Quand on parle de pollution et de protocole de Kyoto, les regards se tournent immanquablement vers les USA qui continuent à polluer allègrement et sans scrupules, et ont même en projet d’éliminer la dernière loi-barrière, le "Clean air act" qui consentira à 17.000 centrales d'énergie états-uniennes d'augmenter leurs émissions polluantes. Mais pour que le protocole qui impose à 39 pays industrialisés de limiter leurs propres émissions de gaz à effet de serre entre en vigueur, il faut qu’il soit ratifié par au moins 55 pays qui soient responsables, tous ensemble, de 55 % de la masse mondiale des émissions annuelles d’anhydride de carbone et autres gaz à effets de serre. Pour l’instant les ratifications sont au nombre de 110, mais le total de leurs émissions n’arrive qu’à 43,7 %. Les USA qui sont responsables d’un quart des émissions s’étant retiré, c’est désormais de la Russie, responsable de 17 % des émissions, que dépend son entrée en vigueur.
A Johannesburg en 2002 et au récent sommet ONU pour un développement soutenable, elle avait manifesté son intention de le ratifier. En outre, les années 90 ayant vu dans ce pays une désindustrialisation drastique, elle n’aura aucune difficulté à pourvoir, d’ici 2012, à la réduction imposée par le protocole de 5,2% de l’émission des gaz par rapport à 1990. Au contraire, le taux des ses émissions étant déjà inférieur à celui auquel elle aura droit à cette date, elle pourra attirer les investissements et même vendre son pourcentage de « droit excédentaire ».
Et pourtant bien que les milieux d’affaires et industriels de Moscou soient en masse favorable à cette adhésion, à l’improviste le ministère des ressources naturelles et de l’environnement dont dépend la signature tend à retarder cette ratification. Alors qu’en 2001 et 2002 il avait produit de nombreuses études en faveur de la ratification, tout à coup, il prend du temps, demande d’autre enquêtes.
D’après Alexei Kokorin, responsable du Programme climat du WWF en Russie, le ministère en question aurait perdu tout intérêt à propos de cette question quand il a compris que les avantages de la ratification irait au ministère de l’énergie (qui lui y est largement favorable). Mais surtout, il faut savoir qu’en Russie les fonctionnaires gagnent plus, légalement, sur les ordres de projets et d’études qu’avec leur propre salaire : il y aurait donc un intérêt personnel à prolonger les enquêtes.
Et pourtant le temps presse : en décembre prochain les Russes voteront pour renouveler la Douma (le parlement). Il est donc clair que si la Russie ne le ratifie pas dans les prochaines semaines, le Protocole de Kyoto sera mis de côté et renvoyé au parlement suivant qui pourrait avoir autre chose à faire.
(Sources : Il Manifesto)
En attendant le climat continue à faire des siennes.
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Commentaires et Mises à jour :
La Russie donne son accord pour la ratification de Kyoto
Lire l'article paru aujourd'hui sur Le Monde. Il ne manque plus que l'approuvation de la Douma
Lire également cet article paru dans le Courrier International : RUSSIE - Avec Kyoto et Loukoil, Moscou donne des gages à l'Occident
Poutine ne signera pas
"Décevant sérieusement le monde des écologistes, l’UE (qui a protesté par la bouche de Jacques Chirac mais certainement pas par celle du président actuel de l’Union, Silvio Berlusconi), les Nations Unies et tous les types d’organisations internationales, le président russe Vladimir Poutine a encore renvoyé –et il pourrait s’agir d’un renvoi sine die – la ratification de la part de Moscou du traité de Kyoto sur la limitation des gaz à effet de serre. « Nous devons encore y réfléchir sérieusement », a dit Poutine en inaugurant la conférence internationale sur l’environnement qui aurait dû servir, c’est ce qu’on espérait, à annoncer la prochaine ratification. Selon le Président, la Russie, étant un pays froid, n’a pas un grand intérêt à empêcher le réchauffement global du climat terrestre, au contraire. L’absence de la ratification russe risque d’empêcher, ou plutôt empêche de fait l’entrée en vigueur effective du traité signé depuis déjà six ans. »
(Sources Il Manifesto)