Les pétitions sont à la mode. Chacun lance la sienne. Il y en a qui sont importantes, comme celle qui dernièrement demandait qu’on « libère la musique », ou encore celle pour la « libération de Florence et Hussein », d’autres qui sont en faveur des droits de l'homme, pour une modification ou une sauvegarde locales, il y en a celles qui sont utopiques, colériques, fantaisistes, etc... et parfois même franchement ridicules. Si vous voulez vous faire une idée à propos de la diversité et de la quantité (incroyable !) des pétitions en cour, cliquez ici.
Moi-même, récemment, j’en ai signé une, lancée par Amnesty International pour protester auprès du ministre de l’intérieur italien, contre la façon dont l’Italie traite les immigrés qui débarquent sur les côtes de Lampedusa, souvent après une odyssée de plusieurs années et une traversée dantesque, les enfermant dans des CPT (Centre de Permanence Temporaire) qui ressemblent à des lagers, les réexpédiant immédiatement en Libye (où ils finissent en prison) sans leur donner le temps de faire une requête de droit d’asile, et interdisant toute visite de contrôle à
Cependant, il y a peu de rapport entre « important » et « efficace ». Si une pétition locale de moindre importance a des chances d’être beaucoup plus efficace, il y beaucoup moins de probabilités que le ministre de l’Intérieur italien s’émeuve à la vue d’une pétition lancée par Amnesty. Quant à celle qui est partie de Libération, convaincra-t-elle les Iraquiens à relâcher Florence et Hussein ? Un manifestation monstre, comme en Italie pour Giuliana Sgrena – et non pas des dizaines de petites manifestations qui passent inaperçues en Iraq et même en France – n’aurait-elle pas eu, n'aurait-elle pas une résonance, un impact majeurs ?
J’ai signé, je suis contente d’avoir signé, mais je ne me fais pas trop d’illusions. Il y a de grandes chances pour que cette pétition aille rejoindre toutes les autres, dans les archives du ministère, sans même avoir été lue avec attention. Cette signature, cependant, aura au moins le mérite de concrétiser ma prise de position à un moment donné, mon opposition face à un comportement inhumain, et de démontrer, en même temps, ma conviction de la nécessité sur le plan mondial d’organisations telles qu’Amnesty International.
Qu’on y pense avant de lancer une pétition pour tout et n’importe quoi en pensant que ce sera suffisant pour obtenir gain de cause, car, comme dit le proverbe, le trop est l’ennemi du bien, et on finit ainsi par faire du tort aux causes ciblées.
Mots-clefs : Amnesty International, Immigration, Société.
Photo : Marc Chaumeil