Autant de questions qui traversent ce roman que certains qualifient déjà de chef d'oeuvre. Au cour d’une agonie qui dure tout un mois, le dernier mois d’août du XXe siècle, Tristano, un homme qui a combattu pour la liberté de son pays sous ce nom, fait venir un écrivain à son chevet pour lui raconter sa vie, une vie qui reflète soixante ans de l’histoire de l’Italie au sein de celle de l'Occident, avec ses tragédies et ses simulacres jusqu'à l'arrivée du dingodingue télévisuel.

Entre la lucidité que donne la fièvre d'un côté, et, de l'autre, les hallucinations causées par la morphine qui calme les douleurs de sa gangrène et par ses violentes céphalées, il n’est pas toujours facile de suivre ce récit qui passe de la première à la troisième personne, bousculé, déformé, entre rêves et réalité, légèreté, profondeur et vérités, où les motifs et les femmes vont et viennent, se superposent. On a soi-même l’impression de flotter puis de se raccrocher, hors du temps comme Tristano qui a en a perdu la notion, sans plus distinguer les moments de la journée, allongé dans sa maison de Toscane derrière les volets clos qui le protègent de la lourde chaleur estivale.

Mais qui raconte cette vie ? Tristano qui raconte aujourd’hui les évènements d’hier ou l’écrivain qui l’écoute, écrit, puis en fera un livre ? Qui témoigne pour le témoin ? Est-il possible de raconter une vie ?

J'ai aimé le style d'Antonio Tabucchi, collé au fil de la narration, tour à tour subtil, débridé, incisif ou rythmé et rimé comme un poème quand il évoque des scènes méditerranéennes.

Un beau livre, à lire dans tous les cas, mais de préférence durant les chaudes journées d'été, pour mieux en saisir l’atmosphère.

P.S. Lire l'entretien avec Antonio Tabucchi réalisé lors de la sortie de ce roman.

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