Il y a quelques mois, j’ai arrêté de regarder la télévision. Je ne l’allume plus que de temps en temps, quand un film, un documentaire ou une discussion m’intéressent. Et encore, il arrive souvent que je n’aille pas jusqu’au bout.
En ce qui concerne les films, je trouve les interruptions publicitaires absolument insupportables. Ça enseigne à ne pas se concentrer, et ça gâche tout le plaisir. J’aime beaucoup le cinéma, mais je n’aime regarder les films que si j’ai la possibilité « d’entrer » dans l’histoire, de déconnecter.
Quant aux discussions, il y en a de plus en plus, mais elles sont de moins en moins intéressantes. Les discussions passionnantes, avec des informations exactes et des arguments de valeurs, sans affirmations ou mensonges, gratuits ou aveugles, au service « d’un » pouvoir quelconque, sont devenues exceptionnelles. Chez les gens interviewés, hommes politiques, journalistes, intellectuels ou autres, le goût du « protagonisme » dépasse largement celui des échanges. Désormais on aime les déclarations choquantes, les coups d’éclat, les provocations, les insultes voilées ou réelles. Et si le conducteur n’est pas capable de tenir solidement les rênes du débat et de lui conserver un équilibre et un certain niveau de langage, pour moi la discussion perd peu à peu tout intérêt et se transforme en une pitrerie qui ne m’amuse pas. Michel Foucault ne disait-il pas que le ridicule et le grotesque font partie des engrenages les plus anciens et les plus pervers des mécanismes du pouvoir? A certaines époques plus qu’à d’autres (ou bien est-ce l’effet de la mondialisation de l’information ?), la politique se donne la possibilité de produire ses effets : on discrédite « volontairement et explicitement par l’odieux, l’infâme et le ridicule ». Le fait de se comporter comme un clown ou d’exprimer des idées complètement ridicules n’apporte rien au dialogue en cours. Au contraire, le grotesque et le ridicule mettent en évidence l’impuissance dans laquelle nous nous trouvons face à un pouvoir inévitable et insurmontable. Et cela laisse une impression de nausée et de fatalité difficilement supportables. Quand les guignols sortent des théâtres, le rire se fait jaune.
Cependant, comme j’aime être au courant de ce qui se passe, je me suis donc rabattue sur la presse. Internet a cela de fabuleux, c’est qu’on peut fureter tranquillement chez soi, d’une page à l’autre, d’un journal à l’autre, d’un pays à l’autre. Mais voilà que depuis quelques jours je suis tout à coup lasse de ce côté-là aussi. C’est la même folie partout. Les gros titres du jour, évidemment, mais aussi des nouvelles lancées on ne sait comment, qu’on se repasse (à tour de rôle?), d’un quotidien à l’autre, d’un pays à l’autre, deux ou trois jours après, comme si l’information se nourrissait elle-même. Pollution, guerres, récession ou reprise économique, chômage, magouilles, coût de la vie, scandales, épidémies, délinquance, terrorisme, phobies, mauvaises gestions, mouvements sociaux, oppressions, etc., nous sont racontés un jour à la hausse et le suivant à la baisse, puis de nouveau à la hausse et ainsi de suite, comme s’ils étaient pris dans les tourbillons d’un vent fou et endiablé, dans une danse effrénée, sans aucun doute hilarants vu que la plupart des articles commencent par des mots d’esprit, des phrases humoristiques, surtout quand la nouvelle n’est pas drôle (faites donc un tour d’horizon), que le langage qui suit est ouaté, parfois même minaudé, et que les jeux de mots envahissent les phrases.
On est en train de vivre une époque follement amusante, il n’y a pas à dire. Comment se fait-il que je ne m’en rende pas compte ?
Commentaires et Mises à jour :
Re: Quelles infos ?
Ne pas regarder? Ne pas lire? Mais je n'y arrive pas, j'éprouve le besoin d'être informée.
Au temps de l'information globale, tout n'est en fait qu'un immense pot-pourri. Il y a probablement toute une couche de la population, plus jeune que nous, qui ne se rend pas compte qu'il n'y aucune information sérieuse dans tout ce qu'on nous fournit pêle-mêle, y compris Euro-news. Le sein de Janet Jackson et la pudibonderie des Américains compte plus que toutes les malversations qui mettent les gens sur le carreau, plus que ce qui se passe au niveau de l'Europe, etc., et tout le monde en fait des gorges chaudes pendant des jours, des semaines. L'important, c'est de faire semblant de s'amuser. Le sérieux est obsolète, démodé, rétro, on doit avoir l'air de rigoler du matin au soir.
Que nos gouvernements actuels encouragent cette désinformation, c'est évident, cela lui laisse les mains libres. Mais n'y a-t-il plus personne, plus une chaîne, plus un journal qui ait encore envie de faire, non pas de la politique mais de l'information correcte et bien faite? Notre société est-elle si pourri qu'on ne puisse plus trouver personne pour financer la qualité?
