Nous sommes tous pareils. Ce qui nous intéresse, en premier lieu, c’est nous-même, même si nous sommes altruistes, amoureux, écervelés ou indifférents, même si nous avons une famille que nous aimons et qui nous aime et de vrais amis sur qui compter. La nature humaine est tellement complexe que parfois nous y perdons notre latin, nous ne savons plus où nous en sommes, nous voudrions que quelqu’un, hors de notre cercle habituel, nous rassure, qu’il nous dise si nous avons raison ou tort, si nous endossons l’uniforme des bons ou des méchants, des gens réalisés ou des ratés, ou encore, si nous avons de bonnes raisons ou des excuses pour être ce que nous sommes, etc….

Alors, cela ne fait aucun doute, le jour arrive où quelqu’un ou quelque chose (cela peut se produire par l’intermédiaire d’une personne, d’une revue, d'un critère de valeur, d’un groupe ou d’un niveau social, que nous estimons), nous signale un test. Sa validité est déjà incontestablement compromise, vu que celui qui l’a conçu a déjà orienté votre réponse par le choix même de ses questions et la façon de les poser. Ensuite, parce que qui vous le propose l’a déjà jugé, lui aussi, selon ses critères personnels. Soit il l’a retenu flatteur pour soi et il a envie de mettre en évidence qu’il se démarque de la masse, soit il l’utilise - et c’est la grande découverte du marché du travail -, afin d’opérer une sélection, non pas sur des critères objectifs de valeur ou de compétence, mais selon le type de personne qu’une entreprise a décidé d’assumer ou qu’un type de société a décidé d’encourager. Et nous voilà pris au piège !

Le dernier piège dans lequel je suis tombée se trouve ici. Croyant, une fois de plus, que j’allais faire une découverte, je me suis lancée. Un peu par jeu, cela va sans dire, mais aussi, parce qu’on y croit toujours un peu. Et bien, il en est ressorti un personnage que je ne connaissais pas, un personnage bien différent de ce que je suis. J’ai découvert ensuite que ce test n’avait d’autre but que d’orienter un choix professionnel. Cependant, les faits sont là, la plupart des professions qu’on me suggère me font horreur et le type de vie qui devrait être le mien est carrément démenti par la réalité. Quelle réalité ? Comment puis-je le savoir ? Tout simplement parce que ma réalité n’est pas toute au futur, mais qu’elle comprend déjà une part de vécu, de passé. Je n’ai rien fait de tout ce que ce test me conseille de faire. Et pourtant, aujourd’hui, je suis la même personne que quand j’avais quinze ans, avec les mêmes caractéristiques. La seule différence, c’est que la vie en a émoussé les contours, changé les aspects, la façon de les exprimer, de les mettre en valeur. Mais les critères de valeur que j’avais quand j’étais adolescente me plaisent encore aujourd’hui, les professions que j’abhorrais alors, je les déteste toujours autant, et mes préférences en matière de relations humaines sont toujours les mêmes. Et même si parfois à tâtons, je sais très bien ce qui me rend heureuse ou malheureuse, je connais mes goûts, mes qualités et mes défauts, je sais ce que je considère réellement important ou inadmissible, et tout cela sans avoir besoin que ce soit un test qui me le dise.

Chaque être humain a son propre ADN, et c’est pour cette raison, mais aussi pour des tas d’autres raisons qui se superposent suivant son vécu, que son caractère est ce qu’il est, avec les milliers de facettes subtiles qui lui sont propres. Alors, comment un test, même élaboré, peut-il tenir compte de tous ces facteurs ? Comment peut-il servir de base pour la construction d'un avenir ? Comment un test pourrait-il en savoir plus sur nous, que ce que nous, nous savons déjà instinctivement ? Chacun d’entre nous ne donne le meilleur de soi que s’il est accepté tel qu’il est, dans un climat de confiance. Toutes les compétences du monde ne peuvent pas remplacer cette simple règle. Alors, surtout ne vous fiez pas aux tests, car ils ne sont jamais innocents. Leur rôle consiste à vous conditionner!