Au sud de l’Italie depuis plusieurs années, j’ai été heureuse de retrouver l’origine de la tarentelle dans un bel article publié dans Le Monde, "Italie : dans les Pouilles, le village où la danse fait des miracles", car si ce n’est à travers l’expression qu’on adresse à une personne qui a perdu tout contrôle, - « ti ha forse pizzicato la tarantola ? » -, mes connaissances ne dépassaient pas le stade de la fascination. Détails historiques et légende mêlées, l’auteure de cet article a parfaitement saisi l’essence de cette danse qui, avec son rythme, exorcise non seulement un village des Pouilles et non seulement tous ceux qui auraient été mordus par une tarentule, mais tout le sud de l’Italie, de Naples à la Calabre et à la Sicile, du Gargano, l’ergot dans l’Adriatique, à l’extrême pointe du Salento, le talon de la botte. Un accordéon diatonique, une flute, un violon, une cornemuse, une guitare en plus ici et en moins là, mais partout et toujours d’impérieux tambourins qui imposent aux cantilènes un rythme endiablé, qui envoûtent. Minces feuilles de frêne recourbées en cercle sur lequel on a tendu une peau de chevreau, - avant l’invasion de l’économie chinoise, bien entendu -.
Tarentelle ou pizzica pizzica comme on l’appelle dans le Salento, j’aime cette danse. Ce rythme qui s’enchaîne et déchaîne, la volupté qui monte de ces corps sinueux de jeunes femmes aux longues jupes austères, pieds nus, cheveux déliés, un foulard à la main, de ces corps d’hommes et de femmes comme ensorcelés qui ne doivent jamais se toucher. La foule qui se laisse séduire, la foule qui se fait belle, la foule qui commence à danser. Les soucis et les maux chassés par les mélodies répétitives qui s’envolent, le temps aboli, la cadence répétée à l’infini. L’espace d’une fête, d’une chaude nuit méditerranéenne ou pour le simple plaisir, danser jusqu’à l’extrême.
Quelques vidéos : Riturnella, lu core meu, Figlia Figlia, la pizzica pizzica salentina censée guérir les douleurs hystériques causées par les morsures de la tarentelle, dans la rue près d'un feu, la foule qui se déchaîne, un bel extrait du film "Pizzicata" qui décrit tous les aspects de cette danse.
La tarentelle, une danse antique, maltraitée et trahie durant des décennies, mais revenue à la vie et à la vivacité qui lui est propre avec « La notte della Taranta » d’un côté, organisée depuis 13 ans par huit communes hellénophones du Salento, et le « Taranta Power » de l’autre créé en 1999 par le fameux chanteur-compositeur Eugenio Bennato, pour la faire revivre aussi bien en Italie que sur le pourtour de la Méditerranée et dans le monde entier.
Allez! Encore une magnifique tarentelle : Che il Mediterraneo sia avec son texte
Mots-clefs : Méditerranée, Société, Italie, Femmes, Hommes de bonne volonté