Cautionner? Est-ce le mot exact? Moi, je ne cautionne rien du tout, mais cela importe-t-il à quelqu'un et existe-t-il un moyen d'obtenir quelque chose d'autre?
Re: Re: Quelles infos ?
Excuse-moi pour ce mot à double sens(cautionner). Je voulais dire "approuver sans rien dire" et bien sur je n'approuve pas tout et le dis ouvertement.
Cette "grande" vitrine de l'info où circulent pêle-mêle, ragots, pots de vin, détournements d'argent, potins de la commère, scoop en tous genres, voyeurisme, fausse démocratie avec de fausses élections, circulation de la drogue par tous les moyens, pollution tous azimut, faux mobiles pour de vraies guerres, guerres économiques etc... ressemble à une grande fresque où il faudrait en rire comme tu le dis, et pourquoi pas l'abandonner aux tagueurs. Mais c'est vrai que contrairement aux jeunes, nous sommes conscients que le point de non retour est atteint et que plus rien ne sera comme avant.
Je regardais sur Planète, un reportage suisse sur les sauveteurs en hautes montagnes que j'ai trouvé excellent de qualité. Par contre, j'étais très étonné de voir les dangers qu'ils encourent pour aller chercher, au péril de leur vie, les aventuriers de l'impossible. Le plus surprenant dans tout ça, a été la remarque du responsable. Il comprend aisément que des jeunes en mal d'identité dans les villes cherchent à se surpasser dans les zones interdites en sachant, qu'en cas de besoin, ils seraient secouru. Où est la morale de nos jours, si les enfants n'ont plus de repère? Et ce directeur, a t-il dit cela pour cacher la rentabilité de son entreprise munie d'hélico? Où sont passées nos valeurs ?.
Comment les jeunes perçoivent-ils les infos? Sont-elles, pour eux, de même nature qu'un feuilleton, pour que rien ne les révoltent? Est-ce (encore une fois!) le résultat de tous ces jeux vidéo où tout le monde se tuent et se relèvent dès qu'on rejoue? Certains disent aussi, et ils n'ont peu être pas tord, qu'ils sont surinformés. Trop d'info tue l'info ! Ce peut-être aussi un point de vue? Je suis aussi méfiant, sur ce flot d'infos débitées du matin au soir et qui n'ont plus de sens, sinon faire un bruit de fond. A nous, les adultes, de rester vigilants et savoir faire le tri pour s'informer.
Re: Re: Re: Quelles infos ?
J'avais bien compris le mot "cautionner" dans le sens où tu l'as employé, ma réflexion signifiait simplement que ce mot fait partie de ceux qui sont largement en train de dériver. :-)
Pour le reste, je suis tout à fait d'accord avec toi. Le réponse du responsable du secours en montagne démontre une fois de plus le peu de sérieux avec lequel les gens font certaines considérations. Comment peut-on en arriver à trouver normal d'aller risquer la vie des sauveteurs pour le caprice de quelques excités? C'est dément, comme système et comme raisonnement. A moins que les sauveteurs ne soient tout aussi excités que les excités! On joue avec la vie comme avec les jeux-vidéos, comme tu le rappelais plus haut.
Je crois que les gens actuellement sont en train de devenir indifférents à l'information en général, se contentant de ne prêter une oreille que quand ça les touche de près, eux et la tribu à laquelle ils appartiennent. Alors, si ça ne va pas comme ils veulent, ils descendent dans la rue pour manifester. Mais pendant ce temps-là, tout le reste s'en moque et plaisante... sans que personne ne se décide jamais à prendre conscience sérieusement du cercle vicieux, du manège sur lequel notre société s'est installée... pendant que le capital continue son oeuvre tranquillement... "Des jeux et du sang", comme au temps de la décadence de l'Empire romain.
Quant à être vigilants, je crois que nous le sommes déjà, de part notre vécu, mais si la majorité des gens est satisfaite de l'info-rigolade, que pouvons-nous y changer?
Quelles infos ?
ImpasseSud, ton subconscient, bien élevé, l'emporte sur le visuel et classe, chaque info, dans une catégorie spécifique. Pour toi, comme pour moi, l'info devrait être soigneusement pesée avant d'être émise au grand jour. C'est pourquoi, on ne comprend pas toujours cette humour mal dissimulé derrière des paraphrases inappropriées et parfois, aussi, involontaires et tellement grotesques. On ne joue pas avec l'info!
Mais que dire des Euros News balancées(et je pèse mes mots) en pleine télé, sans retouche, avec un titre écran:"no comments" ?. Est-ce de l'info, de la provocation, du reportage bâclé ou de la prise de conscience d'une réalité filmée sur le tas, et même, dans le tas ?
Après tout, on n'est pas obligé de regarder, mais doit-on cautionner?
Bravo et merci pour ton article.