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Fo Dario, « L’apocalisse rimandata ovvero Benvenuta catastrofe ! », (2008)
--> Puisqu’il faut broyer du noir, broyons-en... en souriant

Dario Fo, Prix Nobel de Littérature 1997, est également un grand comique satirique. La dernière fois que je l’ai vu à la télé, c’était en mai dernier, alors qu’il venait présenter son dernier livre, expliquant que, pour lui, le réchauffement terrestre mais surtout le peu de cas qu’on en fait sont devenus une véritable obsession. Obsession qui l’a porté à imaginer, à travers une sorte de fable prophétique, ce qui se passerait si un beau matin, à Milan, à Rome et dans n’importe quelle ville du monde, les lumières refusaient de s’allumer, les frigos restaient éteints et les pompes à sec. En un rien de temps, les banques et les assurances s’écrouleraient et l’argent ne vaudrait plus rien. Avant-hier, au soir du « lundi noir », c’est ce qui a longtemps tenu en haleine nos conversations, essayant d’imaginer, entre plaisanteries et peurs inavouées, où nous reporteraient un monde sans argent. Mais revenons à notre fable.

 

Un beau matin donc, plus d’électricité, plus d’essence et l’argent ne vaut plus rien. Après un terrible chaos initial où tout le monde finit par comprendre qu'aucun secours n'arrivera, les boulangeries au feu de bois sont prises d’assaut, les bicyclettes et l’énergie renouvelable (solaire, éolienne et combustibles végétaux) s’affirment finalement et grimpent vers leur apogée. Les guerres pour le pétrole n’ont plus de raison d’être. Les puissants de la terre restent prisonniers dans leurs villas super protégées débordantes d’accessoires derniers cris désormais inutilisables, tandis que les hommes politiques et les religieux eux aussi dans la mouise arrêtent finalement leurs discours inutiles et fouillent partout avec les affamés. Au milieu des soubresauts de la nature qui reprend ses droits, les villes se vident, les campagnes se repeuplent, les véritables compétences sont finalement appréciées et les imaginations, non plus au service de l’argent, se débrident enfin ; l’émigration repart en sens inverse, etc… Et, partout, on recommence spontanément à se réunir, à échanger des idées, à s'aider, en somme à construire une nouvelle société.

Une comédie qui pourrait facilement être mise en scène, pleine de fantaisie, de drôleries et de mots d’esprits, illustrée avec 65 dessins de la main de l’auteur, chaque chapitre étant cependant précédé par une citation brève ou longue, récente ou issue d’importants textes anciens, sérieuse, légère ou franchement hilarante, comme une sorte de clin d’œil à l’être humain.

L’apocalypse, il paraît que Nostradamus l’aurait prévue pour le 12 mars 2012. « Pourvu qu’il ne pleuve pas ! » dirait l’homme de nos jours avec le manque de sérieux qui le caractérise. Quant à Dario Fo, il ne lui met aucune date, mais pour lui, elle est inéluctable. En tant que comique, cependant, il se demande si la catastrophe ne pourrait pas, au contraire, se révéler comme le sauvetage, et même la renaissance de notre planète. C’est la raison pour laquelle il lui souhaite la bienvenue.

 

 

En ce qui me concerne, c’est la notoriété de l’auteur et son ton convaincu qui m’ont incitée à acheter ce livre… somme toute un peu terrifiant vu qu’il arrive d’un auteur comique. C’est pourquoi je n’en ai pas parlé, lui trouvant vite une place sur mes étagères. Et pourtant, je suis persuadée qu’il a raison. Le chaos financier de ces jours-ci est un avant-goût de cette catastrophe annoncée depuis des années mais dont aucun de nos gouvernements n’a tenu compte. Nous sommes tous là, tendus, celui-ci pour ses économies, celui-là pour le taux de son prêt, cet autre pour sa place, etc., en train de nous demander ce qui va se passer, comment cette crise va évoluer. Pour ma part, je m'éforce de croire qu’on s’en sortira puisque le monde entier est concerné. On ne coule pas volontairement l'unique barque sur laquelle on se trouve, on essaie au contraire de calfeutrer toutes les voies d’eau.
Voilà cependant une bonne occasion de réfléchir, de comprendre la leçon de cette alerte, une occasion à ne pas perdre, car : « Quand nous entendrons le dernier avis du « on ferme ! », abasourdis comme des dadais au moment de la dernière avalanche de poussière et de lave, nous nous agiterons sans savoir quoi faire. Ce n’est qu’alors que, comme un ressort, nous nous lèverons en criant : « Je veux vivre ! ». Et bien, non ! C’est trop tard, bande d'imbéciles ! »
C’est sur ce paragraphe que se referme le livre. Dario Fo ne rit plus. Moi non plus. Et vous ?


P.S. Bien entendu,
ce livre n'a pas encore été traduit en français.

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Ecrit par ImpasseSud, le Mercredi 8 Octobre 2008, 16:57 dans la rubrique "J'ai lu".

Commentaires et Mises à jour :

otrebla
09-10-08 à 08:15

Si toi tu le traduisais ce livre...

"On ne coule pas volontairement l'unique barque sur laquelle on se trouve, on essaie au contraire de calfeutrer toutes les voies d’eau." Jusqu'au moment où... on en revient à la dernière phrase du livre (qui vaut donc la peine d'être traduit).


