Je n'ai jamais vraiment aimé les films de guerre, mais il m'arrivait d'en regarder quelques-uns, de temps en temps, les meilleurs, ceux qui se rapprochent le plus de l'Histoire, dans ses grandes lignes ou dans ses aspects les moins connus. Depuis quelques temps, cependant, non seulement je ne les supporte plus, mais je n'arrive même plus à regarder le lancement des films de ce genre, qu'il s'agisse des films plus anciens qui doivent passer à la télévision ou des tout récents qui doivent sortir dans les salles.
Je les trouve d'une telle stupidité, avec tous les bons et les plus intelligents d'un côté et tous les méchants et les plus bêtes de l'autre, ou dans les meilleurs des cas un unique "bon" dans le camp des méchants, la loi du plus fort, et toujours ce besoin et cette urgence de sauver la planète et le genre humain, d'épargner quelques vies quand on a tout fait pour mettre le feu aux poudres. Ils sont pleins d'arrestations et de détentions arbitraires, d'interrogatoires et de tortures, de bombardements, de villes détruites, de réfugiés en fuite, de gens en larmes, de familles dispersées et d'orphelins, de morts et de blessés, de péril nucléaire, d'armes de destruction de masse, de prisonniers maltraités, etc....
Aujourd'hui nous voyons la même chose dans tous les journaux télévisés, plusieurs fois par jour, et le terrorisme est même arrivé chez nous. Alors comment peut-on encore penser à distraire les gens avec de tels drames ? Est-il encore possible de se délecter de ces histoires, de les prendre pour de la fiction, pour un exemple édifiant ou éducateur?
Qui se souvient encore d'Alì Ismail Abbas, ce jeune Iraquien de 12 ans qui, au cour d'un bombardement américain sur son pays, en mars 2003, a perdu toute sa famille et ses deux bras, reportant de graves brûlures sur tout le corps qui ont nécessité des greffes. Sur le moment, cette histoire a ému l'Occident, et une course à la solidarité s'est mise en marche pour sauver cet enfant qui en l'espace de quelques heures (vive les médias!) est devenu l'emblème des méfaits de la guerre. Aujourd'hui, un an plus tard, Ali, parait-il, fait de gros progrès. Il est l'objet des meilleurs soins dans un hôpital anglais, aux frais de Sa Majesté. Il aura de magnifiques prothèses, du modèle le plus perfectionné, et il est même fort probable que le gouvernement britannique lui fournira un permis de séjour. Ne l'aura-t-il pas payé un peu cher ce permis de séjour? Et tous les autres Ali, alors? Ceux qui ont déclanché cette guerre après avoir créé toutes les conditions pour en arriver là devraient-ils tout à coup se sentir meilleurs? Je ne voudrais pas être cynique, mais quelle belle trame pour un film de guerre! De quoi avoir la larme à l'oeil!
On a projeté des films de guerre pendant plus de cinquante ans parce qu'on vivait plus ou moins en temps de paix. Alors, maintenant que les temps sont à la guerre, ne serait-il pas préférable de passer des films de paix, sur les petits écrans et sur les grands ? Peut-être que cela finirait par donner des idées à quelques-uns.
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