Le "bon sens" est une qualité que j'apprécie beaucoup. Les gens qui font preuve de bon sens trouvent presque toujours un terrain d'entente, même si leurs idées sont différentes ou radicalement opposées. Certains diront qu'il peut exister plusieurs définitions du bon sens mais je ne le crois pas, car, justement, le bon sens existe au-delà des idées et des croyances. Le bon sens concerne directement le bien-être élémentaire de l'homme, ses besoins essentiels, comme d'avoir un toit, de quoi se nourrir et des rapports affectifs. Ensuite, il est facile de construire tout le reste sur ces bases, l'homme est tellement inventif et pleins de ressources. Je viens de lire une petite histoire qui va tout à fait dans ce sens.
Motivée par une amie qui avait trouvé en elle la rive idéale où accoster avec tous ses problèmes existentiels, une femme new-yorkaise s'est inventé un nouveau métier: psychanaliste par téléphone à 5 dollars l'appel. Elle a tapissé les magasins de son quartier avec une petite annonce, invitant la population la plus névrotique à se défouler auprès de "Patti, la parfaite inconnue". Elle n'a affiché aucun diplôme universitaire ni aucun don thaumaturgique, mais rien que l'expérience solide d'une femme divorcée avec des enfants à charge. Elle a eu un succès énorme. Sa capacité d'écoute a surpris tous ses interlocuteurs, désormais habitués à une vie où tout le monde parle plus fort pour n'écouter que soi-même. Le bon sens de ses réponses a rassuré une clientèle qui, n'ayant ni l'argent, ni le temps, ni l'envie d'aller s'étendre sur le divan d'un psy pour dépoussiérer son propre passé, se contente de mettre de l'ordre dans le présent. Tout le monde sait que les problèmes d'amour et de travail obéissent à des règles fixes... à moins qu'on y soit impliqué personnellement. Dans ce cas-là on a l'impression qu'il s'agit d'une exception. Il se pourrait donc qu'une parfaite inconnue soit seule capable de vous faire digérer la découverte que, malheureusement, les règles sont valables, même dans votre cas spécifique. Une autre singularité de Patti : elle ne prétend aucun paiement d'avance, mais demande simplement qu'on lui envoie 5 dollars chez elle. et il paraît que les gens paient. (Sources : La Stampa)
En partant de cette petite histoire, on peut se faire plusieurs réflexions :
1) Avoir un gros problème dans la vie ne signifie pas obligatoirement qu'on a besoin d'un psy pour le résoudre.
2) Chacun d'entre nous voudrait avoir, de temps en temps, une oreille inconnue qui l'écoute, lui faisant ensuite les suggestions les plus simples, celles du "bon sens" justement, parce que démunies de subjectivité.
3) Certains de nos problèmes sont strictement passagers, et s'ils doivent absolument finir dans l'oreille de quelqu'un, il est préférable qu'ils finissent dans l'oreille d'un inconnu sans mémoire.
4) La "qualité" d'écoute n'a rien à voir avec un diplôme.
5) Une des choses qui m'étonne toujours chez les Etats-Uniens, c'est cette capacité alliée à la possibilité qui existe outre-Altantique, de s'inventer quelque chose de "bon sens", sans que la loi s'en mêle pour l'étouffer dès le départ. Je n'ose imaginer les dénonciations et poursuites qui se seraient déclanchées en France, pays où on est en train de faire la fête aux soi-disant psy qui ne sont pas DOC, alors qu'ils ne sont nés que suite à la requête d'une partie de la population qui a oublié ce qu'est le "bon sens", alors qu'on laisse le champs libre à toutes sortes de charlatants et à tous les envahissements.
Cependant, je ne peux pas m'empêcher de me poser des questions sur l'avenir de la profession de Madame Patti. Car, hélas, le bon sens n'est pas le sentiment le plus mieux partagé, et c'est bien dommage.
Mot-clef : Société
Commentaires et Mises à jour :
Re:
J'imagine Patti plus informée et plus concrète, plus proche de la vie réelle. Autres temps, autres moeurs... :-)
Re: Re:
Qui continue d'ailleurs à se confesser ? Que savent "nos bons curés" des moeurs de notre temps ? Il serait sans doute intéressant de recenser les péchés que les fidèles livrent à leurs confesseurs pour faire un point sur ce que l'Eglise connait de nos vices
Re: Re: Re:
Que de choses à dire...
L'egocentrisme. Voilà un trés bon sujet, trés contemporain.
;-)
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