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29 octobre 2004 : naissance de la Constitution européenne.

Logo de la Constutuion européenneVendredi dernier, à Rome, les 25 pays membres de l’Union Européenne ont apposé leurs paraphes à la Constitution européenne. Bien sûr, rien n’est encore définitif car, pour chacun d’eux, il s’agit maintenant de ratifier ce qui n’est encore qu’un traité et les divergences ne sont pas des moindres. Pour ma part, cependant, je dois avouer que j’ai été émue par ce premier pas, - très incertain je vous l’accorde, mais il faut bien commencer quelque part -, car je me sens vraiment Européenne, même si, quelques heures plus tard, mon esprit critique n’a pas pu s’empêcher de savourer le ton et partager les réflexions de cet article paru dans la presse italienne :

 

"Bravo ! Bravo ! Belle cérémonie. Saluée par deux files festives de policiers et de carabiniers, la nouvelle Europe est née à Rome, tout comme sa constitution flambant neuve, etc. etc. La mise en scène était de Zefirelli, la transmission était bonne, il ne manquait que la publicité de la colle pour dentier, mais on ne peut pas tout avoir.


Comme tout le monde l’a compris (et même pardonné), les discours étaient de circonstance car l’évènement mérite sa part de rhétorique, et pour un continent qui s’est allègrement déchaîné durant une bonne partie du siècle dernier, ce n’est pas peu dire : D’accord, signons ! Prenons l’engagement de ne plus « nous » entretuer. Ça fait plaisir !

Dans les synthèses laudatives et dans les titres des journaux, ensuite on pouvait lire des phrases à effet, des slogans comme, par exemple, « Désormais les guerres sont plus lointaines », qui sonneront probablement pendant des siècles dans les livres d’histoire, mais qui, dans le cas présent, font plutôt rire. Nous avons finalement une charte des valeurs, et ça, c’est très bien. Mais sans trahir cette charte, un Polonais peut aller faire la guerre en Iraq, un Français peut ne pas y aller, un Allemand peut décider qu’il n’y mettra pas les pieds, même en photo, un Italien peut y aller lui aussi mais en faisant semblant d’aller faire la paix, un Espagnol peut y aller mais ensuite changer d’avis, et un Anglais peut y aller comme support américain. Au pif, je dirais que dans la charte de nos valeurs communes promulguée le 29 octobre en grande pompe il n’y a pas le moindre paragraphe qui soit clair sur cette question. Quelles espèces de valeurs communes avons-nous si l’un de nous peut aller tirer à droite et à gauche avec l’Oncle Sam alors qu’un autre, au contraire, n’est pas d’accord ?

 

Tout est absolument édifiant : la nouvelle Europe fête et remercie Dieu parce que les sales guerres d’autrefois ne reviendront jamais plus, mais pas un seul mot sur les guerres d’aujourd’hui. Les médias eux-mêmes s’ennuient facilement. Les JT choisissent d’autres ouvertures, les programmes d’approfondissement approfondissent autre chose. La guerre est là, comme décors, mais en réalité il n’est même pas sûr que nous soyons en train d’y participer. La nouvelle que le bilan des victimes iraquiennes s’élève à environ 100.000 unités, dues en grande partie aux bombardements aériens, certifiée par les prestigieux chercheurs de la revue Lancet, a eu, sur les médias, un écho moindre que le dernier calendrier cochon ou les derniers faits et geste des footballeurs.

 

Tout cela parce que la guerre – la guerre actuelle – ne fait plus tendance, ne va plus : elle déprime le client, elle freine la consommation, elle cuisine le pessimisme à petit feu, c’est l’ennemie de l’économie. Ceux qui la font sont en train de la perdre, et ils ont tout intérêt à mettre un silencieux. Même les chantres sublimes s’en détachent avec une petite grimace snob, certains se lancent dans la religion, d’autre s’occupent suavement d’autre chose. Ouf, la guerre, ce petit chef si démodé ! Il vaut mieux ne pas en parler, c’est un sujet vulgaire. Sur le décors d’une fiction (le traité) des plus brillantes et d’une réalité des plus dramatiques (les 100.000 morts iraquiens), dans les coulisses italiennes le spectacle était encore moins édifiant avec un président du conseil en crise avec son vice-président à propos de la baisse des impôts, le rejet de Buttiglione [….]

