« Raspoutine ? Qui était cet aventurier, ce paysan , ce prophète, ce diable, ce bienfaiteur ? Avec ces questions et une grande curiosité, je me suis immergé dans la littérature russe, qui va de la fin du XIXe siècle au début du XXe : en fait de la famille Romanov, du dernier Tsar Nicolas, de la dernière page de l’histoire des Romanov, et, après 300 ans de pouvoir... la fin. Par la faute de Raspoutine ?
J’aimerais bien reparcourir l’Histoire à travers notre voyage de l’Italie à Pokrovskoïe, le village de Raspoutine, et à Saint-Pétersbourg, où on le retrouva mort, une nuit glaciale du mois de janvier.
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Maintenant nous abordons les étapes qui vont vers l’est, vers la Sibérie. Le temps tient, les routes sont bonnes, la police nous arrête continuellement, surtout par curiosité et pour observer nos voitures. Nous visitons Vladimir et Nijni Novgorod où nous nous arrêtons deux nuits.
Le jour suivant, nous interviewons le pope Serafino. Avec beaucoup de difficulté, il nous parle de Raspoutine et il nous le dépeint comme un saint, comme un homme qui volait les riches pour donner aux pauvres. Nous essayons de poser quelques questions, voilées, à propos des femmes du starets, mais il glisse adroitement : il s’agit de fables, inventées pour créer le personnage…
Le temps est échu et nous devons interrompre notre interview. L’air est piquant, le ciel est à la neige : est-ce le ciel russe qui émane un charme tout particulier ou est-ce notre regard qui a changé ?
Il semble que le temps va nous apporter de la neige. Nous atteignons Tioumen et les jours suivants, nous arrivons à Pokrovskoïe, le village de Raspoutine. Un bourbier exceptionnellement profond nous fait comprendre que le temps s’est arrêté. Les petites maisons colorés mais défraîchies ne donnent aucun signe de vie. Un petit market est la seule chose neuve du village.
Notre émotion est grande, notre rêve est en train de se réaliser : nous sommes à Pokrovskoïe, l’endroit d’où le saint homme partit un jour, à pied, pour Saint-Pétersbourg, ou plutôt à la conquête de Saint-Pétersbourg.
Nous cherchons Victor, et nous le trouvons. Il nous emmène dans sa pauvre demeure : il vit avec une tante de quatre-vingt-treize ans, aveugle. La maison a une odeur d’Histoire, de fumée, de vodka, de solitude.
Ce personnage nous raconte son histoire, jure, gesticule, demande une cigarette, nous regarde, mais il n’a pas peur de nos appareils de photo. Il se prend pour quelqu’un, mais peut-être qu’il l’est un peu. Il nous regarde de ses yeux clairs, s’essaie à la pénétration (mais cela, seul Raspoutine savait le faire). Il se coule dans le personnage, prend une pose harmonieuse et se raconte.
Nous parlons environ une heure et nous apprenons, comme je l’avais lu dans un livre d’histoire, que son arrière-grand-mère avait eu une relation avec Raspoutine, et c’est pour cela qu’il y a cette étrange ressemblance, dans son physique, dans ses yeux, dans sa façon de se vêtir, dans son port, dans toute son histoire.
Il est sympathique, et il nous offre des pommes de terre et un verre d’eau. Il nous raconte qu’actuellement il ne travaille pas mais qu’il voudrait travailler parce que sa maison est à moitié détruite et que sa vieille tante et lui-même vivent dans un quart de la maison, si on peut l’appeler ainsi.
Après l’avoir salué de façon chaleureuse, nous le laissons à ses délires, et nous nous dirigeons vers la petite école de Pokrovskoïe, où nous offrons des cadeaux à tous les enfants. La maîtresse se met en quatre pour nous montrer les classes, le réfectoire, le jardin. Quelle tendresse et quelle différence de vie, d’hospitalité, de sourires. Nous prenons note de tout cela, cela fait parti d’un sentiment que nous n’exprimons pas, mais que nous lisons sur nos visages. Nous observons et nous emmagasinons des expériences de vie. Plus tard, elles nous feront du bien, à nous qui nous lamentons sans arrêt et qui avons de tout. Eux, au contraire, ils ont un sourire spontané, transparent qui attendrirait un taureau.
Nous sommes un peu plus tristes, mais la route nous attend. Une petite promenade dans la boue de Pokrovskoïe pour un retour à l’Histoire et pour respirer des parfums antiques… Va savoir si Raspoutine est passé par cette rue. Va savoir s’il a remarqué cet arbre sans feuilles qui semble demander de l’aide. Va savoir… Va savoir…"
(Extrait de “Ural 2002. Alla ricerca di Rasputin”.
Mot-clef : Europe
Commentaires et Mises à jour :
Re: voyage immobile !
Ces jours-ci ce type de voyage est très agréable : pas de bousculade, pas de queues, pas de bagages perdus, pas d'énervement!
Je vais m'en offrir une petite ration :-)))
Photo TCI de Raspoutine
Allez sur le site suivant: www.Transcommunication.org , vous y trouverez la photo TCI de Raspoutine. Raspoutine, mort? humn
voyage immobile !
merci pour cette histoire !
méta.