S’il y a un livre que je suis contente d’avoir lu, c’est bien celui-là, encore plus parce qu’il date de 1971. Car à propos d’une Palestine géographique pas encore pacifiée, il est bon de se remémorer ou peut-être de découvrir la page d’Histoire qui décida, par un vote des Nations Unies, de son partage en deux Etats, un Etat arabe et un Etat juif, le 29 novembre 1947, pour déboucher, le 14 mai 1948, sur le départ des Anglais qui occupaient la région depuis 1917, la proclamation de l’Etat d’Israël et le départ en guerre des Arabes. « Un conflit allait embraser la Terre sainte et ne plus s’éteindre. Ce livre en raconte la naissance » : ceci est la conclusion du prologue.

La narration part donc des vicissitudes d’un vote difficile à New-York, de la brève explosion de joie des Juifs dans les rues de Jérusalem en cette fin novembre 1947, d’un rappel succinct de l’Histoire des habitants et occupants de cette région depuis la nuit des temps et de la naissance du Sionisme, pour arriver, tout d’abord à la guérilla qui éclate immédiatement entre Arabes et Juifs, puis, le 14 mai 1948, dès le départ des Anglais et la proclamation de l’Etat d’Israël, à une véritable guerre déclarée entre le nouvel Etat juif et la coalition des Etats arabes qui l’entourent. Encore et toujours pour la possession de Jérusalem !... mais aussi "pour jeter les Juifs à la mer".

A travers un récit objectif étayé par des plans, des photos et des documents, Dominique Lapierre et Larry Collins racontent la vie à Jérusalem sous l’occupation anglaise et le net parti-pris de Londres en faveur des Arabes, la détérioration rapide des rapports séculaires de bon voisinage entre Juifs et Arabes dès l’annonce du partage, les volontés tenaces, les actes de courage inimaginables, les coups de génie extraordinaires dans le chaos européen qui suivit la Seconde guerre mondiale, mais aussi les pressions diplomatiques, les influences, les ententes et les mésententes, les soutiens, les entraves, les défections qui tour à tour servent ou desservent les belligérants, en dévoilant les cartes que pays et chefs d’Etat amis et ennemis jouaient déjà en sous-main…. Comme aujourd’hui.