Hier, j'ai finalement renoué ma relation avec la mer, pour une nouvelle saison. Nombreux sont ceux qui s'imaginent que quand on habite au bord de la Méditerranée, on saute dedans dès les premières chaleurs. Et bien non, il n'en est rien, car si d'un côté on a hâte de retrouver cette jouissance du corps, de l'autre on a tout son temps, car la mer nous ouvre ses bras jusqu'à fin octobre, et parfois même en novembre. Alors on fait patienter son désir et, avant de se décider, on attend "la" journée parfaite. Hier matin, elle était là.
Ici, on aime aller à la plage le matin, sentir la chaleur monter avec le soleil, s'offrir à lui sans vergogne, voir les ombres se raccourcir, jouir de la mer étale, silencieuse, immobile, papoter ou sommeiller sous un parasol, et puis, quand l'astre est au zénith, que l'onde devient épaisse et le plaisir flou, traîner ses sandales sur l'asphalte brûlant pour aller mettre les pieds sous la table dans une maison sombre et fraîche. J'ai eu du mal à m'habituer à ce rythme, car le matin, qu'on travaille ou qu'on ne travaille pas, on a toujours beaucoup à faire. Aussi, je préférais m'y rendre l'après-midi, mes tâches accomplies. Un jour, il faudra que j'écrive à propos de l'incohérence des horaires méditerranéens, surtout pour les femmes. Aujourd'hui, j'aime toujours y aller l'après-midi, à l'heure où l'eau tout d'abord aveuglante s'assombrit sous le tain d'un miroir au fur et à mesure que le soleil s'approche des montagnes, là-bas vers l'ouest, je guête toujours avec bonheur l'arrivée de la paix du soir qui calme les cris et les rires, transformant les conversations en confidences, mais j'ai aussi appris à aimer la plage le matin.
Hier, la journée s'est tout de suite annonçée limpide et calme, souriante, sereine. Le ciel pâle était extrêmement pur. Une toute petite brise frisait la surface de l'eau. La plage était presque déserte quand nous sommes arrivés. Le temps de planter le parasol et de bien étaler une bonne couche de crème protectrice (ici le soleil est intraitable, surtout avec les peaux qui en sont à leur première exposition), et j'avais déjà un pied dans l'eau. Brrr... j'ai eu une pensée pour la Bretagne. Mais sur les galets poncés, un peu rudes, j'ai quand même avancé l'autre pied, puis un genou. Le soleil enjoué, le doux clapotis des vaguelettes comme unique rumeur, l'eau cristalline, les reflets d'émeraude, la senteur à peine iodée, l'étendue vivante, les sauts hors de l'eau, en un bel arc, des bandes de petits poissons aux reflets irisés, le charme immuable de la baie et de son éperon légendaire, le vert des collines, encore brillant en ce début d'été, les gestes lents de ce vieux pêcheur dans sa barque aux couleurs locales, un peu plus loin : comment résister? Encore quelques pas, et je me suis lancée. Au bout de quelques instants, le froid du premier contact n'était déjà plus qu'une fraîcheur qui caresse. Quelques personnes, sur la rive, hésitaient encore, nous n'étions que deux à nous partager cet infini.
J'ai nagé longtemps, louvoyant contre un fort courant qui venait du sud et me reportait en arrière dès que je ralentissais mon effort, mais aussi, au retour, je me suis laissé porter, légère, consentante, comme si quelqu'un prenait ma vie en main, lavant les difficultés de l'existence, sous ce soleil qui me dilatait le coeur. Au bout d'une heure, le corps las, j'ai regagné la rive et je me suis assise, à l'ombre, l'esprit au repos, laissant couler le temps, au rythme éternel du flux et du reflux. Hier soir, j'étais bien un peu rouge ! Mais cela aussi fait partie de la première baignade.
Mots-clefs : Méditerranée
Commentaires et Mises à jour :
Bravo pour ta baignade, ImpassSud, j'espère que tu n'as pas eut de coups de soleil!
Ici, ceux qui sont en repos le samedi, vont se baigner le matin car l'après-midi les enfants n'ont pas d'école et c'est la cohue vers les plages. Pour ma part, maintenant, j'ai tout mon temps...j'y vais en semaine tranquille!
Ici, nous passons en hiver austral, la journée, il fait 28 à 29° et la nuit il fait au plus bas 19° (températures sur la côte évidemment). Sur les plateaux ça peut givrer la nuit, mais vite disparu dès les premiers rayons solaires.
Re: Le soir quand tout le monde est parti
Bien entendu, il fait jour très tôt, et c'est, je pense, une des raisons pour lesquelles ici on préfère aller à la plage le matin. L'après-midi, on le réserve plus volontiers au shopping et à la promenade quand le soleil se couche.
En ce qui concerne les brûlures, je me suis fait avoir le premier été que j'étais ici, mais on ne m'y a pas reprise une seconde fois. D'une part, j'ai toujours une bonne crème et un parasol à portée de main, comme tout le monde d'ailleurs. Ensuite, vu que ce que j'aime c'est nager, je ne reste jamais très longtemps à la plage après que je sois sortie de l'eau. Ici, les mères avec de très jeunes enfants vont à la plage très tôt, vers 9h jusqu'à 10 h/11h, ou, comme toi, en fin d'après-midi (Ta petite Lolo est vraiment très blanche!). Avec les miens, afin pouvoir les laisser jouer en paix, j'avais pris l'habitude de leur remettre un T-shirt dès que le soleil commencçait à être chaud. S'ils le mouillaient, cela les maintenait au frais! :-)))
L'océan est-il déjà chaud?
Re:
Quant à toi, tu as bien raison de profiter de l'embarras du choix. L'avantage, chez moi, c'est que la zone où j'habite n'est pas très touristique, et même en plein mois d'août, il est tout à fait possible d'éviter la foule, même le samedi et le dimanche.
Bonne nuit.
Le soir quand tout le monde est parti