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Vers la vente légale d'organes humains ?

Le trafic d’organes n’est un secret pour personne. Tout le monde a vu au moins une fois un de ces documentaires absolument « terrifiants » qui, remontant les filières, nous découvrent une réalité qui n'a rien à envier aux films d'horreur. Cependant, mise à part  cette illégalité sordide, on ne peut pas faire semblant de ne pas savoir que la demande d’organe augmente sans arrêt et que tôt ou tard il faudra affronter le problème sans détours et peut-être adopter de nouvelles stratégies.

 

Une assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe s’y est intéressée à plusieurs reprises, la dernière en juin 2003. En octobre 2003 le Parlement européen a cru bon de redéfinir ce trafic illicite : « En adoptant une proposition de résolution législative sur l'interdiction du trafic des organes et tissus humains, par 432 voix pour et 25 abstentions, le Parlement s'oppose à leur commerce dans l'ensemble de l'Union européenne. La proposition introduit un élément d'extraterritorialité afin que les personnes qui tentent d'acheter des organes/tissus provenant de ressortissants de pays tiers à l'Union européenne soient considérées comme commettant une activité délictueuse selon le droit européen. » Stephen Freiers en a également fait le sujet d’un de ses films « Loin de chez eux ». L’année dernière, en France, plus de 200 malades sont morts en attendant une greffe, et en Grande-Bretagne, ils ont été près de 400. Chaque année, le nombre de patients qui comparaissent pour la première fois dans les listes d’attente augmente, plus rapidement que celui des donneurs. C’est comme cela que certains médecins de la British Medical Association (BMA), l’organisation des médecins britanniques, a proposé de rendre légale la vente d’organes de la part de personnes vivantes et consentantes, avançant l’idée qu’un paiement augmenterait sans aucun doute le nombre de ceux qui seraient disposées à céder un de leurs reins ou un morceau de leur foie.

 

Le but est clair : sauver des milliers de vie humaines tout en assenant un coup mortel aux marchés clandestins qui n’hésitent pas à faire payer une greffe 100.000 ou 200.000 US$, alors que le donneur n’en reçoit que 2.500 à 3.000. « Vu que le marché clandestin existe, dit le professeur Nadey Hakim de l’Hôpital St. Mary à Londres, pourquoi ne pourrions-nous pas créer un marché contrôlé où qui voudrait donner un de ses organes pourrait le faire à un prix fixe ? Si le donneur se soumet à un prélèvement dans des conditions de sécurité, il ne souffrira pas et il ne courra aucun risque ! » John Harris, professeur de bioéthique à l’Université de Manchester, estime qu’on ne peut pas interdire à une personne saine de céder un de ses organes à quelqu’un qui est malade. « Le service sanitaire national (Nhs) pourrait acheter des organes et des tissus de la même façon qu’il acquiert des machines pour la dialyse ou des drogues. Il pourrait ensuite mettre ces organes à disposition sur la base de l’urgence et selon des principes de distribution équitables. Le patient ne devrait rien payer». Dans les marchés clandestins, les donneurs, gens souvent désespérés et faciles proies du chantage, risquent leur vie durant l’opération. Une loi réglementant les donations permettrait donc d’éliminer la plaie du « tourisme du bistouri », un triste phénomène en augmentation, qui ressemble beaucoup à celui du tourisme sexuel pédophile : « Dernièrement le marché des organes ressemble à celui de la prostitution des mineures. Le monde développé se tourne vers le sud-est asiatique pour avoir un rein tout comme il le fait pour avoir une fillette!  affirme un avocat de l’organisation des droits humains du Penjab.

 

Malgré toutes ces bonnes raisons, la BMA a repoussé la proposition de façon catégorique. Actuellement, la Human Organ Transplants Act en vigueur en Grande-Bretagne interdit d’accepter des organes des personnes qui n’ont aucun droit de parenté, à moins qu’une commission médicale ne donne un avis favorable. Tous les paiements, quelle que soient leur forme sont sévèrement interdits.

