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Trop, c’est trop!
--> Rapport d’Amnesty International sur la Palestine

Pendant longtemps, je suis restée indécise face au conflit israélo-palestinien, parce qu’il me semblait inextricable, avec de bonnes et de mauvaises raisons de part et d’autre. Mais depuis que Sharon est au pouvoir, depuis que son armée détruit jour après jour le droit à la vie d’un peuple, depuis qu’il rogne un peu plus chaque jour les frontières de la Cisjordanie et suffoque Gaza, depuis qu’il détruit ses cultures et arrache ses oliviers, depuis qu’il asphyxie son économie, depuis qu'il ferme plus ou moins les yeux sur l’envahissements des colons,depuis qu’il sépare les familles et casse des rapports de convivialité séculaires avec son mur, depuis que ses barrages empêchent les Palestiniens de se déplacer, d’aller travailler, d’aller à l’école, d’aller à l’hôpital, depuis qu’il détruit jour après jour les habitations, depuis qu’il envoie sans scrupules des missiles sur les immeubles habités, depuis qu’il a ajouté ses petites clauses à la Feuille de Route qui la rendent presque caduque dès le départ…. depuis…. depuis… je sais qu’Israël a tort et je suis heureuse qu’une bonne partie de ses citoyens s’en rende compte.

 

Le 8 septembre 2003, a publié son dernier rapport sur la Palestine : Surviving under siege: The impact of movement restrictions on the right to work (« Survivre en état de siège : l’impact des restrictions de mouvement sur le  droit au travail »). Il est on ne peut plus clair.
La situation socio-économique de la Palestine est à terre. Si on laisse de côté les violations des droits humains comme la torture et les détentions sommaires dans les prisons israéliennes, les restrictions en cours nient le droit à la survivance de cet Etat. Le résultat de trois ans de barrages, points de contrôle, fermetures des passages et heures de couvre-feux est le chômage, la pauvreté, la malnutrition, les problèmes sanitaires et les carences éducatives. Les Palestiniens ne peuvent plus arriver sur leur lieu de travail et les produits ne peuvent pas être acheminés à destination.

- 60 % de la population vit sous le seuil de la pauvreté (2 dollars par jour), et dépend des aides internationales.

- 50% de la population est au chômage et il n’existe aucun système d’aide de la part de l’Etat.

Et d’après Amnesty, cette situation répertoriée et directement en rapport avec l’occupation israélienne, est à la base de la croissance du radicalisme chez les jeunes Palestiniens, sans perspectives pour le futur.

 

Les moyens utilisés par Israël pour limiter les déplacements des Palestiniens sont variés :

 

1) Israël occupe 40% de la West Bank, mais elle interdit aussi la circulation à tous les véhicules palestiniens sur les routes de la West Bank, routes qu’elle réserve à son usage exclusif. Les Palestiniens sont contraints à utiliser les routes secondaires, mais cela ne signifie pas qu’ils peuvent s’y mouvoir librement car elles sont pleines de barrages, d’interdictions de transit et d’invitations (armées) à faire demi-tour : « Chaque fois que je suis sur la route et que j’aperçois un char au loin », raconte un avocat palestinien, « je peux seulement espérer d’avoir la chance de pouvoir rentrer chez moi et de revoir mes enfants. Si les soldats me tirent dessus, avec ou sans permis, on pourrait me présenter comme un terroriste, et eux, ils resteraient impunis ».

 

2) En ce qui concerne les marchandises, les biens doivent être transférés d’un camion arrêté d’un côté d’un barrage à un autre camion en attente de l’autre côté. Le passage peut prendre des heures, et ceci provoque une hausse des coûts (plus de véhicules, plus de chauffeurs, main d’oeuvre supplémentaire) et la détérioration des denrées périssables. Il en est de même pour les malades qui doivent être transportés d’une ambulance à l’autre.

 

3) Le couvre-feu : les Israéliens programment des permis de quelques heures durant lesquels les Palestiniens peuvent se déplacer, mais ces permis peuvent être révoqués à tous moments. Si quelqu’un contrevient à ces ordres, l’armée est autorisée, comme le souligne le Procureur militaire général « à tirer parce qu’elle opère dans des zones et des circonstances où l’usage de la force est requis. » Le couvre-feu a un impact mortel sur la vie des usines parce que vu qu’il limite le déplacement des travailleurs, il rend, par conséquent, la production impossible.

 

4) Le mur : la majeure partie est construite sur le territoire palestinien de la West Bank. Amnesty accuse : « la terre de cette zone est très fertile, riche en eau, mais la partie la meilleure restera dans la zone israélienne » Qafin, petite ville à l’ouest de Djénine en est un exemple parfait : 60 % des terres cultivables, avec des milliers d’oliviers, n’est plus palestinienne. 90 % des Palestiniens qui travaillaient dans la zone israélienne ont perdu leur emploi car l’érection du mur les empêche de passer.

etc... etc... etc...

 

Ici, je n’ai cité qu’un échantillonnage très réduit des détails fournis par Amnesty dans son rapport. Quand on lit tout,  ça vous coupe souffle, on a même la nausée, et même si on désapprouve fermement les méthodes des kamikazes, on comprend leurs gestes désespérés.

