J’aime les dimanches matin, surtout quand ils sont sans projets et par suite sans horaires. A la place de l’habituel brouhaha de fond, des bruits d'engins capricieux ou de klaxons énervés, le silence. Ou plutôt un désir de silence, un chien qui aboie, le moteur d’une barque, les coups de marteau d’un bricoleur, le cri d’une mouette. J’aime la nonchalance qui me saisit, qui décompose mes gestes, comme mis au ralenti, le farniente annoncé, le peu de mots qu’on prononce tant est grande l’harmonie.
L’été est là, depuis deux jours. Même si la chaleur n’est encore que bouffées éparses, même si l'immobilité de l'air n'a pas encore contaminé tous les efforts, les couleurs l’affirment : le bleu laqué de la mer, le gris bleuté des collines aux contours émoussés, l’azur flou du ciel derrière son léger voile de brume, les rouges, les violets, les fuchsias violents des bougainvilliers, le vert roux des eucalyptus pas encore calcinés, le jaune paille des herbes folles, le rose, le rouge, le blanc, le pourpre des lauriers qui envahissent les lits aveuglants des torrents bientôt asséchés.
Les barques de pêche à l'espadon, aux appendices démontés durant l'hiver, ont recommencé leurs rondes incessantes. Le soleil décrit déjà sa courbe nordique, mais loin des lieux touristiques les plages sont encore désertes car pour la population locale l'eau est encore trop froide. Et puis, à quoi bon se presser ? Devant soi il y a cinq mois d’été assuré. Alors on prend tout son temps pour sortir des armoires les trésors de légèreté ensevelis pendant la saison rigide, pour choisir ses sandales, ses vêtements, pour palper la fraîcheur des étoffes douces au corps et à la vie, pour oser les couleurs les plus exaltées. On sort les parasols, les chaises longues, les sacs de plage avec le moelleux des serviettes multicolores et les crèmes protectrices parfumées qu’on étalera sur son corps avec lenteur.
La volupté de l’été méditerranéen, violence et douceur emmêlées, comment y résister ? Désormais, ne me demandez surtout pas de me dépêcher...
Mots-clefs : Méditerranée
Commentaires et Mises à jour :
Re: souvenirs...
Re: Re: souvenirs...
Pierre, bien contente de te voir réapparaître! :-)
Sophie, les grillons, comme je suis en ville, on ne les entend que le soir. La nonchalance... Je pense parfois aux gens du nord qui ne la comprennent pas....
Tu n'es pas obligée de répondre, ce n'est qu'un soupir de ma part.
Re:
Re: Re:
Je partage l'idée d'Alberto!
Tu te sous-estimes, ImpasseSud, ta plume ne laisse pas indifférent... :)
Re: Re: Re:
Merci, merci!!!!! N'en jetez plus! -:)))))))
De toute façon, pour écrire, l'isolement et la concentration sont essentiels. Et ces temps-ci j'en manque plutôt. Alors si tant est qu'un jour je doive écrire quelque chose, ce ne sera certainement pas pour tout de suite. :-))))
Livre à thèmes
Heu ...désolé d'en rajouter une "couche", ton site est déjà un livre à thèmes où chacun(e) peut s'y plonger à souhaits. On se sent chez soi ici et c'est un signe!. Si tu avais mis un compteur, il serait déjà bien rempli.
Permet-moi de te féliciter et de t'embrasser par la même occasion.
à bientôt ImpasseSud :-)
Pierre
souvenirs...
Belle description de farniente tout à fait de saison!
Pour nous dans le plein sud, c'est le début de l'hiver austral et le maxi est de 28° le jour et 24° la nuit.
Seuls, les platanes plantés à 1000m d'altitude, marquent la fin de l'été, par la perte de leurs feuilles au mois de mai, alors que chez vous, ils sont tout vert!
J'aime beaucoup me perdre dans tes descriptions d'observations environnementales et je trouve que la fin du texte arrive trop vite... Continue à me faire rêver et à faire ressortir des souvenirs déjà si lointain!