"Par les temps qui courent, c’est tellement dur d’être un tireur d’élite des Etats-Unis ! Le travail ne manque pas, c’est certain, mais l’endroit où on a le plus besoin de vous c’est l’Iraq, et ce n’est pas le maximum pour ceux qui restent perchés sur les toits dans leurs gilets pare-balles, un fusil à haute précision dans les mains. L’été, la température monte jusqu’à 50 degrés, avec, tout au plus, un soldat comme compagnie, le vent qui vous jette au visage la poussière du désert, et quand vous êtes en mission, p…, vous devez vous arranger avec le peu de nourriture mise à votre disposition pendant les jours où vous êtes caché dieu sait où. Une sale vie ! Heureusement qu’il y a quelqu’un qui prend soin de vous en vous adoptant. A distance, bien entendu, comme les enfants des pays pauvres.

Ceux qui auraient envie d’aider ces gars en difficulté feraient bien d’aller jeter un coup d’œil sur http://www.adoptasniper.org/. Là, ils peuvent effectuer des dons en argent. Ensuite, cet argent sera utilisé par  ceux qui savent le mieux acheter les objets dont les tireurs ont besoin. Mais on peut également choisir d’envoyer de la marchandise directement au front. Il vaut mieux éviter d'expédier, précise-t-on, du chocolat, des chips ou de la nourriture en boîte à la date d’échéance dépassée.

Le site a été créé par Brian Sain, un type qui a travaillé pendant 15 ans dans la SWAT (la brigade de police la plus prestigieuse au monde) et maintenant il est détective auprès du département de Police de Port Arthur au Texas. En somme, quelqu’un qui connaît le milieu. Adoptasniper n’est pas le premier espace on-line fréquenté par ceux dont le métier est de tirer. Il s’agit d’une véritable communauté, ou plutôt d’une caste d’élites. En font partie les soldats à la mire la plus précise, des gens de sang froid, qui tirent dans la foule à 500 mètres de distance et exultent s’ils réussissent à toucher le bon objectif au milieu de la cohue.

« Une fois, écrit le chef-tireur sur Adoptasniper, un de mes gars a repéré au moins 150 personnes armées de lance-roquettes et de kalachnikov qui se mêlaient aux civils. En trois coups, à 430 mètres de distance, il a tué deux hommes et il en a blessé un troisième. Peut-être que ça n’a pas l’air d’un exploit, mais vous devez tenir compte du fait qu’il tirait du cinquième étage d’un immeuble et que les gens étaient en train de courir dans la rue. Je suis fier de mes hommes ». Ce sont des choses qui font plaisir, et, comme l’écrit un autre tireur dans une lettre adressée au site : « dans l’armée, il n’y a pas de meilleur job ».

Mais l’armée américaine, surtout depuis qu’elle a autant de soldats sur le terrain en Iraq et en Afghanistan, ne fournit pas toujours l’équipement nécessaire pour accomplir au mieux son propre travail. La nourriture manque souvent à ces pauvres malheureux, abandonnés sur les toits et dans les immeubles (« Jusqu’à présent, nous a perdu 5 kilos chacun», lit-on dans une lettre sur Adsoptasniper), la boisson manque aussi, à tel point que parmi les requêtes les plus fréquentes, on trouve les tablettes de protéines et les boissons pleines de sels minéraux. Et puis, le temps ne passe pas, et c’est pour cette raison que les tireurs ennuyés – durant les pauses, entre un tir et l’autre – essaient de prendre patience en mastiquant du tabac qui fait également parti des cadeaux prisés.

Toutefois, les cadeaux techniques sont les plus appréciés : des lunettes à infrarouges, un filet pare-balles pas trop encombrant qui permette de mieux tenir son fusil, tout le nécessaire pour le nettoyage et la lubrification de la canne, des mini-jumelles, un trépied pour ne pas trembler. Parce que le tireur n’est pas content s’il manque son but. Il court toujours le risque de toucher une autre personne et après tout le mot d’ordre de la catégorie est « one shot, one kill ». Les projectiles coûtent cher, que diable !

Signé Alessandro Ursic, Peacereporter. Traduction de l’italien ImpasseSud

Si on me l'avait raconté, je n'y aurais pas cru. Et vous?

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