 

Amnesty International, dans ce rapport, reconnaît à Israël le droit de défendre sa sécurité et de réagir dans des situations spécifiques, mais elle y répète à plusieurs reprises que cela ne l’autorise pas à instaurer un système de répression permanent qui nie les droits humains d’un peuple et annule l’économie d'un pays. D’autre part elle demande également au gouvernement palestinien de faire preuve de plus de fermeté et de remettre à la justice les auteurs des attentats.

 

Ahmed Qoreï est depuis quelques jours le nouveau président du Conseil palestinien. Les USA et l’UE lui demandent de faire cesser l’action des kamikazes. Mais, las de ce conflit sans issue, ne finit-on pas par se demander quel peut être le pouvoir d’un premier ministre sur un peuple opprimé, écrasé, affamé, humilié ? Tous les peuples opprimés réagissent de la même façon, depuis la nuit des temps. Seule la diminution ou la disparition de l’oppression peut porter à la disparition du radicalisme.

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Jeudi 11 Septembre 2003, 15:00 dans la rubrique "Les hommes de bonne volonté".

Commentaires et Mises à jour :

Marco-Bertolini
11-09-03 à 18:15

Bonjour Impassesud,

J'avais déjà bien aimé ton texte sur la fête.  Mais celui-ci me touche particulièrement, car tout ce gâchi n'a pas de prix.

Le mur - mur de la haine, de la honte - entre Israéliens et Palestiniens est une vieille idée, d'un certain Jabotinsky, radical israélien que Ben Gourion, premier président d'Israël avait surnommé "Le Hitler Juif".

Malheureusement, Sharon n'a rien à lui envier.

Espérons qu'un jour des hommes de bonne volonté se tendront une main au-delà de ce mur infâme.  Et nous pouvons sans doute les aider à émerger en manifestant notre dégoût face à de tels procédés.

Falicitations pour ce texte engagé.

Marco Bertolini.


 
ImpasseSud
11-09-03 à 21:53

Re:

Marco, merci de ton commentaire.
Des hommes de bonne volonté, il y en a déjà , mais ils n'ont pas beaucoup le droit à la parole. Daniel Baremboim, par exemple, en est un. En as-tu déjà entendu parler?
Ou ces sept femmes israéliennes qui ont créé les Femmes en noir parce qu'elles ne veulent ni tuer ni mourir, mais vivre tout simplement; ou encore Emergency, cette ONG italienne spécialisée dans la chirurgie des victimes de la guerre, depuis peu à Djénine.
Des gens comme ça, il en faudrait tellement.


 
zeemzoom
12-09-03 à 10:04

Trop c'est trop ?

"Trop c'est trop" est aussi le nom d'une publication issue d'une délégation qui s'est rendue en Palestine:

http://www.ldh-france.org/media/agendaManif/lettre_trop_juillet2003.pdf

Stéphane Hessel, organisateur de cette délégation, devrait d'ailleurs etre invité à une conférence à Lyon, à l'ENS Lettres, le 9 octobre 2003 dans le cadre de la quinzaine culturelle palestinienne.

Je participe activement à l'organisation de cet évènement; dans l'espoir de faire entendre la voix des Juifs qui dénoncent la politique suicidaire du gouvernement Israelien.

 
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12-09-03 à 15:38

Lien croisé

Je Blog : "Trop, c’est trop !... par l'excellent ImpasseSud"

 
sarah-k
13-09-03 à 10:20

"Il existe une troisième voie, vivre"

Daniel Baremboim ,les Femmes en noir, David Grossman.... et plein d'autres noms pour dire, qu'il existe une autre voie.
Il existe une autre voie.....

 
ImpasseSud
13-09-03 à 10:54

Re:

Sarah, les gens normaux pensent tous comme les Femmes en noir

 

«Plus d’un demi-siècle de confrontation a fini par développer dans la région un désordre mental quasi incurable. Après toutes ces années, les niaiseux en sont encore à pinailler, après chaque conflagration, sur le point de savoir qui a commencé. Alors que, pour les gens normaux, l’essentiel est d’en finir. », écrit Gaby Nasr dans son billet « Mourir d’espoir » sur  L'Orient-Le Jour de ce vendredi. 

Le langage de l’article est un peu « cru », mais il résume tellement bien la situation.


 
sarah-k
13-09-03 à 15:36

Engrenage funeste

J'ai vu ces images là, dans un reportage ..
Une jeune fille Israélienne amputée à la suite d'un attentat à qui l'on montre les images d'une jeune fille Palestinienne grièvement blessée et devenue aveugle à la suite d'un bombardement.
Chacune a dit de l'autre " Qu'elle aille au diable!"
Deux vies brisées et la haine comme espace psychique, c'est ce que je comprends de cet engrenage funeste.
Si des "Mench*" ne prennent pas les décisions politiques qui s'imposent, cet engrenage continuera à faire son chemin.
Mench: hommes dignes en yiddish

 
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13-09-03 à 17:37

Lien croisé

Je Blog: La loi du plus fort ... : "Trop, c’est trop ! par l'excellente ImpasseSud... "

 
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14-01-04 à 11:26

Lien croisé

MetaCrawler - Search: gaby nasr - MetaCrawler : "dent.asp?faculty=228. Entre mer et maquis - Quand cest trop, cest trop!conflagration, sur le point de savoir qui a commencé. Alors que, pour les gens normaux, lessentiel est den finir. », écrit Gaby Nasr dans son billet « Mourir despoir » sur L'Orient-Le Jour de ce vendredi. Le l"