Une rapine qui freine la reprise économique ! Voici la réflexion que le journaliste italien Marco d’Eramo a publié sur Il Manifesto d’il y a quelques jours et sur laquelle cela vaut vraiment la peine de s’arrêter : « La rapine à banque armée du millénaire est sous les yeux, ou plutôt sous les oreilles de tout le monde, mais personne n’en parle….

« Une part croissante de notre revenu finit en biens immatériels qui n’exigent aucun travail (et par conséquent ne créent aucun emploi) : c’est le temps téléphonique de nos portables. Non pas parce que les tarifs sont exorbitants, mais parce que sa structure continue à se baser sur les minutes. Cette structure remonte à l'époque où le téléphone « courait » sur des fils de cuivre et que l’appel de quelqu’un impliquait qu’il « occupait » fil et central, empêchant par conséquent quelqu’un d’autre d’appeler. Mais aujourd’hui, avec les répétiteurs et les satellites, la disponibilité des lignes est illimitée, sans aucune « occupation » : qu’on téléphone ou non, qu’on reste en ligne une seconde ou deux heures, c’est la même chose. Le seul rapprochement qu’on puisse faire, c’est avec la télévision ou la bande large Internet : peu importe qu’on soit en ligne pendant une seconde ou 24 heures sur 24. En effet, la télévision a sa redevance et Internet ses tarifs flat. D’autant plus que, une fois qu’elles ont mis les répétiteurs en place et loué l’accès aux satellites, les compagnies téléphoniques n'ont plus rien d'autre à faire que de la maintenance.

Un haut dirigeant du secteur m’a dit que pour garantir les investissements, il suffirait d’une redevance raisonnable de 10 € par portable et par mois. Le triple suffirait même à alléger amplement les frais des utilisateurs tout en garantissant de somptueux profits.

Je ne veux pas dire par là que le gouvernement devrait taxer les tarifs, mais qu’il devrait imposer aux compagnies le système d'un tarif flat, quelque chose de semblable à ce qui se passe aux Etats-Unis, où l’abonnement normal comprend un nombre mensuel de minutes gratuites hors de proportion. Cela servirait non seulement à abolir un gain injustifié, une véritable rapine, mais à relancer notre économie : l’argent économisé sur le temps téléphonique finirait dans l’achat de biens matériels qui, eux, requièrent un travail véritable et, par conséquent, la création d'emplois. (…) »

Traduction de l’italien très légèrement accommodée à la française par ImpasseSud