Depuis deux jours le soleil est chaud, et le libeccio dispense avec décision son entrain sur les côtes du nord de la Méditerranée
L’hiver a épuisé sa violence. Les mimosas et les amandiers se sont déjà éteints. Même les plantes grasses sont silencieuses et fades. Si ce n’était pour l’austérité des arbres caduques dont les bourgeons n’ont pas encore éclaté, pour les taches jaunes et oranges des agrumes qui alourdissent encore les branches, pour les daturas qui laissent pendre leurs immenses corolles blanches, tout serait uniformément vert, d’un vieux vert, du vert noir des cyprès, du gris vert des eucalyptus, du vert sombre des caoutchoucs et des magnolias, du vert folâtre des palmiers. Seuls signes avant-coureurs, dès qu’on sort de la ville, ce sont les champs en fleurs. Dans certains le jaune prédomine, mais dans d’autres toutes les teintes sont mêlées, les plus vives, comme sur une palette, comme pour dire à Monet ou à Renoir qu’il avaient raison.
Mars est toujours très capricieux. Ici, on dit même qu’il est fou, car il vous jette du jour au lendemain de l’hiver à l’été, puis retourne à l’hiver, sans savoir se décider, faisant transpirer ou mourir de froid dans la même journée. Mais l’attente a commencé. Les tamaris, les arbres de Judée, la barbe de Jupiter convoitent leur moment. Les bougainvilliers taillés depuis peu sont au repos. Les genêts sont sur le point d’éclater, et les figues des Hottentots préparent leurs tapis. Les fenêtres indécises claquent au vent qui change. Les respirations deviennent haletantes. Au moindre rayon, les corps se précipitent au dehors comme des lézards, brûlant du désir de se fondre à nouveau dans une torpeur tiède.
L’attente est longue, elle dure souvent plus d’un mois et on en perd presque le souffle. Mais la confiance reste, car on sait qu’un beau matin, alors qu’on est au bord de l’épuisement, une légère brise au parfum enivrant des fleurs d’orangers emplira l’atmosphère, pénétrera jusqu’au fond des poumons, portant l’allégresse dans toutes les sensations. Alors, on saura que l’été est pour demain, et qu’il faut se tenir prêts à changer de vêtements, d’horaires, de rythmes, de désirs, de sentiments.
Mots-clefs : Méditerranée, Flore.
Commentaires et Mises à jour :
Re:
J'espère que chez toi, il ne fera pas trop de dégâts. Apparemment, vu que tu as pu lire mon article, vous avez encore du courant et le téléphone. Je te/vous (à ta famille et à tous les Réunionnais) souhaite bon courage, et que ça finisse bien vite.
Ca y est
Ouf j'en avais assez de cet "hiver" pluvieux.
Re: Ca y est
Les acacias ont déjà fini leur fleuraison, mais les hirondelles ne sont pas encore de retour. C'est bien sympathique les hirondelles, surtout quand les petits sortent leurs têtes du nid, mais ensuite il faut nettoyer...... Mais ma voisine dit que ça porte malheur de les obliger à se déplacer :-)))
Re: Re: Ca y est
Re: Re: Re: Ca y est
j'en ai profité pour voyager entre mer et maquis:-)
que de sujets traités en quelques jours ...toujours très intéressants :-)
Beau regard sur la nature !
Quel joli bouquet de printemps, moi qui suit encore dans la chaleur tropicale, copieusement arrosé ce dimanche par les restes de "Gafilo" , enfin sorti de la 'grande île' Malgache. Il y trois couleurs de Datura sur mon île, et cette plante s'est adaptée à toutes les hauteurs, on l'a dit "halucinogène" malgré son air innocent.
Merci, ImpasseSud pour cette ballade champêtre et printanière.