Quand on commence ce premier roman psychologique d'Italo Svevo, grand auteur italien qu'on aime parfois comparer à Proust, on va jusqu’au bout bien qu'on ait constamment envie de l’abandonner à cause de la lenteur de l'action, qu’on ait souvent la tentation de sauter des paragraphes. On comprend vite qu’il ne faut pas s’y hasarder car cela vous oblige à un retour en arrière, à la recherche de "la" phrase qui éclaire la suite, autrement nébuleuse, voire incompréhensible, tant l'instrospection de notre héros est ample, profonde, tortueuse. Que j’en dise deux mots….
A la fin du XIXe siècle, Alfonso Nitti, fils unique d’un médecin de campagne, a fait des études qui lui permettent d’entrer comme employé à
Je m’arrête là …. . Il faut savoir que l’incapacité de certains êtres humains face à la vie est un thème cher à Italo Svevo, thème qu’il reprendra plus tard dans « La conscience de Zeno ». Ici, le roman avance dans une société à la bourgeoisie et aux tabous féroces, typiques de la fin du XIXe siècle. Certains pousseront donc un soupir de soulagement en pensant qu'aujourd'hui, heureusement, c'est différent. Mais est-ce bien vrai ? Une société qui te contraint à l'étalage forcé est-elle meilleure que celle qui te pousse à la réserve ? Une société qui te pousse à piétiner toutes les valeurs, est-elle meilleure que celle qui conserve des limites à ne pas franchir ? Notre société actuelle est-elle moins hypocrite, ses règles sont-elles moins méprisantes que ne l'étaient celles de nos arrière arrière grands parents ? Est-elle moins cruelle ? Etc...
Qui dit société dit contrainte, et les ingrédients-excuses (vrais ou présumés tels) d'une faillite face à la vie y sont tous et toujours présents. Chacun de nous, s'il veut vivre de façon supportable (ou heureuse, pourquoi pas ?), n'a pas d'autre solution que d'en prendre conscience, naviguant ensuite au mieux de ses possibilités personnelles pour en tirer le meilleur et éventuellement en améliorer quelques bribes. L'erreur, c'est souvent de croire que le pire est une fatalité. Au contraire, et comme dans notre roman très très actuel, ne s'agit-il pas souvent d'un choix intime qu'on se garde bien de formuler ?
P.S. Lire ici un autre résumé-critique assez intéressant.