 

Pendant ce temps-là, entre le discours de bienvenu et le brindisi des adieux, les Horaces et les Curiaces, l’Hymne à la joie et tout le reste, aucune étoile n’a pointé dans le ciel du déclin d’Arafat. Pas de danger que le « spumante » descende de travers dans la gorge d’un des chefs d’état européens. Pour ceux qui vont à un repas de gala, les deux commandements fondamentaux consistent à ne pas se tromper de fourchette et à éviter les sujets embarrassants, et c’est la règle que la pompeuse Europe a respecté de façon rigoureuse.

 

Mais pour finir, même si tous ce que fait Zefirelli ressemble à un film en costumes, il s’est agi d’une belle cérémonie, d’une situation enviable et même d’une démonstration solennelle de démocratie pour tout le monde. Dommage que 100.000 spectateurs iraquiens manquaient à l’appel."

Alessandro Robecchi, Il Manifesto. Traduction de l'italien par ImpasseSud

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Mardi 2 Novembre 2004, 15:52 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires et Mises à jour :

ImpasseSud
04-11-04 à 09:28

J'ai souvent l'impression que l'Union Européenne n'intéresse pas grand monde.... Est-ce que je me trompe?
A mon point de vue la date de cette cérémonie a été mal choisie, car le monde avait les yeux rivés sur les USA.

Si vous voulez savoir quelles sont les bonnes raisons qui, de façon inexplicable pour nous, Européens, ont incité les Américains à revoter pour Bush, allez lire ce qu'en dit une Française qui habite au Texas depuis plusieurs années.... Et si vous voulez savoir quel est le niveau de l'information aux USA, lisez le billet du 25.09.04! Après ça, on comprend mieux!


 
Zub
05-11-04 à 07:40

Re:

L'europe de demain sera-t-elle la yougoslavie d'hier et d'aujourd'hui?
La mise en concurrence des salariés des differents pays de l'union européenne est-il le meilleur moyen d'éviter des guerres?
Cette europe, purement et férocement, uniquement capitaliste, profondément anti-démocratique et antisociale, doit être détruite, pour pouvoir en faire une qui sera sociale et démocratique.
Elle n'est pas réformable et la soi disante constitution une fumisterie.

 
ImpasseSud
05-11-04 à 09:04

Re: Re:

> profondément (???????) anti-démocratique et antisociale ?

Je suis d'accord sur le fait que les acquis sociaux de la deuxième moitié du siècle dernier sont en train de se déteriore. Je suis d'accord également sur le fait que la démocratie est en train de perdre des points (surtout du côté de l'information). Je suis même d'accord sur le fait que la Constitution Européenne telle qu'elle est, est difficilement acceptable et comporte bien des lacunes. Enfin, je suis encore d'accord sur le fait que la conjoncture actuelle n'est pas des plus brillantes et je n'aime pas du tout la couleur extrême que la capitalisme a pris depuis quelques temps, mais....
peux-tu me dire où tu voudrais vivre? Hors de la sphère virtuelle de l'utopie, cela va de soi....

Moi je préfère espérer que les gens commencent à se réveiller.... Et les premiers signes y sont déjà...


 
Yann Germain
18-04-05 à 01:21

quelques analyses

Bonjour,

J'ai vu que vous parliez de la Constitution Européenne sur votre Blog. J'ai donc pensé que cela pourrait vous intéresser de lire ces quelques analyses qui expliquent les raisons de voter "non". N'hésitez pas à les envoyer à vos amis pour les convaincre de voter "non" :

* Analyse très complète de la Constitution Européenne


* Réalité de la Constitution Européenne


* Un petit quizz sympa


* La Constitution en 20 questions / réponses


* Analyse de la Constitution par thèmes

 
ImpasseSud
18-04-05 à 15:13

Re: quelques analyses

Merci pour ces liens, mais vous auriez mieux fait de les poster, non pas sur cet article vieux de six mois, mais à l'endroit où la discussion est engagée : Entre le OUI et le NON, une question trompeuse