Deux dames qui se sont connues sur les bancs du collège féminin juif de Sydney, la violoniste Florence Goldin et la psychanalyste Kasha Markovski, se retrouvent vingt-six ans après leur dernière rencontre, dans un bar-restaurant à la mode au temps de leur jeunesse, le Pacific. C’est Florence qui a sollicité cette rencontre, parce qu’elle doit poser une question à son amie. Leur amitié est née après qu’elles aient découvert qu’elles aimaient le même homme, Collin Lamont. Sans qu’aucune jalousie ne naisse entre les deux femmes, dans la vie de Florence, cependant, il y a une obsession, son amour sans écho pour Collin qui, lui, est destiné à épouser Kasha. Après leur mariage Florence a décidé de disparaître de leurs vies.
Ce « roman au féminin » d’un auteur autrichien, que j’ai lu en italien (je ne crois pas qu’il ait été traduit en français), se lit rapidement. Il est construit sur deux longs monologues, où Florence puis Kasha font la lumière sur les sentiments intenses et contradictoires qui ont marqué leur vie. « Ombres » est un roman parmi les jeux d’ombres : les ombres qui se dépeignent sur les visages et qui en disent long, les ombres qui naissent au soleil couchant, les ombres qui sont passées sur ces femmes, dont les vies ont tourné autour de Collin, un soi-disant poète, une figure d’ombres qui domine tout le roman, même s’il est mort depuis quinze ans.
Il n’y a aucune action, mais on est capturé par les deux voix féminines qui apparaissent comme des antagonistes mais deviennent amies, par le voyage dans les profondeurs de la psychologie humaine, par les brefs flash-back sur leurs familles respectives qui, depuis l’Europe, ont émigré en Australie, et parce qu’on espère toujours arriver à la question annoncée par Florence, à laquelle Kasha ne sait pas si elle pourra répondre.
C’est prenant, cela ne fait aucun doute, mais l'expression est sans grande recherche, commune. En fait je n’ai pas beaucoup aimé ce fouillage introspectif dans un domaine aussi classique, parfois ennuyeux et souvent galvaudé, qu'est l’amour sans retour.