Le temps n’est pas très beau. La mer est grise, délicatement parcourue par quelques frissons argentés. Pas une seule barque, juste un ferry, au loin, qui traîne sa lourde silhouette. Les eucalyptus tout proches sont ternes, mornes, sans vie. Les collines, indéfinissables, noyées dans la brume, se détachent à peine sur un ciel blanc, aveuglant, autour d’un cercle luminescent. Quelques rumeurs, mais étouffées, comme si la ville avait déjà perdu de sa densité, comme si, en cette vielle de Pâques, elle s’était effritée. Je retiens presque le cliquetis de mon clavier. Un hélicoptère incongru déchire le silence et fait vibrer les vitres. Que peut-il bien contrôler ?
Une bouffée d’air chaud pénètre par les fenêtres grandes ouvertes, timide mais décidée, caressante, enveloppante. Son appel est impérieux. Je me lève et je sors sur la terrasse, dans mes vêtements épais pas encore délaissés, et, à pas feutrés, pour ne pas déranger l’immobilité, j’approche la lumière, la tiédeur, j’offre progressivement mon corps, mon visage à la douceur. Je ferme les yeux et je renoue pour la première fois avec la jouissance estive, comme cernée par des flots lovants, réconfortants. Dans une atmosphère encore sans parfums, je me laisse porter, et lentement, j’entame une brasse imaginaire, sans mouvements brusques, sans clapotis, sans remous, presque sous-marine, laissant mon cœur se gonfler d’un bien-être oublié pendant tout l’hiver.
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Un tout nouveau jour
Ton petit texte est un petit tableau excellent qui représente un jour nouveau, un de ces matins nouveaux comme on les aime, comme on les attend, (qui ne viennent hélas que très rarement). Tu l’as intitulé instinctivement “Samedi saint” comme si tu pensais déjà que ce genre de matin, ne peut être que les prémices d’un jour qui ne peut être que “saint”. C’est à dire un tout nouveau jour... Si je peux me permettre : comme ce fameux jour où Jésus est ressuscité, se montrant pour la première fois à... une femme (elle l’avait tellement cherché !).
Re: Un tout nouveau jour
Si je suis d'accord sur ton premier paragraphe, et qu'effectivement je crois à l'existence, voire même à la nécessité de certaines profondeurs que, justement" j'appelle l' "âme", je diverge complètement du second.
J'ai intitulé mon texte "Samedi saint", uniquement parce que dans notre Occident en majorité chrétien, tout du moins d'origine, le samedi saint est un jour facile à situer dans le temps. Un temps de regain de prières pour les croyants, mais également un temps de vacances ou tout du moins de long week-end pour les non pratiquants, les non croyants, et même pour ceux qui pratiquent une autre religion. En fait, en un deuxième temps, voulant retirer la note religieuse qu'implique mon titre malgré lui, j'ai effacé le "saint", ne laissant que "samedi". Mais mon texte perdait alors une bonne partie de son sens, car les sentiments que j'ai éprouvés ne pouvaient naître qu'un samedi de début de printemps, à la vielle d'un des longs week-end qui vident les villes, mais surtout dans l'atmoshpère qui caractérise l'Itatie à l'approche de Pâques. Alors, je suis revenue à "Samedi saint".
Un peu compliqué tout ça, non? :-)))
du