Depuis des années, à partir de début juillet, quand tout le monde commence à aller se baigner, nous, nous éloignons de la ville, vers le sud. Là il y a de nombreuses plages de sable gris, facilement accessibles, libres de toutes constructions, peu fréquentées, même en plein été. Et c’est un vrai bonheur d’arriver dans un havre de silence que seuls le vent, le flux, le reflux et les mouettes se partagent, de planter son parasol personnel pour se protéger de la violence du soleil, de nager dans cette eau cristalline puis turquoise, transparente et de la juste fraîcheur, les collines déjà jaunies derrière soi, avec leurs herbes folles parsemées de pins, de palmiers, d'oliviers, d’eucalyptus, d’agaves en fleurs et de cactus qui se préparent pour l’automne. On a l’impression que le monde vous appartient, que rien ne peut venir troubler ces instants presque parfaits. Parfois, le vrombissement d'une barque de pêche locale, en bois, bleue et blanche, déchire l’atmosphère et trouble la tranquillité de ces eaux d’été, avec, si elle rentre au port tout proche, un homme au gouvernail et un autre couché sur le flanc, dans une position ancestrale qu'on retrouve sur tout le pourtour de la Méditerranée, ou bien, si elle sort, trois ou quatre hommes debout, l’un derrière l’autre, en position de défi, un canot à la traîne. Et bien, cette année, un établissement balnéaire, avec ses chaises longues, ses parasols, sa barrière d’enceinte, son bar et sa musique est venu s’installer sur notre plage préférée. Il s’agit peut-être de quelqu’un qui, grâce une forte recommandation, a réussi à obtenir l'autorisation de se créer un gagne-pain. Mais il ne fait pas son beurre et j’en suis enchantée. Le manque d'argent doit-il toujours être une excuse pour tout gâcher ?

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