Près de moi un bouquet d’origan, certains l’appellent « splendeur de la montagne » (du grec « oros » = mont et "ganos" = splendeur). Quand on me l’a apporté, il avait cette inflorescence arrondie d’un léger rose pourpré, douce au toucher. Surtout, n’allez pas croire le Larousse, ce n’est pas de la marjolaine. Non, le mien est « vulgare » . Ses petites feuilles vertes sont finement barbues. Il a poussé non loin de la mer, à l’état sauvage, là où le soleil est brûlant, et il s’est enflammé.
On me l’a apporté il y a trois jours. Maintenant, son exubérance s'est estompée, ses fleurs commencent à sécher, tournent à la rouille et vont encore changer. Ses feuilles se tordent, assoiffées.
Au fil des heures son arôme évolue. D’une bonne odeur de champ qui rappelle de loin celle des foins, il a ensuite acquis, un je ne sais quoi de douçâtre, et je l’ai abandonné, là, près de l’âtre. Mais depuis ce matin, il parfume de chaleur, de midi, de maquis, et même un peu de nuit. Les tiges sont bois et les feuilles ténues sont si friables que je n’ose plus les effleurer.
Demain, après-demain, il sera sec, argenté, car les fleurs seront tombées, humble et discret d’apparence; mais c’est là, finalement, qu’il libérera, comme par magie, au milieu de toute sa fragrance, une pluie de miettes de feuilles, uniques et importantes, à la saveur de soleil.
Mots-clefs : Flore, Méditerranée
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