Aux Etats-Unis, comme l’explique en se vantant Channel One, 12.000 écoles publiques (350.000 classes, un total de 8 millions d’élèves de 6 à 14 ans) sont « formés » en suivant un JT pour enfants produit par ce Netword « éducatif » privé. Durant les cours, il y a deux minutes de publicité toutes les dix minutes. Une grosse affaire pour les écoles (une télécommande coûte moins cher qu’un enseignant), et pour le Network, (8 millions de téléspectateurs obligés à regarder les spots représentent un beau gain possible), mais un véritable vol du savoir et de la dignité pour les enfants hypnotisés par la télé.
Mais Carlotta Maurer, 14 ans, élève d’une école de l’Ohio, a décidé de se rebeller (en 2001). Un beau matin, elle est sortie de la classe en disant qu’elle n’était pas d’accord de regarder la télé et de d’appeler ça « école ». Cela a causé un grand branle-bas dans la hiérarchie de l’institut, alarmée par la rébellion de cette adolescente et on a pris des mesures drastiques. Moitié comme avertissement moitié comme punition, Carlotta a passé une journée au Wood County Juvenile Detention Center, maison de correction de la contée, en fait elle a passé une journée en prison. Inutile de dire qu’elle est devenue une sorte de symbole, la pointe de lance de la protestation, un cas « retentissant ». Mais à vrai dire, ce qui est encore plus retentissant et plus terrifiant, c’est que 8 millions d’enfants américains de l’école publique (ce qu’il en reste) soient instruits par la télé.
Car, selon la morale « libériste », le problème de l’école publique c’est qu’elle coûte sans rien donner. Et pourtant l’école a des tas de choses à vendre : l’accès aux élèves, par exemple, expliquent les publicistes américains, est un bien inestimable, un marché intéressant, immense. Est-ce que ça scandiserait quelqu'un si une grande entreprise donnaient des ordinateurs à l’école, si sur le tapis de la souris il y avait le nom d’un sponsor, si on faisait cadeau des livres et que sur la couverture il y avait une publicité pour des corn flakes ou les visages des stars d’une chaîne de
God bless America ! Avec les désordres qui secouent l’Enseignement publique, ne croyait-on pas avoir déjà touché le fond ? On devrait, paraît-il, pour lutter contre l'obésité naissante, faire disparaître les distributeurs de snacks des écoles publiques françaises. A moins que les vendeurs de snacks se mettent à leurs proposer des financements… Alors il se pourrait bien que nos comptables de gouvernants trouvent la chose intéressante.
(Sources : Il Manifesto)
Mot-clef : Société, USA, Amérique du Nord
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Re:
Ton commentaire vient de me remettre en mémoire un de mes articles parti du succès éclatant, aux USA, d'un livre (ses ventes ont dépassé celles d'Harry Potter) écrit par un adolescent qui justement avait étudié chez lui, probalbment à cause de l'isolement, mais aussi suite aux convictions de sa mère pour la méthode Montessori (qui te plaît aussi, je crois).
D'autre part, j'ai lu à plusieurs reprises, ici et là, qu'aux USA il n'est pas rare que des écoles ferment avant la fin de l'année scolaire faute de fonds.
Pour ma part, je pense qu'il est très grave qu'un Etat trouve inutile de mettre une priorité sur la qualité de l'éducation nationale et publique des générations montantes, c'est de la pure et simple discrimination quand cela ne va pas jusqu'à la négation du droit à l'éducation. Mais ce qui est dramatique, c'est que nos gouvernements européens de droite sont en train de glisser sur la même pente, ne sachant plus raisonner qu'en matière de finances. Le phénomène est général : les dernières réformes (en Italie comme en France) ont transformé les directeurs d'écoles, les proviseurs et même les recteurs en chefs d'entreprise qui doivent, avant tout, faire tourner un budget qui se rétrécit comme une peau de chagrin. D'où les sélections qui écartent parfois les plus capables.