive du silence ;
- défendre avec passion les vertus du silence d’un point de vue culturel mais aussi à travers une défense de l’environnement, non plus limitée à la pollution et à la destruction de la nature, mais élargie aux nuisances du bruit.
- Enseigner la prise de conscience du bruit en commençant par l’école, et promeut l'idée de Muriel Saville-Troike de socialiser les petits enfants à l’usage du silence afin de leur transmettre une vision différente du monde.
- Résister systématiquement aux campagnes d’informations basée sur le bruit, car sa nature agressive est le signe d’une volonté de prédominer et de refuser de reconnaître les droits des autres, en particulier le droit à ce qu’on vous fiche la paix. Car « dans une culture qui récompense la capacité de se faire valoir, vue comme la clef du succès sur un marché fortement compétitif comme celui de l’Occident, il est tout à fait impossible que la préoccupation pour le bien-être psychologique des autres soit une priorité. C'est cet état de choses qu'il faut changer ».
- le contrôle du bruit devrait devenir un thème politique local et national, au même titre que l’a été, avec grand succès, la bataille contre la fumée du tabac. S’il existe désormais des lieux non fumeurs, on devrait instaurer des lieux sans bruit. Etc...
Le public, termine Sim, doit prendre conscience du rôle crucial du silence dans la réflexion et la créativité, et dans la sauvegarde de notre bien-être. Cependant, vu qu’il serait impossible d’extirper complètement du monde les bruits inutiles ou le bruit généré par une société active vingt-quatre heures sur vingt-quatre tant notre vision du monde en est déjà imprégnée, il est donc urgent d’arriver à un équilibre entre bruit et silence, tout en continuant à insister sur les qualités positives du silence qui favorisent l’approfondissement de la pensée, et fournissent la clef qui permet d'explorer la nature spirituelle qui est la nôtre ou simplement notre identité personnelle.
« Il est temps d’élever la voix en défense du silence et contre la politique et la culture du bruit, et c’est pour cela que je conclus mon manifeste sur un ton aussi effrontément batailleur. »
Mon avis
Ici j’ai essayé de résumer les grandes lignes d’un ouvrage assurément plus touffu et plein de références. Il s’agit en tous cas d’un livre intéressant et que je conseille à tout le monde, mais en particulier à tous ceux qui cherchent une explication à la sensation de mal-être inexplicable qui les saisit de temps en temps. Ils n'y trouveront probablement pas les réponses qu'ils cherchaient, mais ils auront quand même la satisfaction d'avoir les idées plus claires sur une question qui, comme pour moi, leur tient véritablement à coeur. Je dirai même que ce livre-là, non seulement il faut le lire, mais il faut y revenir car la première lecture n’est pas la meilleure.
A mon avis, cependant, ce livre a quand même trois gros défauts.
Tout d’abord, on en ressort avec une sensation de déséquilibre, d'incomplétude, comme si on vous avait fourvoyé en cours de route. Car sur 188 pages, Sim ne consacre que 62 pages aux manifestations les plus évidentes de l’empiètement du bruit sur le silence. Il soulève de nombreuses questions, à peine développées pour certaines, mais qui en resteront là. Ensuite, tandis que cette première partie est facile à comprendre et à la portée de tous, la seconde est franchement élitiste (et par conséquent pas assez ouverte) et demande qu’on s’y accroche. Le développement sur « les vertus du silence », n'a souvent que le mot "silence" comme lien avec le but que l'auteur se propose, et sans jamais aucun retour à la vie quotienne, il semble parfois complètement hors sujet. Erreur propre à faire désister une partie des lecteurs. Après toutes ces longueurs (intéressantes malgré tout), les 6 dernières pages conclusives vous laissent vraiment sur votre faim.
Ensuite, le second reproche que je ferai à ce livre, c’est qu’il est vraiment trop anglo-saxon vieille manière, comme si le problème de l’augmentation du bruit et de la disparition des espaces silencieux n’était « perçu » que dans ce monde-là. Ne s’est-on donc jamais penché sur cette question dans tout le reste de l’Europe ? Et si on va voir plus loin, le bruit a toujours plus ou moins fait partie des pays méditerranéens - et j’en sais quelque chose -, ou des cultures des pays du sud en général. Mis à part le bruit arrogant, mondialisé et désormais omniprésent produit par capitalisme, suite aux courants migratoires, on assiste depuis plusieurs dizaines d'années à un mélange de traditions où bruit et silence n'ont pas toujours les mêmes valeurs que celles que leur attribuent les Occidentaux. C’est l’équilibre du monde qui est en train de se modifier. Alors pourquoi Stuart Sim ignore-t-il cette facette de la question ?
