Une belle vidéo muette sur fond musical. Seuls quelques cris du cœur écrits… sur cœurs : « We have a dream, L’Aquila », « Je t’aime parce que tu m’as donné la vie », « Je suis un citadin sans cité », « Je pars parce que L’Aquila n’existe plus, mais je reste parce que je veux la reconstruire », « Moi, je reste », « Notre cœur se trouve ici », « L’Aquila n’est pas à moi, elle est aussi à toi », « Je reveux ma ville, ses rythmes, ses habitudes, ses rumeurs : le marché sur la place du centre le matin, les charrettes des horlogers, la pizza de Trippitelli, les mobylettes à San Bernardino. Et les galéjades des petits vieux sous les portiques. Je veux les revivre ». (Furbo di pianola)
La décoration d'un sapin de Noël en plein centre de sa ville détruite, aux Quatre Cantons, sur le cours principal ? Une belle idée de Miss Kappa pour... se rencontrer. Car à plus de 20 mois du violent séisme du 6 avril 2009, écrit-elle sur son blog, « Pour nous, Aquilani, les occasions de nous rencontrer se font de plus en plus rares. Aujourd’hui, je suis allée chez le coiffeur. Un temps, dans une autre vie, il me suffisait de faire 25 pas pour m’y rendre. Aujourd’hui, il s’agit de 25 kilomètres. Chez le coiffeur on voit des gens, on écoute des conversations. Quand je suis entrée, Gampiero, l’un des propriétaires qui avant travaillait en plein centre mais à présent sur une route de la périphérie m’a demandé :
- « Alors, Anna, toi qui sais tout, le centre, c’est quand qu’on nous le reconstruit ? »
- « Je ne sais pas, Giampiero, je ne sais rien, personne ne sait rien ».
Et lui :
- « Ça fait des mois que je ne vais plus au centre ».
- « Moi, le centre, je ne veux plus le voir, ça me fait trop mal », lui fait écho une cliente.
Et de là part un cœur unanime : qu’il s’agisse des clientes ou du personnel, personne ne va plus au centre depuis des mois. C'est trop douloureux. Beaucoup d’entre eux l’ont déjà relégué aux archives, ils se sont adaptés à la nouvelle NON-VIE. Ils se sont adaptés à la désolation de la laideur.
J’ai fait ma harangue habituelle. Je leur ai dit que notre ville a besoin de nous, de nous tous, qu’il ne faut pas l’abandonner. Il ne faut pas permettre qu’on nous l’enlève. Ils sont en train d’essayer, mais nous ne devons pas les laisser faire. Il faut tenir dur, avec les dents. J’ai vu des tas de visages absents, résignés, tristes. Et pourtant il suffit de peu de choses, il suffit d’y mettre le cœur. Le 8 décembre dernier (1), j’ai organisé pour mon association la décoration d'un sapin de Noël sur le Cours principal, aux Quatre Cantons. Et les gens qui sont venus étaient nombreux, très nombreux. Le cours s’est rempli de visages, de sourires, de pleurs, de vie. »
(Traduction de l'italien par ImpasseSud)
Je vais de ce pas laisser des voeux, un mot d'encouragement chez Miss Kappa. Personnellement, je me sens profondément liée à ce drame qu'aucun Italien n'a le droit d'oublier tant que la REconstruction n'est pas repartie.
Bonnes fêtes à toutes et à tous !
Tremblement de terre à L'Aquila en 2009 : tous mes billets de 1 à 28
(1) En Italie, le 8 décembre, fête de l'Immaculée Conception, jour férié, marque le début des fêtes de fin d'année avec la construction des crèches et la décoration des sapins de Noël.
Mots-clefs : Italie, L'Aquila, Planète Terre, Société, Sujets brûlants
Commentaires et Mises à jour :
Re:
Pierre, à l'étranger, tout le monde mesure la politique italienne sur le mètre de son propre pays. Personne ne comprend que ce pays n'est pas gouverné, n'a qu'un gouvernement de façade (dont l'action est réduite aux dramatiques coupes budgétaires tous azimuts et sans critères faites par le ministre des finances Tremonti), un gouvernement qui n'est là que pour servir le premier ministre au doigt et à l'oeil, lequel ne s'occupe que de son bien personnel en s'entourant de courtisans et de prélats et en lavant les cerveaux de la population avec son monopole de médias personnels ou à ses ordres, pour arriver où il veut et surtout pour rester en place pour continuer à échapper à la justice et à gérer ses affaires nationales et internationales comme il l'entend.
