C’est sûrement le livre le plus prenant, le plus séduisant, le plus émotionnant de tous ceux que j’ai lus dernièrement. D’autant plus que même si le portrait de ces sept filles qui ont donné naissance à la population européenne appartient à l’imaginaire, leur existence ne fait plus aucun doute puisqu’elles sont partie intégrante de l’Histoire de l'Homo sapiens racontée à travers les récentes découvertes sur la génétique humaine, en particulier sur l’« ADN mitochondrial » transmis systématiquement, exclusivement et avec une grande stabilité par lignée maternelle, nous permettant ainsi de remonter à nos mères ancestrales. Il faut vraiment remercier Bryan Sykes, scientifique mondialement connu pour ses recherches sur l’ADN et professeur de génétique à l’Université d’Oxford, d’avoir su trouver la simplicité de langage et la forme qu’il fallait pour mettre cette découverte à la portée de tous.
Je m’abstiendrai d'en faire une synthèse,
Ce dont j’ai envie de parler, c’est des impressions, des sentiments et des réflexions qui m’ont envahie au cours de cette lecture, face à ce voile violemment déchiré, car quel peut être le but de la divulgation de la science au niveau du grand public si ce n’est de provoquer une profonde réflexion ?
Tout d’abord, moi qui n’ai pas fait d'études scientifiques approfondies, j’ai été surprise de tout comprendre, au fur et à mesure et sans difficultés. Ensuite j’ai eu l’impression d’avoir sous les yeux la grande famille qu’est le monde de la recherche scientifique fondamentale, avec ses difficultés financières, le travail obstiné de ses cerveaux, les passions qu’il recouvre, la course aux publications, les rivalités, mais aussi l’immense bon en avant que peut permettre, à l’improviste, la découverte d’un chercheur lointain.
J’ai aimé la construction romanesque mais fiable, au sein de chacune des époques de la préhistoire qui fut la leur et, avec leurs bagages respectifs de climat et connaissances, de la vie des sept filles d’Eve, qui, ayant eu chacune deux filles, sont à l’origine des sept clans dont descend toute la population européenne.
Puis, face à la découverte, scientifiquement démontrée à ce jour, que tous les êtres humains appartiennent à 33 clans qui convergent tous vers une seule et unique aïeule, la mère de l’Afrique entière comme du reste du monde, j’ai été heureuse de voir la confirmation d’une conviction intime de vieille date que devraient avoir tous ceux qui ont eu des enfants. (Tel ou tel trait physique ou de caractère, de qui peut-il bien venir ?). Les manuels d’histoire avec « nos ancêtres les…. », « les premiers Américains », « les premiers Australiens », etc…, sans oublier le concept de « race », prennent des coups mortels dont ils ne se relèveront jamais.
La science de demain se retrouve donc face à de nouvelles perspectives. Mais qui aura le dessus des deux tendances que Bryan Sykes met sous nos yeux dans son dernier chapitre : la prise de conscience universelle de l’absence de race avec la naissance de nouveaux sentiments de parenté, ou l’accaparation des gènes, en tant que produits chimiques, par le monde économique des brevets ?
A LIRE !!!!!!! Je dirais même plus : à mettre en tête de liste de tous les programmes de lecture ! Ou, pour ceux qui n'en sont pas friants, voilà peut-être le livre qui leur en donnera le goût car il réunit tous les genres!
Petite note triste : N’ayant eu que des fils, j'ai découvert qu'avec moi s’éteindra une des innombrables branches de la lignée maternelle européenne dont je descends. Idem pour bonne partie de mes voisines et de ma famille qui n’ont eu que des garçons. Voilà que les arbres généalogiques traditionnels basés sur la transmission du patronyme me semblent tout à coup bien surannés.
Commentaires et Mises à jour :
Lien croisé