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Moravia Alberto, « Promenades Africaines » (1987)
--> Le charme du mystère

« Dans tous les voyages que j’ai fait en Afrique noire, on m’a reproché », écrit l’auteur dans un article publié en 1987 dans Il Gazzettino, « de ne pas m’être suffisamment occupé de la situation politique, sociale, économique, idéologique, etc. du continent noir.  C’’est vrai, tout du moins en partie, mais, de façon paradoxale, c’est l’effet de mon grand amour pour l’Afrique. S’il faut une comparaison exacte, c’est comme si, parlant à des amis d’une femme que j’aime, je parlais surtout de ses opinions politiques, de sa situation économique, de sa position sociale dans la société plutôt que de sa beauté. (…) Pourquoi l’Afrique est-elle belle ? Parce que c’est l’endroit de la Terre où la nature a érigé à elle-même un monument où on a l’impression de discerner une méthode, un ordre, un dessein, une intention et une régularité qui sont le propre des œuvres de l'homme. (…) Mais dans la beauté de l’Afrique, il y a aussi un mystère qui est sans autre inhumain ou, si on préfère, extrahumain. C’est le mystère qui s’est exprimé dans la religion autochtone de l’Afrique, l’animisme, et qui nous avertit que l’Afrique a surtout et avant tout une âme. Tous les autres pays du monde ont une histoire. Mais l’Afrique, elle, a une âme qui lui tient lieu d’histoire. C’est ainsi que l’histoire de l’Afrique, à la fin, quand tout a été dit, c’est l’histoire de son âme. »

 

Chaque année, pendant 18 ans, Alberto Moravia et sa compagne de l’époque, l’écrivaine Dacia Maraini, se sont rendu en Afrique, dans l’Afrique la plus noire, y attachant toujours un projet de travail afin de visiter le ou les pays de leur choix de la façon la moins touristique possible. Dès qu’ils arrivaient, ils essayaient de laisser derrière eux l’Afrique des grandes villes, des grands hôtels, des restaurants de luxe, des piscines et des autoroutes, pour s’enfoncer vers l’intérieur, dans l’Afrique des animaux sauvages, mais surtout des arbres et des forêts, où les routes ressemblent à des marécages pleins de trous, où, pour dormir, il faut compter sur les missions et pour manger il faut se contenter de bananes frittes et de pâte d’ignames. C’est ce dont l’auteur parle quand il raconte ses trois voyages, le premier à travers le Congo, la Tanzanie et le Burundi en 1983, le second au Gabon en 1984 et le troisième au Zimbabwe en 1986. Un regard perspicace, critique même envers le néocolonialisme et sans le moindre sentimentalisme, mais avec une chaleur imperceptible au début mais qu’on sent peu à peu monter en soi.

 

Aujourd’hui, qu’en est-il, exactement, de ces pays ? Je suis au courant des terribles guerres intestines financées par l’Occident, des dévastations pour leur arracher leurs ressources, du Sida et des autres maladies qui minent les populations, des conséquences internes de la fin de l’apartheid sud-africain. Malgré tout, je ne regrette pas d’avoir réussi à oublier tout cela, grâce à Moravia, durant quelques heures, pour un voyage dans le cœur encore intact de l’harmonie de la Terre.

A lire! Pour tout ceux qui veulent se laisser charmer par l'Afrique...  et même pour les autres.

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Samedi 18 Juin 2005, 16:44 dans la rubrique "J'ai lu".