Par hasard, aurais-tu vu la vignette de Plantu sur Le Monde du 15 décembre ? Elle est très bien vue : son univers se résume en un seul mot : "combien ?"; dans la chambre à coucher comme à la Chambre des députés, qu'il s'agisse de nombres, de coûts ou de gains. Pour lui, l'Italie n'est que "sa" plateforme, la plus complaisante qui soit, il faut le dire.
Alors pour en revenir à L'Aquila, le post-séisme ne l'a intéressé que jusqu'à quand il a pu y faire, au nom de l'urgence, des affaires fructueuses en dehors des lois tout en soignant sa gloriole. Le dossier ABBRUZZO publié récemment par LIBERA (une importante association créée il y a des années par un prêtre turinois, Don Ciotti, pour combattre la mafia et la corruption sur ses terrains) confirme aujourd'hui que tout n'a été que grosses magouilles pour enrichir sa petite clique, promesses pas tenues : des WC chimiques trois fois trop nombreux et payés à prix d'or, au G8 transfomé en poule aux oeufs d'or pour la clique, aux attributions de travaux sans appel d'offres, à la gestion des gravats et à la disparition immédiate de certains d'entre eux, aux infiltrations mafieuses, aux faveurs à la Curie, aux HLM-CASE payés trois fois leur prix et hors normes qui se déglinguent déjà : problèmes d'eau, d'imperméabilité, de chauffage, d'égouts, etc. qui ne peuvent pas être résolus faute d'argent. Alors à partir de janvier ils devraient passer sous la direction des communes, qui, les caisses vides, vont prétendre un loyer et des charges de personnes encore sans emplois ou au chômage technique. Sans oublier que ceux qui sont encore hébergés dans les hôtels et casernes devront les quitter le 31 décembre.
Et ne parlons pas des ordures de Naples, des écroulements de Pompei, des 25 à 50% (selon les régions) de jeunes au chômage.
Que le petit homme s'en soit encore sorti ce 14 décembre (perso le contraire m'aurait étonnée, car le Parlement n'est plus qu'un marché), c'est un drame, mais le plus grand drame, c'est qu'en Italie, pour l'instant, entre une Ligue du Nord fasciste et séparatiste et une opposition divisée et variable qui ne se préoccupe que de garder sa place, il n'existe aucune alternative valable, crédible ou tout du moins assez substantielle.
Alors, en cette fin d'année, il ne reste plus qu'à s'accrocher aux rites des souhaits, aux gestes traditionnels, dans l'Italie toute entière comme à L'Aquila qui en est devenu le symbole.
Pierre, merci de tes voeux et passe de bonnes fêtes. Que 2011 soit meilleur que 2010, mes meilleurs souhaits de santé et de bonheur pour toi et toute ta famille.
ImpasseSud ?
(Hors sujet)
Permet moi de m'inquiéter de ton absence qui n'est pas dans tes habitudes.
Donne nous vite de tes nouvelles.
Amitiés
Pierre sur son île à 34° !
2012
Chère ImpasseSud
Permets moi de te souhaiter, ainsi qu'à tes proches,
Une bonne et heureuse année 2012.
Que tous tes voeux se réalisent !
à bientôt
Biz
Pierre
Re: 2012
Merci Cher Pierre,
A mon tour de te souhaiter, ainsi qu'à ta famille, une belle année 2012, avec une bonne santé en premier lieu.
Mais que nous réserve-t-elle vraiment cette nouvelle année, en ces temps difficiles ?
Bien amicalement
ImpasseSud
Re: 2012
Chère ImpasseSud
Juste un bonjour de la Réunion au soleil austral à 32°.
Je ne t'oublie pas.
Amitiés
Pierre
Très beau message délivré au travers de ces visages sur un nuage d'espoir de vie, mais qui ne peut masquer leur survie.
Tout aurait pu basculer ce 14 déc 2010 si 3 voix n'avaient pas changé de camp. On prend les même et on recommence...!
L'Aquila est loin des préoccupations du premier ministre, la finance est devenue sa priorité n°1, comme bon nombre de ses homologues européens.
Bravo à ces aquilani pour leur courage et leur volonté à résister à l'oubli général. Mon coeur est avec eux, comme tant d'autres qui ont tout perdu dans le monde et mis de côté par ces mêmes dirigeants qui n'ont pas compris que ces gens là ont largement contribué à leur richesse !
Souhaitons leurs une meilleure année 2011, et à toi aussi ImpasseSud que je n'oublie pas. Que toutes les familles soient unies dans le bonheur !