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Salinger J.D., "L’attrape-cœurs" (1945)
--> Titre original : The Catcher in the Rye

Trois jours avant les vacances de Noël, Holden Caufield, un adolescent américain de dix-sept ans, apprend qu’il va être expulsé de Pencey, son collège, en Pennsylvanie, à cause de ses notes désastreuses. Sans rien dire à personne, mais surtout pas à ses parents dont il craint la réaction car c’est le troisième collège dont il est renvoyé, il décide à l’improviste de partir immédiatement, de rentrer à New York et de passer seul les trois jours qui le séparent du retour chez lui.

Il fait des rencontres de toutes sortes, vieux amis, anciens professeurs, chauffeurs de taxi, religieuses, prostituées : un véritable échantillonnage du New York de l’immédiat après-guerre, mais vu à travers les yeux d’un adolescent…

Car le narrateur, c’est lui, Holden, avec ses considérations et son vocabulaire d’adolescent, sans pitié ni indulgence, et son récit est un mélange contrastant à propos des femmes, du sexe, de l’alcool, des souvenirs de quelques bravades, l’envie de fuir et de changer de vie. Mais il y a aussi l’affection profonde pour sa petite sœur, le souvenir de son frère mort quelques années plus tôt, et surtout les fantaisies un peu folles, l’insécurité et la confusion qui emplissent son âme à l’approche de l’âge adulte qu’il perçoit comme voué à l’apparence et à la corruption. 

 

J’avais entendu parler de ce livre comme d’un « phénomène littéraire »  des années 50, mais, d'après ce que je sais, il rencontre également l’enthousiasme des adolescents d’aujourd’hui. Ce roman est sans âge, toujours actuel vu qu'il traite de la rébellion de l'adolescence. Dommage que la traduction de l’américain qu’en a faite Annie Saumont soit aussi désagréable, entravant la fluidité du récit. Ce livre est paru en 1945, et chaque époque a son propre langage. Un traducteur n’a pas le droit de ne pas en tenir compte. C’est ainsi que quelques mots et expressions désuets comme « épatant », « super-baratin », « formidables », « elle est au poil », « vie du tonnerre » voisinent avec les  « ça me tue » à chaque page, et les « et tout » à chaque fin de phrase qui sont un peu trop récents et absolument exaspérants vu leur nombre. Certains conseillent de lui "préférer la traduction de S. Japrisot, qui date un peu, mais qui a le mérite de rester fidèle à Salinger et Holden bien sûr"..

 

A part cela, ce livre, passé désormais dans la catégorie des « classiques », est à lire, comme le premier de son genre, aussi bien par les adultes qui n'ont pas oublier les affres de l'adolescence que par les adolescents eux-mêmes qui auront l'impression d'avoir trouvé un ami.

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Lundi 6 Septembre 2004, 19:19 dans la rubrique "J'ai lu".

Commentaires et Mises à jour :

Marco-Bertolini
08-09-04 à 08:35

J'en avais entendu parler, mais je n'ai jamais eu autant envie de le lire que depuis que j'ai lu ton article.  Merci, Impasse Sud.

 
tagliamento
08-09-04 à 08:47

Re:

Il est en effet exaspérant de voir arriver ce genre d'expressions en force... Pour ma part, les deux expressions qui me rendent dingue sont: "trop ceci, trop cela" - "oh!! il est trop beau!" - et la suprême abjection est le terme: "kiffer"... De nos jour, on kiffe tout. Et tout le monde kiffe. Quelle horreur.
Pour en revenir au roman - que je n'ai pas lu - si je ne me trompe, il était le livre de chevet de l'assassin de Lennon! Ainsi que d'autres meurtriers. Je ne sais plus très bien où j'ai glâné cette info, peut-être est-elle fausse, d'ailleurs. Sinon, je te conseille, si ce n'est déjà fait, de lire Kerouac... Tu aimeras.

 
ImpasseSud
08-09-04 à 09:23

Re:

Marco, je dois avouer que je l'ai acheté parce qu'en Italie il fait partie des anthologies de certains lycées (15-19 ans). Mais au début, j'ai eu du mal à m'accrocher... à cause du mélange d'argot qui m'indisposait terriblement. Toutefois, au fur et à mesure, ce livre devient attachant de par son contenu. Je regrette de ne pas l'avoir lu en italien, où, paraît-il, le traducteur n'a pas trahi.....
Mais peut-être es-tu capable de le lire en version originale...


 
ImpasseSud
08-09-04 à 09:59

Re: Re:

Weinmann, tu sais déjà combien je suis d'accord avec toi quant à la qualité de l'écriture et à propos de l'importance de sauvegarder sa propre langue. Toutes les époques ont toujours eu leur langage d'adolescent "parlé" , mais la caractéristique de la nôtre, c'est de le faire passer à l'écrit, (surtout en France), ce qui est déplorable. Je voudrais citer un passage d'une interview accordée ces temps-ci au Monde (hélas plus disponible gratuitement) par le philosophe Jacques Derrida, grand défenseur de la langue française :

"... On ne fait pas n'importe quoi, elle nous préexiste, elle nous survit. Si l'on affecte la langue de quelque chose, il faut le faire de façon raffinée, en respectant dans l'irrespect sa loi secrète. C'est ça, la fidélité infidèle : quand je violente la langue française, je le fais avec le respect raffiné de ce que je crois être une injonction de cette langue, dans sa vie, son évolution. Je ne lis pas sans sourire, parfois avec mépris, ceux qui croient violer, sans amour, justement, l'orthographe ou la syntaxe "classiques" d'une langue française, avec de petits airs de puceaux à éjaculation précoce, alors que la grande langue française, plus intouchable que jamais, les regarde faire en attendant le prochain. Je décris cette scène ridicule de façon cruelle dans "La Carte postale" (Flammarion, 1980)."

Pour en revenir au livre de Salinger, l'argot d'un adolescent ne m'aurait absolument pas dérangé s'il s'était agi de celui des années 45/50, car en fait, c'est ce qui fait un peu la singularité du roman qui, sans cela, n'aurait pas cette couleur de spontanéité.

Ce qui me surprend beaucoup, par contre, c'est qu'il ait pu inspirer l'assassin de Lennon ou d'autres meurtriers. Ne confondrais-tu pas avec "Orange mécanique" d'Anthony Burgess? Pour ma part, je n'y ai rien trouvé d'autre que l'intransigeance et parfois la violence verbale (mais pas plus que ça et bien moins qu'aujourd'hui) des adolescents, pour qui tout est blanc ou noir, et cela m'a rappelé bien des sentiments de la mienne.

Quant à Kerouac.... désolée de te décevoir : "Sur la route" m'a terriblement ennuyée :-)


 
tagliamento
08-09-04 à 14:52

Re: Re: Re:

Ah! Voilà qui est chié-chanté!!

Quant au fait que ce livre ait inspiré l'assassin de Lennon, encore une fois, c'est au conditionnel... De plus, rien ne dit que ce bouquin l'ait forcément inspiré. On l'aurait retrouvé sur lui après le meurtre, c'est tout... On monte vite en épingle de banals détails...

Tu n'as pas aimé Kerouac? Tiens, comme c'est étrange...


 
parciparla
28-10-08 à 19:11

Re: Re: Re:

C'est vrai que les "et tout" à chaque fin de phrase, c'est franchement pénible. En dehors de ça, je trouve la traduction pas si mauvaise, mais rien que pour ce détail, on a vraiment envie de fermer le livre.