 

Il y a longtemps que le débat sur les donations d’organes (et sur leur carence chronique) a commencé, mais chaque pays a ses propres lois. En France, le don d’organes repose sur le « consentement présumé ». En Espagne, par exemple, on a créé des équipes dont la fonction est d’identifier les donneurs potentiels et de s’adresser à leur famille pour obtenir le consentement à la donation. Ce projet fait désormais partie intégrante des programmes de cent hôpitaux, et d’après ses organisateurs, l’Espagne peut aujourd’hui se vanter d’être le pays où on effectue le plus grand nombre de greffes au monde. Les organes sont enregistrés dans une sorte de centrale mise en place par l’organisation nationale pour les greffes. S’il n’y aucune urgence, chaque hôpital peut utiliser les organes pour les cas définis non-urgents. En Grande-Bretagne, le Frenchay Hospital de Bristol, reprenant ce projet, est en train de conclure un programme pilote dont le but était d’augmenter le nombre des donneurs d’organes. Cette idée a été reprise par un certain nombre d’hôpitaux dans tout le pays, et il y a actuellement trente équipes au travail. En attendant, la demande reste toujours supérieure à la disponibilité, car bien que la population soit favorable à la donation d’organes, en réalité il n’y a qu’une personne sur six qui s’inscrit sur les registres nationaux.

 

Le débat reste donc ouvert. Les détracteurs de la proposition des médecins de la BMA dressent une liste infinie de raisons contraires, telles que celle-ci : s’il devient licite de vendre un organe, ne pourra-t-on pas, d’ici peu, vendre également un bras ou une oreille ? Quelle est la frontière à ne pas franchir ? Que faut-il en penser ?

 

(Sources : Il Nuovo, Il Manifesto)

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Samedi 6 Décembre 2003, 17:18 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires et Mises à jour :

Incognito
13-02-06 à 14:54

Lien croisé

Search: trafic organes - Copernic : "30. Entre mer et maquis - Vers la vente légale d'organes humains ?Le trafic d’organes n’est un secret pour personne. Tout l"

 
Incognito
20-11-06 à 10:52

savez vous qu'en belgique les donneurs de sperme sont rénumérés les méres porteuses aussi;donc si on veut vendre un rein ou autre   pourquoi pas

 
ImpasseSud
20-11-06 à 14:06

Re:

Mon billet date de 2003 et je dois avouer que je ne suis pas la question de très près, d'autant plus que, comme le met en évidence votre commentaire posté 3 ans plus tard, l'absence d'une plolitique commune au niveau de l'UE est une autorisation implicite pour chaque pays à faire ses propres choix.
En ce qui me concerne, je trouve cette question terriblement complexe, à examiner attentivement au cas par cas. Le seul impératif, à mon avis, c'est que cela ne débouche pas sur un trafic ou sur la dernière ressource des plus pauvres.

La question que vous posez n'est logique qu'en apparence. Vendre son sperme ne vous enlève rien, louer son utérus ne sous-entend qu'un petit risque provisoire bien calculé qui, après la naissance, vous rend un corps intègre, alors que vendre un de ses reins c'est diminuer de 50 % ses propres probabilités de survie en cas de problème rénal. En général on ne le donne de son vivant que pour sauver un de ses proches. Bien entendu, on peut également le vendre en sous-main ou en retirer une compensation sans que cela se sache. Mais sans aucun facteur d'attachement personnel, qui pourrait bien avoir l'idée de vendre un de ses reins de son vivant si ce n'est parce qu'il y est forcé ou que c'est l'ultime ressource qui lui reste ?


 
kouassi ange
18-07-08 à 14:23

Re: reflexion

vendre son organe n'est pas bien mais si c'est pour rendre service c'est à dire vendre pour donner vie à une personne malade je suis d'accord.


 
Incognito
12-11-11 à 09:35

Re: reflexion

Mieux vaut la mort que la pauvreté= la souffrance et puis la mort...et puis la survie : l'argent et puis la pauvreté la souffrance et la mort et puis l'argent et etc...