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« Monsieur Schmidt », Alexander Payne (2003)

Vu qu’on parle beaucoup de l’âge de la retraite, voilà un bon film qui tombe bien. Pas particulièrement réjouissant, à mon avis. Non seulement à cause du vide que celle-ci apporte, en particulier pour ceux (une majorité d’hommes) qui n’ont vécu que pour leur travail, mais à propos du sens de la vie. A condition qu’elle en ait un, car si c'était le cas, il me semble que l’être humain, quel qu’il soit à partir du moment où il a dépassé le stade de la survie guidée par l’instinct, ne passerait pas son temps à sa recherche.

 

Ce film est de 2003. La date de sortie d’un film est toujours très importante. Bons ou méchants, les USA restent un pays pionnier. Que ce soit en matière de progrès ou de dégradation, ils ont toujours une mesure d’avance.

Une histoire des plus banales (le nom du protagoniste le confirme), et c'est ce qui lui donne de la crédibilité. Et si le portrait de Monsieur Schmidt, un homme de 66 ans récemment à la retraite qui se retrouve seul et sans but après le brusque décès de son épouse et le rejet à peine déguisé d’une fille unique dont il a perdu l’enfance, la toile de fond révèle une nouvelle génération dont le sort est encore pire : une jeune femme rancunière qui est tombée, consentante, dans une famille plutôt déphasée ; un futur gendre aux multiples emplois précaires que sa mère, égocentriste exaltée, a éduqué à la naïveté du « rêve américain » ; un quartier de Denver dégradé en capharnaüm ; les rapports sexuels comme remèdes à tous les maux.
Tout un petit monde qui ne sait pas trop où il en est,  mais qui s'accroche aux rites traditionnels (vie soi-disant indépendante, mariage coûteux, voyage de noce) dont il n’a pas les moyens, se croyant en droit de prétendre sans rien donner en échange. Il y a du psy à l’américaine là-dessous, n’en doutons pas un seul instant. Quant à notre cher Monsieur Schmidt, un Jack Nicholson excellemment vrai, à la fin apparemment guéri de son désarroi, faut-il vraiment croire qu’une simple adoption à distance suffira à redonner un sens à sa vie, pour combler le manque de relations humaines dont il est désormais la victime ? N'est-il pas essentiel d'être encore utile à quelqu'un ou à quelque chose chez soi, dans son propre pays ?

 

Bref, bon film, bons acteurs, un portrait grinçant de la vie d’aujourd’hui, souvent faite de palliatifs pour éviter de voir ce que l’on a devant soi, de cynisme pour repousser les insatisfactions. Et, à long terme, d’individualismes suicidaires pour éviter de voir que le capitalisme, toujours plus avide, n’a rien trouver de mieux que de mettre les jeunes contre les vieux…. dans l'espoir de récupérer sur les seconds ce qu'il refuse de donner aux premiers. J’extrapole peut-être, mais je n’en suis pas si sûre. De toute façon n’est-ce pas le rôle d’un film, d’une histoire, d’un roman, que de vous faire extrapoler, justement ?

 

A voir, de préférence avec un moral blindé.

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Vendredi 17 Septembre 2010, 15:35 dans la rubrique "J'ai vu".