Pour finir, ce livre qui affirme être un « manifeste batailleur pour le silence » n'a rien de batailleur, pas même dans le ton. Ce qui ressemble vaguement à un "manifeste" n'a que 6 pages et n'est pas assez virulent. C'est une ébauche de considérations et de faibles suggestions, pleines de justesse cela va de soi, mais qui ne lancent aucun défi, ne réclament aucune loi sévère ou l'instauration de limites précises à ne pas laisser franchir, il ne fait aucune recherche sur ce qui se fait déjà pour sensibiliser les gens, pour mobiliser les municipalités, les gouvernements. L'unique référence au petits efforts de Michael Bloomberg, le maire de New York, ne suffit pas, car la disparition du silence, cela concerne tout le monde. Ici, en fait, bien plus qu'un "manifeste", il s'agit d'un essai incomplet.
En conclusion, s'il faut quand même reconnaître à Stuart Sim le mérite d'avoir soulevé la question, il n'en reste pas moins qu'il s'agit d'« une occasion manquée », comme on l'a écrit quelque part.
Donc, à lire quand même et de toute façon, en attendant que quelqu'un prenne le relai en approfondissant la question de manière plus incisive. Pour l'instant on peut le trouver en anglais et en italien.
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Commentaires et Mises à jour :
Re:
Je ne supporte pas plus les petits bruits de fond que toi. Cela me rappelle l'épisode d'un téléfilm, "Cold case", où l'enquête a lieu chez les Hamisch. Les détectives ont tout à coup peur du silence qu'ils y trouvent, mais ensuite, de retour dans le monde bruyant, ils prennent finalement conscience des bruits qui nous entourent.
En Italie, effectivement, le bruit fait partie intégrante des habitudes et les gens ne s'en méfient pas. Si je ne m'abuse, c'est le pays qui s'est le plus vite mis aux portables, et cet été j'ai pu constater que les Italiens trouvent parfaitement normal d'emmener les bébés et les petits enfants dans les poussettes aux concerts live à 140 décibels, alors que nous, nous prenions la fuite. Et la folie de plus en plus bruyante des supporters des équipes de foot ? Je me demande parfois s'ils sont conscients que cette hausse de niveau des nuisances par le bruit, mais aussi s'ils la supportent aussi bien qu'on l'imagine vu la recrudescence des épisodes de violence libératrice.
La théorie de ton mari est très intéressante et vaut vraiment la peine d'y réfléchir, car elle met en évidence la complexité de la question. Moi, j'ai eu la chance de visiter la Croatie de Tito, elle n'était pas riche mais elle n'était pas triste ni silencieuse car elle ne peut que rester méditerranéenne avant tout. Est-ce différent pour les pays plus continentaux ? Dans ce que vous, vous avez vu, il y a encore certainement beaucoup de restes des silences mortels de la guerre. De toute façon, dans les pays pauvres (ou qui l'étaient) l'abondance se manifeste souvent et encore à travers le bruit, comme les éclats de voix qui saluent le début d'un bon repas, ce qui peut effectivement expliquer pourquoi aujourd'hui ces pays-là acceptent volontiers et par association d'idées les "bruits capitalistes" qui eux aussi évoquent l'abondance et la richesse. On ne peut pas oublier, cependant, que la grande majorité des pays pauvres appartient au sud du monde où le bruit est considéré comme normal parce que du fait du climat on y vit toutes portes et fenêtres ouvertes et dans la rue, sans grande culture de la réserve et sous les yeux de tout le monde.
Toujours à propos du SILENCE
Un livre que j'aimerais également lire: "A book of Silence" de Sara Maitland. Lire une approche sur The Economist : Out of this world
Chez Amazon.com
et Amazon.co.uk
Mon mari avait une théorie, que nous avons vérifiée lors de nos excursions en Croatie ou en Slovénie: le silence évoque la pauvreté, la misère, alors que le bruit, quel qu'il soit, évoque la richesse.
J'ai souvent été étonnée de voir à quel point les gens sont peu sensibles au bruit: pour moi, un bourdonnement de transformateur, un sifflement de télévision, un ordinateur qui bourdonne peuvent représenter une vraie torture... sûrement une question d'éducation et d'habitudes.