« Après avoir vu, à la télévision, un documentaire sur le Moyen-âge qui pullulait de tremblements de terre, banqueroutes, disettes, épidémies, tributs, édits, croisades, pirates, frères quêteurs, prophètes de malheur et vieux chevaliers avides de très jeunes donzelles et qui voulaient devenir rois ;
Après s’être aperçu qu’il ne s’agissait pas d’un documentaire sur le Moyen-âge mais de l’édition d’un JT de l'une des chaînes italiennes (la présence d’un tel et de tel autre aurait peut-être dû lui mettre la puce à l’oreille) ;
Après avoir quitté son fauteuil et avoir contrôlé que le pont-levis et la herse – pardon, l’antivol et la grille -, étaient en mesure de résister aux heurts du déferlement des sans-papiers ;
Après avoir posé un heaume – pardon, un casque – sur sa tête pour se protéger des périls de la route, mis un masque sur sa bouche pour se protéger de la grippe porcine (croisée avec la grippe aviaire, on finira par avoir la preuve que les cochons ont des ailes), un imperméable sur ses épaules pour se protéger de la récurrence des violentes intempéries, un gilet pare-balle sur ses parties sensibles pour les protéger des pièges des requins, et piétiné ses scrupules pour se protéger des chantages des quémandeurs à l'oeil humide ;
Après avoir fait tout cela et avoir rédigé son testament, il prit la décision la plus périlleuse de sa vie : il ouvrit sa porte et sortit. »
Traduction très libre de « Tempo di Eroi » de Massimo Gramellini, publié sur La Stampa du
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