 
ImpasseSud
09-10-08 à 09:29

Un premier cas de déconfiture hautement significatif

Lire dans Le Monde : L'islande au bord du gouffre. Un pays à l'apparence exemplaire, du côté de la réussite pour tous et de l'écologie, mais où on découvre que ce monde-là vit à crédit depuis longtemps et sur un endettement des banques représentant 12 fois son PIB !!!!


 
ImpasseSud
09-10-08 à 09:58

Traduction ?

Otrebla,
Tout d'abord, bienvenue par ici.
Ton commentaire, cependant, démontre que tu ne dois pas être très informé au sujet du monde des traductions littéraires. Un monde très fermé où chaque éditeur a déjà ses traducteurs attitrés, d'autant plus quand il s'agit d'un écrivain célèbre. En plus, en France on ne traduit pas beaucoup : la preuve, c'est qu'on ignore même les Prix Nobel. Tout cela sans vouloir aborder la question des droits.
Une "bonne" traduction d'un livre de 200 pages requiert près d'un mois de travail. Si, de temps à autre, je traduis volontiers et gratuitement des textes épars pour parents, amis et pour ce blog, je ne vais certainement pas me lancer si personne n'est disposé à rémunérer ce travail à son tarif, d'autant plus que le style de Dario Fo, extrêmement riche en vocabulaire, allégories, métaphores etc... n'est certainement pas facile à traduire.
Espérons donc que les éditeurs français de Dario Fo (Plon ? qui semble déjà avoir sa traductrice attitrée) se décident bien vite à reconnaître l'importance de ce livre, à le faire traduire et à le publier.


 
otrebla
09-10-08 à 11:22

Re: Traduction ?

Tu as raison ImpasseSud !
On ne traduit pas beaucoup en France, dis-tu... sûrement que la France est à la traîne dans ce domaine !
Je ne suis pas éditeur, hélas, mais je serai quand même au salon du livre de Francfort, la semaine prochaine. Ah je me demande pourquoi tu n'écris pas toi-même un livre !

 
ImpasseSud
09-10-08 à 13:42

Re: Traduction ?

A la traîne ? Je ne sais pas. Pour ma part, vu de l'étranger, j'y vois plutôt une espèce de sentiment de suffisance, compréhensible autrefois mais aujourd'hui dépassé. En France, on se plaint souvent de la perte de vitesse de la francophonie dans le monde, mais je crois que cela vient avant tout du replis des Français sur eux-mêmes. Au nom de quoi ? D'une certaine supériorité ? Comment expliquer qu'Arte, par exemple, se rende inaccessible via Internet à tous ceux qui n'habitent ni en France métropolitaine ni aux DOM TOM ? Voilà une belle occasion de perdue pour la "santé" de la langue et de la culture françaises dans le monde. Pour en revenir aux traductions, comment est-il possible qu'en France on ne comprenne pas qu'un bon livre étranger traduit en bon français fait progresser le français ?! A voir ce qu'on trouve en vente dans les librairies et grandes surfaces, il est clair que la qualité du contenu des livres importe de moins en moins aux éditeurs.

Cela n'empêche pas que j'envie terriblement la chance que tu as d'aller au salon de Francfort. J'espère que tu y trouveras des choses intéressantes. En tous cas, vu que nous sommes en période de Prix Nobel, saluons Jean Marie Le Clézio. Je le connais depuis longtemps, je l'avais presque oublié. Il va donc falloir que je le redécouvre.


 
PierreDesiles
16-10-08 à 11:21

Merci ImpasseSud pour m'avoir orienté vers cet article et ce livre qui n'aura peut-être même pas le temps de servir de scénario pour un prochain film, tant la réalité prend le pas sur la fiction. J'espère que la traduction française est prévue, même si ça dérange certaines consciences confortablement installées dans leur bien-être.

Tout a une limite, et un élastique trop tendu se casse, c'est une évidence que certains malins pensent pouvoir s'affranchir !

Bravo pour tes articles ImpasseSud 


 
ImpasseSud
16-10-08 à 14:08

En attendant une traduction...

... je te signale, au cas où elle arriverait jusque chez toi vu qu'elle est de nouveau en tournée en France, une pièce de Dario Fo, "Faut pas payer", une pièce de 1973 imagine un peu ! qui est tellement actuelle qu'elle a de nouveau un grand succès.

Merci pour ton appréciation. J'ai bien ralenti mon rythme. Et toi, écris-tu ailleurs pour l'instant ?

 
PierreDesiles
20-10-08 à 19:20

Re: En attendant une traduction...

""Merci pour ton appréciation. J'ai bien ralenti mon rythme. Et toi, écris-tu ailleurs pour l'instant ?""

J'écris seulement par réaction à des événements et certains sujets qui me donnent l'occasion d'émettre un commentaire en passant, mais plus de "pianotage" assidû ! La vie passe si vite qu'il faut en goûter tous les bons moments. Je trouve aussi que les mots ne remplaceront jamais l'exprssion intérieure qui est difficile à traduire en quelques phrases. Les mots n'ont pas la même portée sur chaque individu ... enfin tout cela est une autre histoire !


 
ImpasseSud
22-10-08 à 18:33

Re: En attendant une traduction...

A lire sur BibliObs : "Qui traduit quoi ?" Jacques Drillon soulève un peu le voile